5. Les autres mesures

- La motivation des refus de visas (article premier)

Le nombre des étrangers visitant la France est évalué à 85 000 000 par an.

Les postes diplomatiques et consulaires français à l'étranger ont été saisis de 2 150 000 demandes de visas en 1996, le taux de refus s'établissant à 20 % en moyenne, bien que ce pourcentage soit variable suivant les pays ( 450 000 au total).

Les consulats prennent en considération les motifs du déplacement projeté, les conditions de ressources et d'hébergement en France du demandeur ainsi que les risques éventuels pour la santé publique et pour la sécurité du pays.

Selon le Gouvernement, la sévérité excessive de certains consulats justifierait la remise en cause du principe de non motivation des refus de visa opposés à certaines catégories d'étrangers ( article premier ).

Or, la décision d'otroyer un visa constitue une prérogative de souveraineté pour laquelle un large pouvoir d'appréciation a toujours été reconnu à l'Etat. Elle s'opère sous le contrôle du juge qui peut ainsi, le cas échéant, sanctionner les refus abusifs.

L'instruction des demandes de visa doit demeurer au coeur du dispositif de maîtrise des flux migratoires et constituer, en particulier, un instrument important de lutte contre l'immigration irrégulière.

Cette considération justifierait une amélioration des moyens des consulats et l'organisation d'un meilleur contrôle des prises de décision, qui relèvent entièrement du pouvoir règlementaire. Si le Gouvernement n'en est pas satisfait, il lui appartient de donner des instructions pour infléchir les pratiques des consulats (les effectifs chargés de la délivrance des visas sont limités à 150 agents titulaires de catégories B et C et à 600 agents locaux).

- L'entrée sur le territoire en dispense de visa pour les détenteurs d'un titre de séjour (article premier)

Le projet de loi tend à supprimer la disposition permettant au ministre de l'intérieur de conditionner la sortie du territoire d'un étranger détenteur d'un titre de séjour à une autorisation, pour des motifs de sécurité nationale.

La combinaison de cette disposition avec celle permettant l'entrée sur le territoire en dispense de visa pour les titulaires d'une carte de séjour, permettrait à un étranger susceptible de menacer la sécurité nationale de réintégrer le territoire sans contrôle de l'administration.

- La simplification du régime du séjour des ressortissants communautaires (article 2 bis)

L'article 2 bis
-ajouté par l'Assemblée nationale- simplifie le régime du séjour en France des ressortissants communautaires, déjà dérogatoire (délivrance d'une carte de cinq ans, renouvelée pour dix ans).

Ces personnes, bénéficiaires de la libre circulation, pourraient se voir attribuer, dès leur première demande, un titre de 10 ans renouvelable à titre permanent.

Cette simplification permettrait aux services de l'immigration de s'affranchir de tâches généralement peu utiles pour centrer leurs activités sur un meilleur contrôle des flux migratoires.

Le rapport de M. Patrick Weil évalue à 20 % le volume d'activité des services compétents consacré à la délivrance de titres de séjour aux ressortissants communautaires.

- Le rétablissement de la commission du séjour (article 5 bis)

L' article 5 bis -ajouté par l'Assemblée nationale- prévoit de rétablir la commission du séjour, supprimée par la loi du 24 avril 1997, dont le rétablissement n'était pourtant envisagé ni dans le rapport de M. Patrick Weil au Premier ministre, ni dans le projet de loi initial.

Créées dans chaque département, les commissions du séjour sont chargées d'émettre un simple avis sur certains refus de séjour.

Leur rétablissement ne pourrait que contribuer à l'allongement des procédures d'examen des dossiers sans apporter de garanties supplémentaires aux intéressés, qui bénéficient déjà du contrôle des juridictions administratives.

- La suppression de la condition de durée de mariage pour l'attribution de la carte de séjour temporaire au conjoint d'un Français (article 4)

La carte de séjour temporaire serait attribuée de plein droit au conjoint d'un Français sans condition de délai de mariage alors qu'elle est accordée, selon le droit en vigueur, après un an de mariage, si la communauté de vie est maintenue.

L'administration serait ainsi liée pour la délivrance d'un titre de séjour à raison du mariage avec un Français sans aucune assurance quant à la stabilité du couple.

- Le renouvellement de la carte de résident (article 7)

L' article 7 du projet de loi supprime les dispositions prévues par la loi du 24 avril 1997 qui subordonnaient le renouvellement de plein droit de la carte de résident à la condition d'une résidence habituelle en France au moment de sa demande.

- La création d'une carte de séjour " retraité " (article 8)

L' article 8 institue une carte de séjour " retraité " qui permettrait aux étrangers ayant exercé leur activité professionnelle en France de quitter le territoire sans craindre de difficultés pour y revenir périodiquement.

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