2. L'Agence française du sang

a) Missions, structures et budget

Comme l'Agence du médicament, l'Agence française du sang, dotée du statut d'établissement public administratif, a été instituée par la loi du 4 janvier 1993. A cette date, elle existait cependant depuis six mois sous la forme d'un groupement d'intérêt public.

L'Agence a reçu du législateur plusieurs missions qui concernent la sécurité et l'organisation de la transfusion sanguine. A cet égard, le rapport d'information de votre commission consacré à la sécurité et à la veille sanitaires, qui est à l'origine de la proposition de loi actuellement en discussion devant le Parlement, n'a pas manqué de souligner l'ambiguïté qui caractérise la coexistence de ces deux catégories de missions.

L'Agence française du sang participe à la définition des règles de la sécurité transfusionnelle en préparant des textes qui sont ensuite homologués par le ministre chargé de la santé : elle vérifie leur application par les établissements de transfusion sanguine grâce au corps d'inspection dont elle est dotée.

Elle a également reçu pour mission de mettre en place un dispositif d'hémovigilance, qui repose sur un réseau de correspondants dans les établissements de santé.

Son rôle en matière d'organisation de la transfusion est également très important : il passe par la définition des schémas régionaux de la transfusion sanguine, l'élaboration de procédures relatives à la gestion des établissements, le suivi économique de la transfusion et la promotion du don.

L'Agence française du sang emploie un peu moins de 80 personnes.

Les recettes inscrites à son budget proviennent d'une subvention de l'Etat et de l'assurance maladie. Celui-ci s'élevait, en 1996, à 99,75 millions de francs (soit 30,73 millions de subvention de l'Etat et 69,02 millions de contribution de l'assurance maladie) et, en 1997, à 106,81 millions de francs (soit 29,35 millions de francs de subvention de l'Etat et 77,46 millions de francs provenant de l'assurance maladie).

Pour 1998, les crédits inscrits au budget de la santé pour la subvention de fonctionnement de l'Agence française du sang représentent 30,73 millions de francs ; ils progressent d'un taux de 4,7 % , soit de 1,38 million de francs.

b) Bilan de la réforme de la transfusion sanguine

Outre la mise en place du système d'hémovigilance, deux grands chapitres de la réforme transfusionnelle ont été traduits dans les faits depuis 1994 : d'une part, l'élaboration d'un corps de règles médico-techniques, le contrôle du respect de ces règles par les établissements de transfusion sanguine et l'évaluation de l'utilisation des produits sanguins labiles et d'autre part, la réorganisation territoriale de la transfusion et la mise en place des nouveaux établissements de transfusion sanguine.

* Les normes médico-techniques :

Depuis 1993, ont été publiées les bonnes pratiques de prélèvement, de préparation des produits sanguins labiles, ainsi que les bonnes pratiques de distribution et de qualification biologique du don. Ces règles ont été accompagnées par la définition des conditions auxquelles doivent satisfaire les établissements de transfusion sanguine, notamment en matière de locaux et d'équipement, pour obtenir ou conserver leur agrément. Enfin, les règles relatives aux analyses biologiques et tests de dépistage des maladies transmissibles effectuées sur les prélèvements de sang et de ses composants ont été fixées par un décret du 16 février 1995. Selon le ministère, certaines règles communes au secteur des greffes, de la transfusion et de la thérapie cellulaire devraient également être approuvées d'ici la fin de l'année (bonnes pratiques concernant les cellules souches hématopoïétiques et les cellules mononucléées).

Ces règles et normes doivent faire l'objet d'un réexamen en fonction des évolutions techniques et scientifiques : ainsi, les bonnes pratiques de prélèvement sont déjà en cours de révision.

Le contrôle du respect de ces bonnes pratiques et de ces normes ainsi que de l'ensemble des règles de sécurité transfusionnelle dans les établissements de transfusion sanguine est assuré dans le cadre de programmes d'inspection : en 1996, tous les établissements avaient été inspectés. Outre les nombreuses mesures ponctuelles de mise en conformité, ces contrôles ont débouché sur quelques mises en demeure notamment justifiées par un sous-encadrement médical et sur des retraits temporaires d'agrément.

Des efforts particuliers ont concerné la sélection clinique des donneurs, point essentiel de la sécurité transfusionnelle. Les résultats sont déjà nettement perceptibles, comme le montre la diminution de la fréquence des dons séropositifs, qui a diminué de moitié entre 1993 et 1995. En 1996, on a constaté une fréquence (taux pour 10.000 dons) de 3,74 dons positifs pour l'hépatite C, 2,64 dons positifs pour l'hépatite B et 0,24 don positif pour le virus du Sida.

En outre, conformément aux recommandations du Comité de sécurité transfusionnelle, le ministre chargé de la santé a annoncé, en décembre 1996, la mise en oeuvre, en 1997, d'une mesure nouvelle pour renforcer la qualité et la sécurité des transfusions.

Elle consiste à exclure du don toutes les personnes ayant des antécédents de transfusion, et plus généralement d'administration de produits biologiques vivants. Fondée sur le principe de précaution, cette mesure vise à rompre le plus précocement possible toute chaîne potentielle de transmission d'agents infectieux non identifiables ou dont les conséquences restent hypothétiques. Sa mise en place a été achevée au mois de septembre dernier. Elle a entraîné une perte en donneurs, très variable selon les établissements de transfusion sanguine, qui est estimée entre 2 et 6 %. Elle doit être compensée par une campagne de promotion nationale de recrutement de nouveaux candidats au don.

* L'organisation territoriale

La réorganisation juridique et territoriale de la transfusion sanguine s'est traduite par un ensemble de mesures prises en application du décret du 26 juillet 1994 relatif aux schémas et aux commissions d'organisation de la transfusion sanguine. Ainsi, depuis un an, 43 nouvelles structures juridiques agréées comme établissements de transfusion sanguine ont remplacé les anciens 140 centres de transfusion sanguine. Ces nouveaux établissements de transfusion sanguine sont, soit des groupements d'intérêt public, soit des associations : il existe aujourd'hui 7 associations, 35 groupements d'intérêt public plus l'établissement de transfusion sanguine de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris et le centre de transfusion des armées.

Pour faciliter la réorganisation de la transfusion sanguine, l'Agence française du sang dispose du Fonds d'orientation de la transfusion sanguine (FORTS) créé à cet effet par le législateur.

Mais, si la restructuration des établissements est en cours, la situation des personnels des établissements de transfusion sanguine demeure un grave sujet de préoccupation en raison de la disparité des conditions de travail, de rémunération et de formation de ces personnels.

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