B. LA RÉFORME DES AIDES PERSONNELLES EST INTERROMPUE

1. Le montant des aides augmente à travers l'actualisation et la revalorisation des barèmes

Le Gouvernement a décidé d'actualiser à compter du 1er juillet 1997 le barème des aides personnelles au logement pour un montant de 2,5 milliards de francs. Ceci signifie que les prestations seront supérieures de 2,5 milliards de francs à ce qu'elles auraient été en année pleine avec un nouveau gel des barèmes. Ce montant permet à la fois de revaloriser les paramètres de calcul conformément aux dispositions de l'article L. 351-3 du code de la construction et de l'habitation concernant l'APL et d'augmenter, d'une part, les loyers plafonds d'un taux supérieur à l'évolution de l'indice du coût de la construction (1,8 %) qui est normalement l'indice de référence retenu pour ce paramètre et, d'autre part, le forfait de charges d'un montant supérieur à celui de l'indice des prix à la consommation hors tabac (1,9 %).

Les grandes lignes des arrêtés parus au Journal Officiel du 11 septembre dernier sont les suivantes :

- les paramètres homogènes à des ressources ont été réévalués en fonction de la valeur moyenne de l'indice des prix à la consommation hors tabac pour 1996, soit de 1,9 % ;

- les loyers plafonds des petits ménages (isolés et couples sans personne à charge) ont été actualisés de 3,3 % et ceux des familles de 2 % ;

- le forfait de charges est actualisé à 2,5 %.

Cette revalorisation se traduit par une augmentation moyenne de 3,4 % de l'APL. Bien que cette hausse soit supérieure à 3,4 % pour certains ménages, on ne peut que constater son caractère limité. La commission des Affaires sociales considère pourtant que ce geste est un pas en avant qui complète le bouclage des aides qui avaient concentré les efforts des années précédentes. On rappellera également que le projet de budget comprend, outre la prise en compte de l'actualisation et de la revalorisation des aides à la personne au 1er juillet 1997, les moyens nécessaires (500 millions) pour procéder à une nouvelle actualisation au 1er juillet prochain.

Techniquement, cette augmentation des aides personnelles est réalisée par une augmentation des contributions de l'Etat aux deux fonds spécifiques.

La contribution de l'Etat au Fonds national de l'habitation (FNH) destinée à financer l'aide personnalisée au logement (APL) atteint 14,580 milliards de francs et celle au Fonds national d'aide au logement (FNAL), devant financer l'allocation de logement à caractère social (ALS), représente 18,075 milliards de francs.

2. La réforme des aides est interrompue

Les réformes entreprises par le précédent Gouvernement n'ont pas été, pour l'instant, remises en cause. Toutefois, elles n'ont pas été non plus poursuivies. En effet, après l'unification du barème de l'APL 1 et de l'APL 2 réalisée par la loi de finances pour 1997, le précédent Gouvernement projetait un barème unique applicable à l'ALS et à l'ALF pour unifier les aides et mieux prendre en compte les ressources des bénéficiaires.

La poursuite de la réforme était pourtant d'autant plus nécessaire que la situation qui prévaut aujourd'hui est source d'iniquité et d'inefficience comme le montre notamment le rapport du Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts (CSERC) consacré aux minima sociaux 3( * ) . Ce rapport estime que la solvabilité des ménages les plus démunis doit être examinée en étudiant les minima sociaux et les aides au logement qui s'y ajoutent bien souvent. Or le Conseil a relevé que l'allocation logement était traitée différemment dans les conditions d'obtention de chacun des minima, ce qui était source d'inégalités. Il a observé également que les prestations des minima sociaux ne sont pas comptées dans la définition des ressources pour obtenir l'allocation logement, au contraire des pensions de retraite ou des revenus d'activité. " Ceci peut conduire à ce qu'une personne quittant un minimum social (par exemple le RMI) pour reprendre un emploi, voie son revenu disponible baisser, à terme, du fait d'une allocation logement moindre. Cela peut conduire aussi à ce que des titulaires de pensions légèrement supérieures au minimum vieillesse aient un revenu plus faible, compte tenu de l'aide au logement, qu'un allocataire du minimum vieillesse " fait observer le Conseil. Ces effets de seuil sont pervers. Outre leur iniquité, ils risquent de faire prévaloir l'assistance sur la solidarité.

Le retour à l'activité doit toujours être plus rémunérateur que le seul cumul des aides sociales si l'on veut encourager l'insertion puis la promotion. L'absence de réformes laisserait planer un risque de désincitation au travail, qui serait contraire à l'esprit même des aides au logement et des minima sociaux qui s'apparente à une aide temporaire pour passer " un mauvais cap " même si souvent elles deviennent une source durable de revenus pour de nombreuses familles.

Pour préserver le rôle fondamental des aides personnelles, il convient, après les avoir généralisées, de les redéfinir pour qu'elles privilégient l'effort de solidarité sur l'assistance, comme avait commencé à le faire le précédent Gouvernement, dans un esprit de justice et d'efficacité.

Page mise à jour le

Partager cette page