II. LES RÉSEAUX À L'ÉTRANGER

Si la politique extérieur de la France à l'étranger est placée -en droit tout au moins- sous la seule responsabilité des ambassadeurs, sa mise en œuvre repose sur des réseaux nombreux et variés.

A. DES RÉSEAUX ÉTOFFÉS

Le réseau administratif à l'étranger recouvre 18 catégories d'implantation pour un total de plus de 804 services répartis dans 160 pays. Il est plus ou moins dense, pouvant atteindre jusqu'à 40 postes, comme aux Etats-Unis, ou bien se limiter à une représentation, ce qui est le cas dans 18 pays seulement.

A ce total, il convient d'ajouter 17 représentations permanentes auprès d'organisations internationales.

La répartition géographique de ces réseaux fait apparaître une densité particulière dans certaines zones : l'Afrique, l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord. En revanche, l'Asie et l'Europe orientale sont, pour l'instant encore, moins bien pourvues.

On observera que sur les 28 sections budgétaires qui concourent à l'action extérieure, seules 9 disposent d'un réseau à l'étranger et en financent donc les coûts de fonctionnemnt : les affaires étrangères, la coopération, l'agriculture, les anciens combattants, l'économie et les finances, l'équipement, l'aménagement du territoire, l'intérieur, l'emploi et la solidarité, la défense.

L'ensemble de ces réseaux repose sur les compétences de 15710 agents, dont 42 % en administration centrale et 58 % à l'étranger, les réseaux comprenant plus de 9.000 agents expatriés en 1997.

Le tableau ci-après fournit la répartition des effectifs d'agents expatriés et leur évolution pour 1998.



Composition du réseau administratif à l'étranger

le réseau diplomatique avec les ambassades bilatérales et les représentations permanentes auprès des organisations internationales multilatérales,

le réseau consulaire avec les consulats généraux, les consulats et les chancelleries détachées, ainsi que les sections consulaires d'ambassades, les antennes consulaires et les consuls honoraires,

le réseau des attachés d'armement et de défense du ministère de la défense

pour le ministère de l'équipement :

- les bureaux de la DATAR,

- les conseillers du ministère de l'équipement,

- les services de la mer,

- les bureaux du tourisme.

le réseau du Service de coopération technique international de police,

le réseau du ministère des anciens combattants,

pour le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie:

- le réseau des paieries,

- le réseau des agences financières du Trésor,

- le réseau des postes d'expansion économique.

les conseillers aux affaires sociales.

pour le ministère de la coopération :

- les missions de coopération et d'action culturelle,

- les centres médico-sociaux,

- les missions d'assistance militaire.

les attachés agricoles.

les réseaux relais institutionnels:

- les instituts et centres culturels,

- le réseau de la Caisse française de développement,

- les chambres de commerce et d'industrie à l'étranger,

- les établissements d'enseignement français à l'étranger.

Un redimensionnement des réseaux et un redéploiement dans une perspective pluriannuelle ont été amorcés depuis quelques années. Ces mesures sont préparées et suivies par le comité interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger (CIMEE). Elles répondent notamment aux orientations prioritaires arrêtées par le Président de la République, parmi lesquelles figure le redéploiement vers l'Asie.

B. L'ADAPTATION DES RÉSEAUX

Les redéploiements effectués au sein de l'ensemble des réseaux à l'étranger témoignent d'un souci d'adapter les réseaux aux nouveaux enjeux politiques et économiques, tout en prenant en compte la nécessité de réaliser des économiques budgétaires.

Le réseau du ministère des affaires étrangères poursuit ainsi sa rationalisation en 1998.

Le schéma d'adaptation des réseaux diplomatique, consulaire et culturel, adopté en 1994, connaît sa dernière étape en 1998. Ce programme repose sur le principe d'une forte contraction de certaines catégories d'agents expatriés, en contrepartie de moyens nouveaux permettant notamment la modernisation des outils de fonctionnement et l'amélioration de l'encadrement des postes à l'étranger.

En 1998, le schéma d'adaptation des réseaux conduit à la suppression nette de 107 emplois à l'étranger. Au total, sur les cinq années d'application, la suppression de 600 emplois a permis de dégager une économie globale de 222 millions de francs . Les contreparties accordées ont permis de recruter un auxiliaire local pour deux emplois supprimés, de créer 46 emplois d'encadrement, et de couvrir les besoins liés à la sécurisation des réseaux ou à l'informatisation des outils de gestion.

Les créations, suppressions ou transformations de postes sont retracées dans le tableau ci-après :

Année

Créations de postes

Suppressions ou transformations

1993

- Bratislava , ambassade

- UEO , représentation permanente (Bruxelles)

- OIAC , représentation permanente (La Haye)

- Salonique , consulat général

- Mogadiscio , représentation spéciale (janvier)

- Andorre , viguerie transformée en ambassade

- Skopje , délégué général en mission

- Tbilissi , ambassadeur en mission

- Sarajevo, ambassadeur en mission

- Kaboul , chargé d'affaires en mission

- Canton , consulat général

- Jakarta , consulat transformé en section consulaire

- Kinshasa , consulat transformé en section consulaire

- Bratislava , consulat général

- Mogadiscio , représentation spéciale (juin)

- Gand , consulat

- Jersey , consulat

- Brazzaville , consulat transformé en section consulaire

- Palma de Majorque , consulat

- Saint Sébastien , chancellerie détachée

- Valence , consulat général

1994

- Skopje , ambassade minimale

- Sarajevo , ambassade minimale

- Tbilissi , ambassade minimale

- Achgabat , chargé d'affaires en mission

- Kigali , ambassade (fermeture provisoire)

