CHAPITRE III

LA POLITIQUE INDUSTRIELLE

L'activité en 1996 se caractérise par une reprise modérée de la croissance industrielle après le recul du 2 ème semestre 1995.

En tendance, la production industrielle a légèrement progressé en cours d'année. Mais cette tendance a été perturbée par les achats d'automobiles anticipés de l'été en raison de la fin de la prime de qualité, suivi d'un passage à vide dès l'automne.

La faiblesse de la croissance en 1996 s'explique surtout par la poursuite du déstockage en début d'année 1996. Ce déstockage a surtout pesé sur le secteur des biens intermédiaires, principal bénéficiaire des mouvements spéculatifs de 1994. Le principal moteur de la croissance a été la demande extérieure qui s'est renforcée tout au long de l'année. Les importations étant en croissance modérée, le solde de notre commerce extérieur a battu de nouveaux records en 1996 (122 milliards de francs d'excédent). La consommation a augmenté modérément (grâce à une diminution du taux d'épargne dès l'hiver 1996).

La reprise s'amplifie au printemps 1997 et surtout au deuxième semestre. Ainsi, selon l'enquête trimestrielle réalisée dans l'industrie par l'INSEE, les chefs d'entreprise interrogés en octobre 1997 indiquent que la demande en produits manufacturés s'accélère depuis le début de l'année. Elle est désormais jugée très soutenue et ce dans toutes les branches de l'industrie manufacturière. La demande étrangère est jugée très dynamique au cours du troisième trimestre dans toutes les branches de l'industrie manufacturière également. Par ailleurs, les chefs d'entreprise sont optimistes quant à l'évolution des effectifs. Enfin, les achats de matières premières sont restés soutenus ces trois derniers mois et ils devraient rester dynamiques au dernier trimestre.

En croissance de 3% depuis six mois, l'indice de la production industrielle a retrouvé en 1997 le niveau qu'il atteignait en 1990.

L'industrie est le moteur de l'innovation et la principale source de croissance et d'exportations: elle assure 63 % de l'effort de recherche & de développement national et représente 75 % de nos échanges commerciaux avec les pays étrangers. En incluant le BTP, l'industrie représente 27 % du PIB national. Cependant, si l'on tient compte de ses effets induits sur l'économie (achat de services et distribution de revenus), son emprise sur l'économie est supérieure à 50 % du PIB.

Par ailleurs, l'industrie emploie aujourd'hui environ 4,1 millions de personnes auxquelles correspondent environ autant d'emplois indirects. En outre, si l'industrie a perdu environ 600.000 emplois depuis 1990, il convient de constater que 300.000 emplois ont été créés dans le secteur des services aux entreprises, le plus souvent par externalisation d'un certain nombre de fonctions (conception, design, ingénierie, logistique, R&D...).

Enfin, une analyse au niveau mondial montre sans ambiguïté la corrélation entre l'évolution de la production industrielle et le taux de chômage des pays industrialisés : ce sont les pays qui ont connu la plus forte croissance de la production industrielle depuis quinze ans (+ 59 % aux Etats-Unis, + 23 % au Royaume Uni) qui connaissent les taux de chômage les plus faibles.

Au total, l'industrie est au carrefour des problématiques prioritaires de la société française. Non seulement l'activité et l'emploi industriels tirent l'emploi total, mais ils sont un facteur d'intégration et de cohésion social et un élément essentiel d'aménagement du territoire.

Aujourd'hui, la France, 4 ème puissance mondiale, doit poursuivre son effort de compétitivité, consolider son tissu industriel et s'adapter à la demande mondiale par des produits innovants et de qualité.

C'est dans ce contexte général qu'il convient d'examiner l'effort fait par les pouvoirs publics en matière de politique industrielle.

Deux priorités marquent le projet de budget de l'industrie pour 1998 :

- favoriser la recherche industrielle et le développement de la société d'information (2,95 milliards de francs en autorisations de programme) ;

- favoriser le développement des PME et le développement local ;

Par ailleurs, le Gouvernement soutiendra les efforts en matière de normalisation et de qualité et continuera les actions en faveur des mutations industrielles.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des différents crédits de politique industrielle gérés par le ministère de l'industrie.

