C. LES CONTRATS COREVA

Après un bref rappel de l'origine du contentieux concernant ces contrats, on précisera l'évolution de ce dossier.

1. Le contentieux

Le Conseil d'Etat a, par un arrêt du 8 novembre 1996, annulé la majeure partie du décret n° 90-1051 du 26 novembre 1990 relatif au régime complémentaire facultatif d'assurance vieillesse des personnes non salariées agricoles, dénommé COREVA. Le Conseil d'Etat a suivi l'arrêt de la Cour de Justice des Communautés Européennes qu'il avait saisie d'une question préjudicielle et a jugé que la réservation à la Mutualité sociale agricole de l'exclusivité de la gestion de ce régime complémentaire bénéficiant seul, en vertu du III de l'article 42 de la loi n° 88-1202 du 30 décembre 1988, de la déductibilité fiscale des cotisations versées, était contraire aux dispositions du Traité de Rome relatives à la libre concurrence.

Au-delà du décret incriminé, l'arrêt du Conseil d'Etat oblige à revoir les dispositions législatives dont il fixait les conditions d'application, qui étaient elles-mêmes incompatibles avec les dispositions du Traité.

Le Gouvernement avait annoncé qu'un projet de disposition législative serait déposé au Parlement lors de la présente session afin d'ouvrir la retraite complémentaire des non salariés agricoles à une pluralité d'assureurs, dans le cadre de contrats de groupe.

Les organismes d'assurance pratiquant la retraite par capitalisation devaient pouvoir proposer aux agriculteurs des contrats pour leur retraite complémentaire. Les exploitants, y compris naturellement ceux qui adhéraient à " COREVA ", devaient bénéficier du libre choix de leur assureur, tout en conservant leurs droits acquis et en continuant à bénéficier des mêmes avantages fiscaux et sociaux.

En effet, l'arrêt du Conseil d'Etat n'ayant pas remis en cause la déductibilité fiscale et sociale des cotisations versées à COREVA, il est proposé de maintenir cette déductibilité dans des conditions identiques pour les cotisations de retraite complémentaire que les agriculteurs verseront au titre des contrats souscrits auprès de l'assureur de leur choix.

2. Le dispositif proposé

Un dispositif a été introduit dans le projet de loi d'orientation sur la pêche maritime. Ce dispositif prévoit le maintien intégral des droits acquis pour les anciens souscripteurs (environ 110.000 personnes) et la mise en place d'un nouveau système permettant aux agriculteurs de souscrire, pour leur retraite complémentaire, dans le cadre de contrats de groupe, un contrat auprès de l'assureur de leur choix. Ils bénéficieront des mêmes déductions fiscales et sociales que dans le système " COREVA " ; pour assurer la continuité, une procédure de transfert de portefeuilles du système COREVA à un ou plusieurs assureurs qui auront l'obligation de respecter le niveau des droits acquis dans l'ancien régime.

Le texte proposé par le Gouvernement insiste sur la préservation des droits acquis et dispose que : " "le niveau de la rente viagère différée ou immédiate garantie par l'entreprise d'assurance, ne peut être inférieur à celui qui était garanti ou servi au 31 décembre 1996... selon le régime COREVA ".

Par ailleurs, dans l'attente de l'adoption de ces dispositions, les personnes qui bénéficiaient déjà d'un complément de retraite au titre de " COREVA " ont continué à bénéficier du versement de leurs prestations. Le Gouvernement s'est engagé à leur assurer le même complément de retraite dans le nouveau dispositif.

Ce dispositif a été largement négocié avec les organismes professionnels et la MSA et devrait être opérationnel dès le début de l'année prochaine, ce dont votre commission ne peut que se réjouir.

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En conclusion, on constate ainsi sur différents dossiers des évolutions qui rencontrent les préoccupations des exploitants agricoles, par ailleurs inquiets quant aux perspectives de la politique agricole commune. La mesure concernant les petites retraites était très attendue par la profession et cet effort particulier, proposé dans un contexte budgétaire délicat, mérite d'être souligné.

En revanche, l'impact des mesures contenues dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, sur le projet de BAPSA pour 1998, apparaît critiquable s'agissant notamment des atteintes portées à la politique familiale et de la situation des jeunes agriculteurs au regard de la contribution sociale généralisée. Sur ces deux points, le Sénat avait souhaité apporter les correctifs nécessaires. Force est de constater qu'il n'a pas été suivi ni par le Gouvernement ni par la majorité de l'Assemblée nationale.

Aussi, votre commission vous propose d'émettre un avis de sagesse sur les crédits du BAPSA pour 1998.

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