IV. LES ENJEUX DE LA PROTECTION SOCIALE AGRICOLE EN 1998

Au-delà de la présentation financière du projet de BAPSA pour 1998, il convient d'évoquer trois dossiers qui vont déterminer l'évolution de la protection sociale agricole. Il s'agit de la revalorisation des retraites agricoles, de la restructuration de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole et, enfin, de l'avenir des contrats dits COREVA.

A. LA REVALORISATION DES PETITES RETRAITES

Lors de l'examen du BAPSA par l'Assemblée nationale, le ministre de l'Agriculture a annoncé une mesure exceptionnelle de revalorisation des petites retraites

1. Un nouveau dispositif de revalorisation

Les personnes dont la retraite a pris effet avant le 1er janvier 1998 bénéficieront d'une majoration de leur retraite forfaitaire, sous réserve de justifier de certaines conditions relatives notamment à leur durée de cotisations. Cette mesure vise particulièrement les anciens aides familiaux, les conjoints d'exploitants et ceux qui ont accompli une carrière mixte. Concrètement, un retraité ayant travaillé 37,5 ans et qui aurait perçu, en 1998, 18.650 francs de pension annuelle recevra 23.750 francs dès l'an prochain (+ 5.100 francs). Cette mesure devrait concerner 300.000 personnes et son coût est évalué à 760 millions de francs, mais 680 millions de francs nets si l'on tient compte des économies induites pour le FSV.

Il s'agit d'une amélioration très significative qui s'inspire, de surcroît, des conclusions présentées dans le cadre du rapport élaboré par le député Daniel Garrigue en 1996. Son financement est couvert par un accroissement de 500 millions de francs de la subvention d'équilibre au BAPSA et 180 millions de francs provenant d'un ajustement de la dotation globale hospitalière. Il s'agit d'un résultat incontestablement important et concret dans un contexte budgétaire pourtant très difficile.

2. Les interrogations de votre commission

Si elle se félicite de la mesure annoncée par le ministre de l'agriculture, votre commission émet néanmoins plusieurs réserves.

D'abord, elle aurait préféré que cette mesure figure dès l'origine dans le projet de BAPSA et n'apparaisse pas à la dernière minute, tel " un joker " dans la discussion budgétaire. Cette annonce tardive ne fait qu'accentuer le caractère lacunaire, voire " surréaliste " du projet de budget soumis à l'examen de la représentation nationale. Votre commission souhaite que la sincérité des comptes qui sont ainsi présentés au Parlement soit à l'avenir davantage recherchée.

Ensuite, l'amélioration des retraites agricoles constitue une préoccupation constante des gouvernements qui se sont succédé depuis plusieurs années. La mesure annoncée récemment ne doit donc pas faire oublier, en particulier, la revalorisation intervenue dans le cadre de la loi de finances pour 1997 en faveur des plus petites retraites. Celle-ci consistait à relever progressivement sur trois ans (de 1997 à 1999) la pension minimale des chefs d'exploitation partant à la retraite à compter du 1 er janvier 1997 et justifiant d'une carrière complète tous régimes confondus et d'une durée minimale d'activité en tant que chefs d'exploitation, à relever sur la même période la pension minimale des chefs d'exploitation partis à la retraite avant le 1 er janvier 1997 par l'attribution de points gratuits et enfin de majorer les retraites forfaitaires pour les retraités justifiant d'au moins 32,5 années d'activité non salariée agricole, exercée à titre exclusif ou principal.

- Enfin, le coût de la mesure annoncée par M. Louis Le Pensec, soit 700 millions de francs, est couvert en partie seulement par la majoration des crédits de la subvention d'équilibre de 500 millions de francs. Il est donc permis de s'interroger sur les ajustements qui seront rendus nécessaires : il serait, en effet, regrettable que ceux-ci s'opèrent au détriment de la couverture maladie des exploitants agricoles.

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