I. LA RECHERCHE INDUSTRIELLE ET L'INNOVATION

Comme en 1997, les crédits consacrés au soutien de l'innovation, à la recherche industrielle et au développement technologique constituent la priorité du budget de l'industrie , hors énergie, avec, en 1998, près de 20 % du total des crédits.

L'agrégat recherche qui atteint 2,9 milliards de francs dans le projet de budget pour 1998 , en diminution de 0,4 % par rapport à 1997, comprend les crédits destinés, d'une part, à l'Agence nationale pour la valorisation de la recherche (ANVAR), et, d'autre part, aux grands programmes.

A. LA DIFFUSION DE L'INNOVATION DANS LES PMI

L'objectif de la politique technologique du ministère en charge de l'industrie est de procurer aux entreprises françaises les moyens, qualitatifs et financiers de développer leur capacité de recherche et d'innovation.

Par ailleurs, pour les petites et moyennes industries, ont été mises en place des procédures destinées à aider la diffusion de techniques et à leur permettre de les acquérir : micro-électroniques, logiciels, systèmes de production automatisés, matériaux nouveaux...

L'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) est l'instrument essentiel du dispositif du soutien à l'innovation dans les PMI. Elle dispose de moyens permettant de mener en faveur de PME une politique incitative en matière de relations recherche-industrie, de transferts de technologie, de programmes d'innovation. Pour cela, elle s'appuie sur une aide spécifique dénommée aide à l'Innovation.

Ces aides peuvent concerner tous les stades du processus d'innovation et prennent la forme d'une subvention ou d'une avance remboursable dont le montant peut atteindre 50 % des dépenses retenus, sans toutefois pouvoir dépasser 40 % du montant total du programme. Tous les projets dont l'objet d'une instruction décentralisée, et, après avis d'une commission régionale d'attribution des aides, d'une décision par le délégué régional concerné. Pour les programmes les plus importants, la décision est prise par le directeur rétgional de l'ANVAR.

Cinq axes majeurs sont au centre de ses interventions :

- privilégier les technologies-clés ;

- mieux accompagner les entreprises à potentiel de croissance, notamment en termes d'emploi ;

- mettre sa capacité d'expertise technologique à disposition des acteurs publics et privés pour contribuer au développement de l'innovation ;

- faire évoluer les outils financiers pour offrir des financements plus adaptés aux entreprises innovantes à potentiel de croissance, en liaison avec le CEPME et la SOFARIS, et accroître son implantation au niveau régional ;

- mieux mettre en valeur les résultats de la recherche par une meilleure coordination des actions menées au niveau régional.

L'ANVAR participe aussi, en liaison avec les ministères en charge de l'industrie et de la recherche, ainsi que les Conseils régionaux, au soutien des Réseaux de Diffusion Technologique (RDT) implantés dans 20 régions. Ainsi, près d'un millier de prospecteurs sont allés au devant de 13.331 entreprises généralement de secteurs traditionnels. L'analyse des projets fait apparaître que dans près de 60 % des cas, les PME bénéficiaires ont augmenté leur part de marché à l'export et 4 d'entre elles ont même abouti à des premières mondiales.

La subvention à l'ANVAR reste constante à 237,7 millions de francs de même que les crédits destinés au Secrétariat général de la coordination nationale de la procédure EURÊKA (6 millions de francs). La dotation du réseau de diffusion technologique augmente de 2,7 millions pour atteindre 14 millions de francs (+ 19 %).

En revanche, les crédits d'équipement de l'Agence régressent de 2,8 % pour s'établir à 665 millions de francs. Les autorisations de programme restent stables à 840 millions de francs. Sur ce chapitre, les diminutions constatées s'inscrivent dans une tendance générale de baisse des crédits amorcée en 1993-1994.

La diminution importante des subventions à l'ANVAR est conforme aux objectifs du ministère qui souhaite rendre l'agence plus performante est l'amenant à mieux utiliser ses moyens et à fonctionner en meilleure synergie avec les DRIRE.

On observera en outre que les dotations de l'ANVAR ont fait l'objet d' importantes annulations de crédits en 1997. Les arrêtés d'annulation du 9  juillet et du 19 novembre 1997 ont annulé 138 millions de francs en crédits de paiement sur le chapitre 66-02, soit 22 % de la dotation initiale. 97,5 millions de francs ont été annulés en autorisations de programme.

En 1996, l'ANVAR a soutenu 2.989 dossiers pour un montant de 1,3 milliard de francs.

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