2. Les graves incertitudes liées à la budgétisation des fonds de concours alimentés par les fonds de concours autoroutiers

Une décision du Conseil d'Etat du 30 octobre 1996 a remis en cause le principe de financement d'une partie des dépenses de fonctionnement des formations de gendarmerie en service sur le réseau autoroutier concédé par les sociétés d'exploitation.

a) Une ressource importante pour l'Arme

La contribution des sociétés d'autoroutes sous la forme de fonds de concours -autorisés par les deux décrets des 7 février 1992 et 18 septembre 1992- n'était pas négligeable. Au titre du budget 1997 elle couvrait ainsi le financement des deux tiers des effectifs appartenant aux unités d'autoroutes (soit 2 200 sous-officiers d'active sur 2 632 et 400 gendarmes auxiliaires sur 1 139).

Le Conseil d'Etat, saisi d'un recours pour excès de pouvoir, a toutefois estimé ce dispositif incompatible avec le caractère régalien des missions accomplies par la gendarmerie : " l'exercice par la gendarmerie nationale des missions de surveillance et de sécurité des usagers qui, par nature, incombent à l'Etat, donne par là même, lieu à des dépenses qui sont étrangères à l'exploitation du réseau concédé ".

L'importance des montants concernés -une ressource de 554,5 millions de francs était attendue en 1997- imposait que soit trouvé au plus tôt un mécanisme de substitution . C'est pourquoi par un décret n° 97-606 du 31 mai 1997, le gouvernement a adopté le principe d'une redevance due par les sociétés concessionnaires d'autoroutes pour occupation du domaine public. Conformément aux règles de la comptabilité publique, cette ressource est directement versée au budget général.

Ce nouveau dispositif, s'il répond mieux à l'orthodoxie juridique, n'est toutefois pas sans présenter un danger pour la gendarmerie. En effet la suppression du lien entre la contribution des sociétés autoroutières et le budget de l'arme met fin à la garantie de financement dont disposait la gendarmerie en contrepartie des charges assumées sur le réseau autoroutier.

b) Un lien désormais rompu entre une charge accrue et les moyens d'y faire face

Il n'a guère fallu de temps pour mesurer les conséquences du nouveau dispositif : les crédits destinés à se substituer au fonds de concours ne couvrent par la totalité du montant apporté les années passées par ce mode de financement. Ainsi, la dotation ne dépasse pas 503 millions de francs (371 millions de francs pour les rémunérations et charges sociales et 132 millions de francs pour le fonctionnement), alors que la contribution des fonds de concours, si elle avait été maintenue, aurait dû rapporter 620 millions de francs en 1998.

Cette évolution est d'autant plus préoccupante dans le contexte de l'extension régulière, observée chaque année, du réseau autoroutier et des voies rapides (300 km supplémentaires en moyenne annuelle). Les fonds de concours autoroutiers permettaient la prise en charge de la création des emplois de sous-officiers nécessaires (31 emplois en 1996, 74 en 1997). Ces créations s'ajoutaient aux effectifs prévus par la loi de programmation. Qu'en sera-t-il à l'avenir ? La suppression des fonds de concours fait peser une lourde hypothèque sur la capacité opérationnelle de la gendarmerie pour la surveillance du réseau autoroutier.

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