1995

- Kigali , ambassade réouverture

- Bagdad , ouverture d'une section des intérêts français de l'ambassade de Roumanie

- Chisinau , chargé d'affaires en mission

- Oran et Annaba , consulats généraux (mise en sommeil)

1996

- Moscou , consulat (anciennement section consulaire)

- Chisinau , ambassadeur en mission

- Achgabat , ambassade de plein exercice

- Oulan Bator, ambassadeur en mission

- Asmara , ambassadeur en mission

- Kingston , ambassade

- Freetown , ambassade

- Monrovia , ambassade

- Lilongwe , ambassade

- Florence , consulat général

- Honolulu , consulat général

- Mons , consulat général

- Edmonton , consulat

- San Juan de Puerto Rico , consulat

1997

- Canton , consulat général (réouverture)

- Gaborone , antenne consulaire

- Niamey

- Bâle
, transformation du consulat général en chancellerie détâchée ;

- Venise , transformation du consulat général en consulat honoraire

Ces mouvements de postes ont pour principal objet de compléter la couverture diplomatique de la France dans les Etats de l'ex-URSS et de l'ex-Yougoslavie, grâce à des redéploiements et à des fermetures, principalement en Europe occidentale et en Afrique.

La période 1991-1994, notamment, a été particulièrement riche en créations et transformations de postes en raison du démembrement de l'URSS et de la Yougoslavie : ouverture de 12 ambassades de plein exercice et création de 3 chefs de poste "en mission", débouchant en 1994 sur trois nouvelles ambassades (Skopje, Sarajevo, Tbilissi).

Depuis, la volonté de la France de compléter sa couverture diplomatique dans les Etats de l'ex-URSS s'est traduite par la nomination de chargés d'affaires (1994-1995), puis d'ambassadeurs "en mission" à Achgabat et Chisinau (1996). Deux autres ambassadeurs "en mission" ont par ailleurs été nommés, ultérieurement, à Asmara et Oulan Bator (été 1996).

Cette formule des chefs de poste "en mission", qui a déjà fait ses preuves à Sarajevo, Tbilissi et Skopje, permet d'assurer un certain nombre e contacts politiques et économiques : la présence alternée des chefs de poste dans leur pays d'accréditation et à Paris favorise la connaissance des pays concernés ainsi que la prise en compte des intérêts d'institutions ou de sociétés françaises.

Votre rapporteur approuve cette formule pragmatique de représentation diplomatique allégée, qui mériterait d'être étendue.

Dans la plupart des cas, cependant, la nomination de chefs de postes "en mission" débouche, à plus ou moins longue échéance, sur la création d'ambassades de plein exercice (cf. Sarajevo, Tbilissi, Skopje, et plus récemment, Achgabat).

Les préoccupations de sécurité expliquent par ailleurs certaines décisions : fermeture de l'ambassade à Kigali en avril 1994 et réouverture en janvier 1995, dès le retour de la paix ; mise en sommeil des consulats généraux à Oran et Annaba, et regroupement de tous les services à Alger. Pour des raisons d'ordre politique, d'autre part, une section des intérêts français a été ouverte en février 1995 au sein de l'ambassade de Roumanie à Bagdad.

S'agissant du ministère de la coopération, on peut se féliciter de la réunion des fonctions d'ambassadeur et de chef de mission dans plusieurs pays du champ :

- dès 1996, fusion des fonctions à Praia (ambassadeur et chef de mission de coopération et d'action culturelle) et Bujumbura (n° 2 et chef de mission de coopération et d'action culturelle) ;

- suppression d'un poste de chef de mission en janvier 1997 ;

- suppression de deux emplois de chefs de mission en septembre 1998 ;

- suppression d'un emploi de chef de mission en septembre 1999.

Les réseaux du ministère de l'économie et des finances font également l'objet de mesures de redéploiement.

Le réseau de l'expansion économique est entré en 1996 dans une nouvelle phase, prévue pour quatre ans, de redéploiement de ses effectifs des pays de l'OCDE, où le relais sera pris progressivement par les chambres de commerce et les fédérations professionnelles, et d'Afrique, vers les pays émergents d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique australe et d'Europe centrale et orientale. Cela permettra de dégager une économie nette de 65 emplois budgétaires, dont 27 en 1997 et 19 en 1998.

Le réseau des agences financières poursuit son adaptation en 1996 en fusionnant, deux à deux, quatre postes de conseillers financiers et en créant avec le réseau commercial trois missions économiques et financières.

La modernisation de la gestion de la dépense publique conduit parallèlement à une contraction du réseau de la direction de la comptabilité publique qui se traduit par la suppression de 26 emplois budgétaires en 1998.

Dès 1996, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Porto, Leipzig et Suva, et à l'ouverture d'un poste à Sarajevo et de deux antennes à Bakou et Wuhan ;

- à la création de postes mixtes regroupant les fonctions de consul général et de conseiller commercial, à Houston et Osaka ;

- au regroupement des postes d'expansion économique et des agences financières à Brasilia, Delhi et Pékin ;

En 1997, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Stuttgart, Minsk (Biébrussie), Lusaka (Zambie), Dovala et Windoek (Namibie), et à l'ouverture d'un poste à Achkhabad (Turkménistan) et de deux antennes à Monterrey (Mexique) et La Khobar (Arabie Saoudite) ;

- au rapprochement du réseau de la DREE en Afrique avec celui des missions de coopération et d'action culturelle ;

- au regroupement des postes de conseillers auprès de l'OCDE et du comité d'aide au développement d'une part, de conseiller financier à Londres et de l'administrateur de la BERD d'autre part.

Page mise à jour le

Partager cette page