C. LE DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES NOUVELLES À L'ÉCOLE

Depuis plusieurs années, votre commission est sensibilisée à la nécessité de développer les nouvelles technologies d'information et de communication à l'école.

En témoignent l'intérêt porté par certains de ses membres, notamment M. Pierre Laffitte, à ce thème et certains rapports récemment publiés : celui de M. Alain Gérard (Multimédia et réseaux dans l'éducation) présenté au Premier ministre et celui de M. Franck Sérusclat au nom de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Rapport sur les nouvelles techniques d'information et de communication : de l'élève au citoyen).

1. Les modalités du programme de développement des nouvelles technologies

a) Dans les écoles élémentaires

Les nouveaux programmes de l'école primaire insistent sur l'intérêt de l'ordinateur dans l'enseignement des différentes disciplines et en particulier dans l'acquisition de la maîtrise de la langue.

Il revient cependant au maître de choisir et d'intégrer l'outil qui lui semble le plus approprié à sa pédagogie, à la conduite de sa classe, mais aussi aux compétences à faire acquérir au cours de chaque cycle de l'école primaire.

La recherche d'information sur le WEB, plus laborieuse et plus coûteuse, est parfois effectuée dans le primaire, mais le plus souvent hors ligne après " capture " par le maître d'un nombre suffisant de pages qu'il aura lui-même récoltées.

Une autre formule peut résulter de contributions réparties entre écoles s'associant à un projet éditorial commun et conduisant plusieurs classes à produire des pages WEB.

Sur le plan de l'organisation, l'ordinateur installé en permanence au fond de la classe semble s'accorder le mieux avec les usages scolaires et la polyvalence du maître.

Par ailleurs, les nouvelles technologies ont été introduites avec des résultats spectaculaires dans le secteur de l'éducation spécialisée.

Depuis 1991, des efforts ont été engagés sur la formation des enseignants aux technologies nouvelles et à leur utilisation pédagogique. Des instituteurs animateurs en informatique ont pour mission d'aider les enseignants à intégrer l'usage des technologies nouvelles dans leur pratique pédagogique. Leur effectif correspond à un taux de couverture d'environ un maître formateur pour deux circonscriptions d'inspection.

- L'équipement disponible

En juin 1996, près de 60 % des écoles primaires étaient équipées d'une salle informatique comprenant un ou plusieurs ordinateurs.

Les communes ayant en charge l'équipement et le fonctionnement des écoles élémentaires, les crédits affectés sur le budget de l`Etat au développement de l'informatique concernent uniquement les actions de formation des enseignants et l'équipement des établissements spécialisés.

La dernière enquête (1992-1993) de la DEP évaluait déjà à plus de 50 % le nombre d'écoles équipées de magnétoscopes. Par ailleurs, 80 % des écoles disposent d'un téléviseur : les 60.000 vidéocassettes de langues vivantes diffusées, entre 1995 et 1996 dans les classes de cours élémentaire témoignent du niveau d'équipement atteint.

En outre, on peut estimer que quelque 400 écoles primaires disposaient d'une adresse Internet en juin 1997, ce nombre devant atteindre le millier en 1998. Plus d'un tiers d'entre elles sont intégrées dans un plan académique, départemental ou local.

- Les perspectives de développement

Depuis plusieurs années, la direction des écoles privilégie le développement des produits utilisables en ligne et hors ligne et la diffusion des pratiques pédagogiques appuyées sur ces technologies. A des opérations massives d'équipement en matériels, la direction des écoles préfère la valorisation des actions et des contenus pédagogiques.

Comme il a été dit, l'édition du Cédérom " Pédagogie de la lecture ", banque de données multimédia, constitue un encouragement à la diffusion des pratiques conduisant à la réussite de la maternelle à la classe de 6e. En accompagnement du Cédérom et des premiers raccordements d'écoles à Internet, un service " Pédagogie de la lecture " est ouvert sur le serveur Internet du ministère de l'éducation nationale qui permet, depuis janvier 1997, d'accéder aux programmes de l'école primaire et de signaler les innovations dans le premier degré.

En association avec le CNDP, ce service offre aux quelque 400 écoles raccordées à Internet, une information sur les usages du Cédérom et les plans académiques commencent à intégrer les besoins des écoles primaires.

b) Dans les collèges et les lycées

- Les programmes

La réforme des collèges a entraîné une refonte des programmes de technologie et l'informatique a été introduite dans l'enseignement de la technologie pour tous les élèves.

