C. DES EFFORTS DE PRODUCTIVITE ET D'ASSAINISSEMENT FINANCIER

1. Des efforts de productivité

a) Le résultat net des ports français en amélioration

Le résultat net global des ports maritimes français, positif de 1988 à 1992, était redevenu négatif de 1993 à 1995 .

Le déficit constaté en 1993 (- 42 millions de francs), en raison de conflits sociaux et d'une conjoncture économique morose, s'est aggravé en 1994 pour atteindre 50 millions de francs. En 1994, des résultats négatifs ont été enregistrés au Havre (-17 millions de francs) et surtout à Rouen (-36 millions de francs) en raison de la chute du trafic céréalier.

En 1995, le résultat net global a enregistré un très léger déficit.

Depuis 1995, les ports se sont engagés dans une réduction significative de certains de leurs postes de dépenses , afin de réduire leur déficit d'exploitation. En 1996, le résultat net global des ports autonomes est redevenu positif (87,7 millions de francs) grâce à la progression du chiffre d'affaire du Havre et de Saint-Nazaire.

Le chiffre d'affaire (ou production vendue) des ports autonomes métropolitains, qui regroupe les prestations des services des ports (droits de port, taxes d'outillage, recettes des domaines ou concessions, autres prestations de services) s'est établi à 3,1 milliards de francs en 1996, en hausse de plus de 3% par rapport à 1995.

b) Une modération tarifaire à poursuivre

La décomposition du chiffre d'affaires des 6 ports autonomes montre que la moitié du chiffre d'affaires provient des droits de ports (38% pour le navire, 12% pour les passagers, 1% pour les marchandises) et l'autre moitié comprend les redevances domaniales (13%) et les autres recettes d'exploitation (38%).

Depuis plusieurs années, à l'exception de situations particulières, la tendance générale est à la modération des tarifs portuaires , qui recouvre en réalité des baisses ciblées sur certains trafics. En 1997, de nombreux ports n'ont pas augmenté leurs tarifs : les tarifs des droits de port sont restés inchangés au Havre et à Marseille et ils ont baissé de 4 % à Nantes et Dunkerque (en particulier sur le pétrole brut). De même les tarifs d'outillage sont restés inchangés au Havre, à Nantes-Saint-Nazaire et à Marseille.

Ils n'en reste pas moins que la comparaison avec certains grands ports européens reste défavorable aux ports français : sur la période 1993-1995, le coût moyen des droits de port s'est élevé à 6,27 francs par tonne en moyenne dans les ports autonomes français mais à 3,97 francs par tonne dans le port d'Anvers.

Il semble donc que la modération tarifaire doive être poursuivie, pour rétablir un équilibre de compétitivité sur ce point. Des outils d'analyse, de suivi et de transparence devraient être réunis par la création prochaine d'un observatoire des coûts de passage portuaire.

c) De nouvelles recherches de gains de productivité

Les efforts de productivité ne résident pas seulement dans la modération tarifaire. Ils peuvent être réalisés par l'intermédiaire d'actions partenariales : c'est le cas de l'expérience originale menée par les ports autonomes de Rouen et du Havre, consistant à créer un groupement d'intérêt économique avec pour principal objectif une collaboration entre ces deux ports qui se veulent complémentaires.

Le groupement d'intérêt économique "Rouen-Le Havre"

Le 4 mars 1996, le ministre de l'Equipement, des transports et du logement a procédé à l'installation officielle de la commission interportuaire de la Seine. Cette commission associe les responsables des ports autonomes du Havre, de Rouen et de Paris ainsi que du port de Dieppe, des usagers des différentes places portuaires, des représentants de l'Etat et des collectivités territoriales. Elle est présidée par le Préfet de la région Haute-Normandie. La commission interportuaire a arrêté un certain nombre d'actions à mener conjointement et la décision de créer un groupement d'intérêt économique Rouen- Le Havre a été prise en juin 1996 pour tirer les conséquences de cette démarche.

Le premier bilan de ce rapprochement est le suivant :

1 - rapprochement institutionnel par la création d'une commission bilatérale de concertation sur les sujets stratégiques, et notamment les grands investissements.

2 - concertation dans le domaine technique , notamment :

- la sécurité et la signalisation maritimes : interconnexion des systèmes de surveillance, documents d'aide à la navigation communs, échanges de données,

- l'organisation des dragages,

- l'aménagement de l'estuaire de la Seine : études d'ingénierie communes,

- le développement des outils informatiques pour accélérer le transit portuaire,

- le rapprochement des stations de pilotage de Rouen et du Havre en vue de gains de productivité.

2. Un assainissement financier

Confrontés à des situations financières difficiles, la plupart des ports maritimes ont engagé un effort de désendettement qui a conduit à l'amélioration de leur marge nette d'autofinancement de 20 % par rapport à 1995. En 1996, le niveau de la dette des ports d'intérêt national s'élevait à 1,277 milliards de francs contre 1,315 milliards de francs en 1995, soit une diminution de 2,8%.

Comme le montre la diversité des positions commerciales des différents ports français, la situation financière délicate de certains ports a conduit à mener divers plans de redressement, tant pour les ports d'intérêt national que pour les ports autonomes.

Concernant les ports autonomes , à titre d'exemple, un plan de redressement du port de Rouen a été défini au début de 1997 : le redressement financier devrait passer par une augmentation des crédits du Fonds européen de développement régional (FEDER), la revalorisation des produits issus de cessions domaniales et l'arrêt du recours à l'emprunt.

Parmi les ports d'intérêt national , les ports de Boulogne et Sète sont les plus fortement endettés.

Le port de Sète a dû rééchelonner sa dette à trois reprises, en 1986-1988, 1990 et 1994, et cette dette atteint aujourd'hui 170 millions de francs. Au 31 décembre 1996, le port de Boulogne est endetté à hauteur de 175 millions de francs, le port de Caen à hauteur de 110 millions de francs, Dieppe à hauteur de 90 millions de francs et Bayonne pour 80 millions de francs. Des missions d'expertise sont en cours de manière à définir des plans de redressement pour Sète et Boulogne.

L'endettement des ports français s'explique par leur recours à l'emprunt dans les années récentes, pour financer des investissements qui se sont révélés coûteux en raison de modifications de trafics. C'est le cas du port de Caen qui, ayant recouru à l'emprunt en 1992-1993 pour financer un poste transmanche et la reconstruction du pont de Bénouville, se trouve aujourd'hui endetté en raison d'un retournement de trafic.

Certaines situations peuvent provenir de véritables erreurs de jugement. Ainsi le rapport n°1995-305-1C de la Cour des Comptes, concernant la gestion du port de Nantes-Saint Nazaire, pointe du doigt la construction d'un terminal fruitier mis en service en novembre 1993, exemple d'investissement surdimensionné qui n'a pas rencontré le trafic attendu (7500 tonnes contre 210 000 tonnes annoncées).

Si en 1992, 1993 et 1994, un tiers des investissements dans les ports d'intérêt national ont été financés par emprunt, seulement 12 % l'ont été en 1995, 10 % en 1996 et selon des estimations provisoires, 2 % en 1997.

Dans les ports autonomes, le recours à l'emprunt a été le plus fort en 1994 et 1995 (22 % et 26 % du financement total des investissements) et a tendu également à se réduire au profit d'un financement sur ressources propres.

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