2. Le projet de loi d'orientation pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt

Le projet de loi soumis déposé au Sénat le 6 mai 1997 avait pour ambition de doter l'agriculture française pour les vingt prochaines années des instruments appropriés pour répondre aux défis du XXIème siècle en établissant un nouveau " pacte entre la Nation et ses paysans ".

Ce projet de loi, annoncé par le Président de la République, lors du cinquantenaire de la FNSEA au mois de mars 1996, a fait l'objet d'une longue période d'élaboration en concertation étroite avec l'ensemble des professionnels et de nombreux experts.

Ce texte d'orientation, que votre rapporteur pour avis considérait comme très ambitieux, s'inscrit dans la longue tradition des lois agricoles.

Au lendemain de l'après-guerre, l'impératif de reconstruction et de modernisation de l'économie s'est traduit en agriculture par les lois de 1960 et 1962 dont la force est d'avoir su s'ouvrir des perspectives, d'avoir tracé les lignes directrices qui ont permis la formidable modernisation et le large développement, notamment à l'exportation, de notre secteur agricole et alimentaire.

Les grands défis étaient alors pour l'agriculture de couvrir les besoins alimentaires de l'Europe en développant sa capacité de production.

La mobilisation de toutes les ressources disponibles, l'entrée de la France dans le marché commun avec la construction de la politique agricole commune et les politiques d'accompagnement des pouvoirs publics ont permis d'atteindre ces objectifs.

Alors que les lois d'orientation de 1960 et 1962 étaient imposées par la volonté de rénover les structures de production, en sorte que les exploitants parviennent à une parité de revenus et de conditions de vie avec les autres catégories professionnelles, la loi d'orientation agricole du 4 juillet 1980 , par delà les dispositions juridiques qu'elle comportait, était animée par la volonté de promouvoir une revalorisation du revenu des exploitants, tout en permettant à l'agriculture, d'une part, de renforcer sa contribution au développement économique du pays et, d'autre part, de relever le défi de la productivité lancé par certains partenaires européens.

Ont succédé à cette dernière loi d'orientation agricole un grand nombre de textes agricoles dont notamment la loi de 1982 sur les offices d'intervention, celle de 1984 sur les structures d'exploitations, celle de 1985 sur l'aménagement foncier rural, les textes de 1988 et 1990 portant adaptation des exploitations agricoles, ceux de 1991 et 1994 et enfin la loi n° 95-95 du 1er février 1995 de modernisation de l'agriculture.

A ce stade de la réflexion, votre rapporteur pour avis souhaite se féliciter de la diligence dont a fait preuve le précédent Gouvernement dans l'application de la loi de modernisation de 1995
. Publiée le 1er février 1995, le texte de loi ne comptait pas moins d'une quarantaine de décrets. Dès le mois de juillet 1995, une dizaine de textes d'application ont été pris dans des domaines importants, constituant l'axe central de cette réforme : programmes pour l'installation des jeunes en agriculture et le développement des initiatives locales, pré-retraite, mise en place des commissions départementales d'orientation agricole, fonctionnement -parfois difficile- du fonds de gestion de l'espace rural, déduction du revenu implicite du capital foncier de l'assiette des cotisations sociales agricoles et signature de la charte nationale de l'installation... Tout au plus, peut-on constater, à regret, le retard croissant mis par le Gouvernement à déposer sur le Bureau des Assemblées les rapports expressément prévus par la loi .

Votre rapporteur pour avis se félicite de la volonté affichée par le Gouvernement d'élaborer un projet de loi d'orientation agricole. Sept thèmes feront l'objet de réunions de travail.

Premier d'entre eux : " l'équilibre du territoire et le contrat de développement durable ". Viennent ensuite " le contrôle des structures " puis " l'organisation économique ", " la gestion des signes de qualité ", " la structure des exploitations ", " la promotion des produits " et enfin " l'enseignement, la recherche et le développement " .

M. Louis Le Pensec a, d'ailleurs, indiqué que la France devait " replacer le territoire au coeur de la politique agricole ".

Votre rapporteur pour avis, tout en approuvant cet objectif, souligne que le projet de loi d'orientation doit se décliner autour de trois axes qui correspondent aux trois fonctions de l'agriculture : la fonction sociale (les hommes), la fonction économique (les produits) et la fonction territoriale (les territoires). Sans avoir besoin d'être hiérarchisées, ces trois fonctions se complètent et concernent, à des degrés différents, tous les agriculteurs. C'est l'idée même de la multifonctionnalité de l'agriculture.

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