Pour la classe de 6e, le programme " traitement de l'information textuelle " a pour objectif de conduire l'élève à l'utilisation du micro-ordinateur et des fonctions de base d'un logiciel de traitement de texte dans le respect de la langue française et des usages.

Pour le cycle central, le programme comporte une partie " technologie de l'information " : à la fin de ce cycle, tous les élèves auront bénéficié d'une pratique élémentaire de l'ordinateur.

Un texte est en cours d'élaboration visant à préciser les compétences documentaires à développer chez les élèves de collège : une place importante y est faite à l'exploitation des nouvelles technologies, et particulièrement d'Internet.

En ce qui concerne les lycées, sont proposés au titre d'options facultatives, des enseignements dont l'objectif est de permettre aux élèves d'utiliser les équipements informatiques dans l'enseignement des disciplines et dans leurs travaux personnels. Le programme comporte également un domaine intitulé " informatique et monde contemporain ".

- La mise en place de nouvelles ressources informatiques : les réseaux de communication et le multimédia

Le projet de mise en réseau des lycées, collèges et écoles à travers Renater et l'accès à Internet a été élaboré par le ministère dans le cadre de l'appel à proposition du ministère de l'industrie sur les autoroutes et services de l'information, lancé au début de 1995.

L'objectif visé consiste à mettre à la disposition de tous les élèves et de tous les enseignants, de nouveaux outils et services liés aux autoroutes de l'information. Il se situe dans le prolongement des actions engagées pour l'usage des technologies nouvelles.

Il s'agit en particulier :

- de faciliter l'accès des enseignants aux ressources multimédia internes et externes à l'établissement, réparties sur les grands réseaux de communication nationaux et internationaux ;

- de diffuser des pratiques pédagogiques s'appuyant sur les technologies nouvelles et des productions pédagogiques locales, académiques et nationales ;

- de favoriser la communication entre les classes et la prise en compte, à travers les échanges linguistiques et culturels, de la dimension européenne dans l'enseignement ;

- de développer de nouvelles méthodes de travail s'appuyant sur le travail coopératif et la mise en commun de ressources et de compétences entre les enseignants et les établissements ;

- de favoriser le développement de télé-services.

En 1995/1996, des plates-formes d'accueil s'appuyant sur la technologie de l'Internet et plus particulièrement sur le réseau RENATER ont été mises en place dans les treize académies impliquées dans la phase expérimentale du projet. Cette phase a permis à cinq lycées, collèges ou écoles de disposer d'un accès au réseau ainsi qu'aux ressources développées au niveau académique et national, avec les établissements publics (CNDP, CNED et ONISEP) ou en partenariat avec de grands organismes culturels et scientifiques (CNES, INSERM,...).

En 1996/1997, toutes les académies ont rejoint le dispositif expérimenté par ces treize académies.

L'informatique et l'utilisation des produits informatiques font de plus en plus partie du champ même des connaissances et des techniques dans toutes les disciplines et les programmes prennent dès lors progressivement en compte la place de l'informatique.

L'enseignement de l'informatique au collège s'adresse à tous les élèves dans le cadre des cours de technologie. Un effort particulier a déjà été fait pour la formation des enseignants et la mise à disposition d'équipements. A la fin du collège, tous les élèves doivent avoir acquis les éléments de base qui leur permettent d'utiliser d'une manière raisonnée l'outil informatique dans le cadre disciplinaire.

A partir de cet acquis, il convient de compléter et d'approfondir au lycée certains aspects méthodologiques ou pluridisciplinaires dans le cadre des enseignements. Cette dimension a été prise en compte par l'organisation d'une option informatique dès la rentrée 1994.

Celle-ci a été mise en place en seconde en 1995/1996, en 1ère L et ES et en 1ère S en 1996 et a été ouvert à la rentrée 1997 en Terminale L, ES et S.

La rénovation de l'enseignement des sciences expérimentales dans le cadre de la rénovation pédagogique des lycées génère de nouveaux besoins en matériels informatiques.

Pour les classes de seconde " technologie des systèmes automatisés ", si tous les lycées techniques à caractère industriel sont déjà équipés, il reste à poursuivre l'équipement de 626 lycées d'enseignement général ou technologiques, à raison de 156 lycées par an.

c) Les crédits consacrés à l'informatique pédagogique

Les moyens nouveaux demandés en 1998 au titre de l'informatique pédagogique sont retracés dans le tableau ci-après :

Chapitres

Objet

Crédits en MF

Chapitre 36-71 Création d'un fonds d'intervention dans les établissements (financement de l'accès au réseau Renater des établissements du second degré)
40,00
Chapitre 34-96 Acquisition de logiciels et de produits multimédia à des fins pédagogiques.
1,63
Accès au réseau d'interconnexion Renater 3,85
Chapitre 56-37 Equipement pédagogique des établissements 30,00

TOTAL GÉNÉRAL

75,48

Constatant la modestie des crédits prévus au titre de l'informatique pédagogique, la commission estime que le ministre devrait fournir des précisions complémentaires sur les modalités de répartition du financement des nouvelles technologies entre l'éducation nationale et les collectivités locales, l'inégalité des ressources de ces collectivités devant être prise en compte.

