B. LA PRESSE ET LE MARCHE PUBLICITAIRE

Alors que les dépenses publicitaires dans les médias augmentaient en moyenne de plus de 10% par an entre 1982 et 1990, l'année a été marquée par un brusque retournement du marché. Les dépenses ont continué à chuter jusqu'en 1993, où elles ont atteint leur plus bas niveau. Depuis trois ans, elles progressent de nouveau modérément.

Le marché publicitaire s'est retourné en 1991. Entre 1990 et 1993, la baisse a atteint 9%. Elle n'a pas frappé de la même manière tous les médias. En effet, si la presse et le cinéma en ont particulièrement pâti (respectivement - 21% et - 33°%), la radio et l'affichage ont bénéficié d'une amélioration de leurs recettes (+ 6% et + 5%) sur l'ensemble de la période. Cependant, la télévision est le seul média à avoir vu ses recettes publicitaires progresser d'une manière continue au cours de ces trois années (+ 15%). Toute la question est de savoir si cette progression va se poursuivre.

Ces évolutions différenciées ont entraîné un resserrement progressif des parts de marché (PDM). Si la presse drainait 56,2% des ressources publicitaires des médias en 1990, elle n'en attirait plus que 48,5% en 1993. C'est au profit de la télévision que s'est effectuée cette perte de part de marché. En effet, la part relative de l'affichage, de même que celle du cinéma, demeure stable. Celle de la radio varie un peu plus, mais dans une fourchette étroite, de 6,5 à 7,5%. Au contraire, celle de la télévision passait de 24,9% à 31,2%.

En 1996, le marché connaît une croissance modérée pour la troisième année consécutive. Selon les dernières estimations de l'IREP (Institut de recherches et d'études publicitaires), les investissements publicitaires dans les médias confirment en 1996 leur progression de 1994 et 1995: leur volume global devrait atteindre 51,2 milliards de francs en hausse de 3 % par rapport à l'an dernier. Ils dépassent ainsi, pour la première fois, leur niveau de 1990.

Toutefois, le partage des ressources est très différent. La place de la presse diminue chaque année et se situe, depuis 1993, au-dessous du seuil de 50 % de part de marché. La télévision, qui attire le tiers des dépenses publicitaires dans les médias en 1996 pour seulement le quart en 1990, a tendance à capter la part de marché de la presse.

La télévision, l'affichage et la radio bénéficient de ressources publicitaires plus importantes en 1996 qu'en 1990. La presse et le cinéma restent encore au-dessous de ce niveau. En 1996, pour la troisième année consécutive, la tendance générale est à la hausse, excepté pour la radio:

La progression la plus forte concerne le cinéma: après une hausse de 7,9 % en 1995, ses recettes augmentent de 10 % en 1996, passant à 332 millions de francs. Par rapport à 1993, la progression est de 22, la plus importante après la télévision. Ce média occupe toutefois une place assez marginale parmi les grands médias, puisque sa part de marché n'est que de 0,6 DO. De plus, il faut préciser que ses recettes de 1996 sont inférieures de 19 % à celles qu'il avait perçues en 1990.

Sur les deux dernières années, la croissance des recettes publicitaires de la télévision atteint 13 %. Cependant, cette progression est ralentie en 1996 (+ 4,5 % contre une hausse de 7,7 % l'an dernier). Elles s'élèvent à près de 17,5 milliards de francs en 1996,ce qui représente une hausse de 38 % par rapport à 1990. Il y a là un fléchissement dont il faut analyser la portée.

La presse et l'affichage, contrairement aux autres médias, voient leurs recettes augmenter légèrement plus en 1996 qu'en 1995.

