EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le mercredi 12 novembre 1997 sous la présidence de M. Adrien Gouteyron, la commission a examiné le rapport pour avis de M. Jean-Paul Hugot sur les crédits de la communication audiovisuelle inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998.

Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.

M. Michel Pelchat a posé la question de l'évolution du système de la redevance. Les futurs modes de réception des programmes de télévision, tels que les moniteurs d'ordinateurs, n'y seront pas soumis. Or l'avenir de l'audiovisuel public serait compromis si la redevance était remplacée par des ressources budgétaires.

Il a porté un jugement critique sur le rapprochement des fichiers de la taxe d'habitation et du fichier de la redevance, estimant que les prévisions de recettes supplémentaires attendues de ce rapprochement ne seraient pas réalisées et qu'il en résulterait nécessairement une augmentation de la part de la publicité dans le financement des budgets des organismes publics en 1998.

Il a estimé que l'application anticipée de la fusion de la Sept Arte et de La Cinquième, avec la nomination d'un président commun, avait créé une situation juridique extravagante, spécialement concernant le statut du personnel.

Il a regretté que rien ne soit fait en faveur du développement de la diffusion hertzienne terrestre numérique, du développement de la radio numérique, de l'amélioration des conditions de fonctionnement du CSA, du câble, estimant que l'absence de prise en compte de ces problèmes à l'occasion de la procédure budgétaire traduisait une regrettable carence du Gouvernement.

Mme Danièle Pourtaud s'est félicitée de l'augmentation de la part des ressources publiques dans le financement des organismes audiovisuels et a espéré que le Sénat soutiendrait cette évolution. Elle a exprimé sa surprise à l'égard de la critique par le rapporteur pour avis du traitement favorable réservé à La Cinquième et la Sept Arte, estimant qu'il s'agissait d'un rattrapage des mesures qui avaient frappé les programmes de ces chaînes dans le budget de 1997, et que les sommes supplémentaires allouées l'année prochaine seraient directement répercutées vers le secteur de la production.

Elle a rappelé, pour le regretter, que le précédent Gouvernement avait anticipé dans le budget de 1997 une fusion qui n'avait été ni débattue ni votée par le Parlement.

Elle a justifié la poursuite de la réflexion du Gouvernement sur le contenu du projet de loi sur la communication audiovisuelle annoncé, en mettant en avant la nécessité d'étudier de façon approfondie, compte tenu de l'ampleur des enjeux, les mesures à prendre. Elle a estimé que dans ces conditions le report du dépôt du projet de loi était justifié.

Elle a enfin relevé quelques insuffisances dans le projet de budget, en particulier l'absence de mesures nouvelles permettant à France 2 et à France 3 de poursuivre le développement de chaînes thématiques telles que la chaîne des régions, et elle a exprimé son accord sur la nécessité de réaliser une programmation pluri annuelle des ressources afin de faciliter le développement industriel des organismes publics.

M. André Diligent a demandé au rapporteur pour avis si les encaissements de recettes publicitaires de France 3 étaient très en retard par rapport aux prévisions. Il a regretté que les mesures d'audience n'aient pas une dimension qualitative, et il a enfin estimé qu'il serait utile d'effectuer une véritable " mise à plat " de l'ensemble des problèmes posés par l'évolution de l'audiovisuel public.

Mme Danièle Pourtaud , reprenant la parole, a demandé s'il était légitime que les chaînes hertziennes privées en clair soient diffusées par satellite de façon cryptée et où en étaient les négociations en cours pour la conclusion d'accords de " simulcrypt ".

M. Michel Pelchat a estimé qu'à cet égard la solution idéale serait que les chaînes publiques diffusées par satellite puissent être reçues avec une seule parabole.

En réponse aux questions des intervenants, M. Jean-Paul Hugot, rapporteur pour avis, a présenté les observations suivantes :

- les interventions des membres de la commission ont montré que la présentation d'un projet de loi modifiant la loi sur la liberté de communication revêtait un caractère d'urgence ;

- l'évolution du régime juridique de la redevance va poser des problèmes difficiles avec la diversification des modes de réception des programmes télévisés. D'ores et déjà, le Gouvernement allemand a exonéré les écrans d'ordinateurs de la redevance ;

- le rapprochement des fichiers de la taxe d'habitation et de la redevance a été autorisé en 1996 ; il semble avoir eu un effet positif sur l'assiette de la redevance ;

- le rapport Bloch-Lainé sur l'audiovisuel public avait préconisé la réalisation d'économies dans les budget d'Arte et de La Cinquième grâce à la meilleure circulation des programmes à l'intérieur de l'ensemble du secteur public. Cette orientation n'a guère été suivie ;

- le développement du câble et la révision des pouvoirs du CSA mériteraient des initiatives rapides, c'est cependant une question qui déborde le cadre de l'examen du projet de budget, ce qui ne fait que confirmer l'urgente nécessité d'un projet de loi sur la communication audiovisuelle ;

- la part de financement public des organismes audiovisuels baissera en fait en 1998 de quelques dixièmes de points par rapport à 1997 ;

- les négociations sur le " simulcrypt " progressent entre les opérateurs intéressés sans que la commission dispose d'informations sur leur degré d'avancement ;

- le président de France Télévision a indiqué que les recettes publicitaires de France 3 avaient fortement fléchi par rapport aux objectifs budgétaires jusqu'à ces dernières semaines. Un rattrapage semble cependant se profiler ;

- l'élaboration d'un audimat " qualitatif " est une revendication ancienne des chaînes à faible taux d'audience. Cette question pourrait faire l'objet d'une réflexion plus approfondie que cela n'a été le cas jusqu'à présent ;

- une mesure nouvelle de 15 millions de francs est prévue dans le budget de Radio France en faveur de la radio numérique DAB (digital audio broadcasting) ;

- un audit est en cours sur le contenu et les perspectives de la radio pour les jeunes de Radio France.

Mme Danièle Pourtaud a précisé à cet égard, en qualité de membre du conseil d'administration de Radio France, que le développement de la radio pour les jeunes était actuellement limité par la difficulté de trouver de nouvelles fréquences et par celle d'augmenter un budget qui atteint déjà 25 millions de francs.

M. Jean-Paul Hugot, rapporteur pour avis , a noté que le rapport Bloch-Lainé avait mis en évidence la difficulté qu'éprouve Radio France à redéployer ses moyens vers des actions nouvelles.

Au terme de cette discussion, la commission a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits de l'audiovisuel public pour 1998.

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