2. Les précisions apportées par le ministre devant la commission

Devant la commission, le ministre a rappelé que notre système éducatif situait la France au dernier rang des pays européens pour l'utilisation des nouvelles technologies et a estimé que ce retard résultait moins de raisons financières que des réticences psychologique des enseignants, ces dernières pouvant également être constatées dans des pays de " grande culture " comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni à la différence des pays " émergents " soucieux de rattraper leur retard dans le domaine de l'enseignement et qui privilégient le recours à ces nouvelles technologies.

Il a indiqué que tous les établissements scolaires et universitaires seraient connectés au 1er octobre 1998 et que ce plan avait reçu le soutien de plusieurs grands groupes de communication.

Il a ajouté que l'introduction des nouvelles technologies supposait aussi de vaincre les réticences des enseignants qui ont trop tendance à s'identifier à la culture de l'écrit et à considérer l'image comme secondaire, dégradée et concurrente, alors que les élèves ne manifestent pas la même appréhension devant ces techniques nouvelles.

Il a cependant considéré que l'affectation d'une part excessive des emplois-jeunes au développement de ces technologies serait susceptible de provoquer une réaction de rejet de la part des enseignants et que cet objectif passait aussi par l'élaboration de banques de programmes, l'utilisation de banques de données et la création d'une véritable industrie éducative en utilisant des enseignants qui pourraient être détachés de l'éducation nationale.

Afin de ne pas renouveler l'échec des expériences antérieures, il a souhaité que la formation des enseignants prenne en compte ces nouvelles techniques de communication, ce qui implique notamment un câblage des IUFM, un aménagement des programmes de ces instituts et une formation continue spécifique des enseignants dans les universités.

3. Le plan triennal de développement des nouvelles technologies dans l'enseignement

A la fin du mois d'octobre, devant le Conseil économique et social, le ministre a dévoilé son plan de développement des nouvelles technologies éducatives.

Le 17 novembre 1997, les deux ministres en charge de l'éducation nationale et de l'enseignement scolaire ont présenté les modalités de ce plan d'" introduction massive " des nouvelles technologies dans l'enseignement.

La ministre déléguée a précisé que sa mise en oeuvre devrait permettre de lutter contre l'isolement culturel en milieu rural, d'assurer l'égalité des chances devant le multimédia et de remédier à l'échec scolaire en donnant une motivation aux élèves pour la maîtrise de la lecture et de l'écriture.

Ce plan qui devrait mobiliser plus d'un milliard de francs de crédits d'Etat en trois ans, prévoit que d'ici l'an 2000 toutes les écoles et établissements, de la maternelle à l'université, seront équipés d'ordinateurs, mis en réseau, dotés d'un serveur Internet et d'adresses électroniques (manipulation et dessin informatique dès la maternelle, courrier électronique dès le cours élémentaire, accès au Web au cours moyen, travail en réseau au collège, adresse électronique personnelle pour tous les étudiants et les élèves de classes terminales).

Un premier équipement d'urgence devrait être réalisé dès janvier 1998 en priorité dans les ZEP. Outre la dotation en matériel qui devrait être généralement loué plutôt qu'acheté, un accord est intervenu avec France Telecom pour obtenir des tarifs préférentiels très bas. Les ministres ont par ailleurs insisté sur la nécessité d'intégrer les nouvelles technologies dans la pédagogie, et donc impliquer les enseignants. Dans cette perspective, et avant le mois de mars 1998, les recteurs seront chargés d'établir un plan sur trois ans, ainsi que les présidents d'université, et chaque établissement devra désigner un coordinateur de la mise en place des nouvelles technologies.

Enfin, un plan de formation initiale et continue des maîtres sera lancé pour une durée de deux ans et devrait concerner 40.000 enseignants : cent postes de titulaires et mille emplois de jeunes docteurs seront affectés à cet effet dans les IUFM.

Ce plan doit également permettre de créer des logiciels spécifiques et de diffuser par satellite des programmes éducatifs aussi bien sur le territoire national que dans la zone francophone.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page