L'affichage dépasse enfin, en 1996, 1es 5,9 milliards de francs atteints en 1991. Ses recettes progressent de 3,2 % en 1996 contre 2,2 % en 1995. Sa part de marché est de 11,6%. Les ressources publicitaires de la presse sont de 10 % supérieures à celles de 1993. En 1996, la progression est modérée mais plus forte que l'an dernier: + 2,7 % Enfin, la radio est le seul média dont les ressources baissent en 1996 (- 3 %). Après une augmentation de 5 % en moyenne chaque année (sauf en 1991, année difficile pour tous les médias), elles n'avaient progressé que de 1,2 % en 1995. Il faut cependant préciser qu'à l'instar de la télévision, la radio a perçu en 1995 ses plus importantes recettes publicitaires: 3,7 milliards de francs, soit 12 % de plus qu'en 1990. Ce média attire 7 % des dépenses de publicité.

Les investissements publicitaires dans la presse en 1996. Les recettes publicitaires de la presse sont constituées pour 84% des publicités commerciales et pour 16% des petites annonces. La progression constatée en 1995 est davantage le fait de la publicité commerciale.

Toutefois, le retour à la croissance du marché publicitaire constaté depuis 1994 permet seulement à la presse de rattraper le niveau de recettes atteint en 1992. En 1996, ses ressources sont inférieures de 13 % à celles de 1990. Par catégorie de presse, l'évolution est la suivante : - 37 % pour les quotidiens nationaux - 25 % pour la presse spécialisée - 9 % pour les magazines - 8 % pour les quotidiens régionaux En revanche, les gratuits retrouvent le niveau de 1990.

La croissance des investissements publicitaires constatée en 1996 profite à toutes les catégories de presse, et en premier lieu à la presse spécialisée, où, après une baisse importante et continue depuis 1991 et une stagnation en 1995, ils augmentent de 3,1 %, dépassant leur niveau de 1993. Sa part dans les recettes publicitaires de l'ensemble de la presse est d'environ 15 %.

En revanche, les magazines, qui bénéficient d'une progression soutenue puisqu'ils ont attiré 13 % d'investissements supplémentaires durant les trois dernières années, connaissent un léger ralentissement en 1996: + 3,3 % contre + 3,5 % en 1995 et 6 % en 1994. Cette catégorie de presse rassemble presque le tiers des investissements publicitaires effectués dans la presse.

Les ressources publicitaires des quotidiens régionaux s'accroissent de 2,6 % en 1996 (+ 12 % sur les trois dernières années). Avec 5 milliards de francs de ressources de publicité, la Presse quotidienne régionale attire 21 % des investissements presse, ce qui la situe au même niveau que les gratuits.

Si les recettes de la presse gratuite ont décru en 1991 et 1992, cette diminution a été moins forte que pour les autres catégories de presse. En 1996, avec une progression de 2,2 %, les gratuits retrouvent le niveau de recettes qu'ils avaient atteint en 1990.

Recettes publicitaires des grands médias (1)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996 (e)

Presse (2)

28 490

26 340

24 890

22 430

23 370

23 977

24 626

Télévision

12 600

13 364

14 304

14 450

15 505

16 704

17 456

Publicité extérieure (3)

5 840

5 900

5 836

5 550

5 745

5 871

6 059

Radio

3 346

3 180

3 350

3 558

3 700

3 744

3 632

Cinéma

409

311

320

272

280

302

332

Total

50 685

49 095

48 700

46 260

48 600

50 598

52 104

(1) Les recettes publicitaires s'entendent dégressifs déduits et commissions d'agences et régies incluses. Elles comprennent les petites annonces.

(2) y compris petites annonces et publicité locale

(3) affichage sous toutes ses formes


Enfin, les quotidiens nationaux connaissent en 1996 une progression plus faible que les deux années précédentes (+ 0,9 %). Leurs ressources publicitaires atteignent 2,3 milliards de francs. Cette catégorie de presse a été tout particulièrement affectée par la chute des investissements publicitaires de 1991 à 1993. Leur part relative, qui était de 13 % en 1990, n'est plus aujourd'hui que de 9,6 %.

Après trois années de baisse consécutives, le marché publicitaire a donc amorcé une reprise en 1994, qui se confirme, d'une manière modérée, en 1995 et en 1996. En termes de part de marché, la télévision accentue sa présence, au détriment de la presse et de la radio.

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