Objectif national de dépenses d'assurance maladie
(intitulé nouveau)

Dans le cadre de la modification de structure du projet de loi qu'elle a décidée (voir commentaire de l'article 16), l'Assemblée nationale a inséré avant l'article 23 ter nouveau, un nouvel intitulé.

Votre commission, comme elle l'a proposé précédemment, vous propose d'introduire avant cet intitulé la mention d'une " Section 4 ".

Votre commission vous propose d'adopter cet intitulé ainsi complété.

Art. 23 ter (nouveau)
Fixation de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie

Objectif : Cet article fixe pour 1998 l'objectif national de dépenses d'assurance maladie.

Cet article additionnel, inséré par l'Assemblée nationale, est le rétablissement de l'article 17 supprimé par elle.

I - Le dispositif proposé

La fixation de l'objectif national d'assurance maladie (ONDAM) constitue, aux termes de l'article L.O. 111-3 du code de la sécurité sociale, une des composantes de chaque loi de financement. Elle constitue aussi une de ses composantes essentielles, eu égard à la portée contraignante de l'ONDAM pour l'ensemble des professionnels de santé.

En effet, les ordonnances dites " Juppé " déterminent, pour chacun des secteurs concernés (soins de ville, hôpital, cliniques privées, secteur médico-social) une série de mécanismes de répartition de cet objectif et de procédure d'opposabilité des enveloppes correspondantes. Ainsi, si l'objectif n'est pas contraignant pour les assurés sociaux, l'assurance maladie ne cessant pas ses remboursements s'il est dépassé, l'exercice quotidien des professionnels de santé est contraint par le cadre qu'il définit.

L'objectif national de dépenses d'assurance maladie concerne tous les régimes, à la différence des objectifs définis par l'article 22 bis. Mais, si son champ est plus large quant aux régimes concernés, son contenu est plus réduit : il ne comprend en effet que les dépenses effectives des caisses correspondant aux prestations en nature (dépenses de soins ambulatoires et d'hospitalisation) et les prestations en espèces (indemnités journalières) de la branche maladie et de la branche des accidents du travail. Il n'inclut donc pas, par exemple, les dépenses de gestion administratives des caisses ou leurs dépenses de prévention.

La loi de financement de la sécurité sociale pour 1997 avait fixé à 600,2 milliards de francs le montant de l'objectif national d'assurance maladie. Cet objectif était en progression de 1,7 % par rapport à l'estimation des dépenses correspondantes pour 1996.

Il a ensuite été réparti comme suit (en milliards de francs) :

· soins de ville 261,8

· hôpitaux 242,8

· médico-social 40,2

· cliniques privées 41,9

· étranger 0,8

· DOM 12,4

· marge de manoeuvre (vote du Sénat) 0,2

Total 600,2

Les estimations faites par la Commission des comptes de la sécurité sociale au mois de septembre à partir des chiffres des six premiers mois de l'année laissaient à penser que cet objectif serait respecté, ce qui constituerait un sujet de grande satisfaction pour les professionnels de santé et le Parlement.

Néanmoins, probablement en raison des multiples signes de relâchement adressés aux professionnels depuis quelques mois, les dépenses d'assurance maladie ont repris leur progression au mois d'août. Il n'est donc plus aussi certain que l'objectif 1997 soit respecté (Cf. tome I du présent rapport, I.B et II.A.3).

L'article 23 ter du projet de loi propose pour 1998 un objectif de 613,6 milliards de francs. Il a été majoré de 200 millions de francs par l'Assemblée nationale qui a souhaité relever le niveau des indemnités journalières de plus de six mois afin de neutraliser les effets du basculement des cotisations sur la CSG.

Il s'agit là d'une curieuse méthode : plutôt que d'exonérer une prestation de la CSG, le Gouvernement préfère relever le niveau de la prestation et prélever la CSG sur ce montant...

L'objectif pour 1998 est en progression de 2,2 % par rapport à l'objectif pour 1997.

La répartition annoncée par les gouvernements est la suivante (en milliards de francs) :

· soins de ville 267,3 (+ 2,1 %)

· hôpitaux 248,1 (+ 2,2 )

· médico-social 41,5 (+ 3,15 %)

· cliniques privées 43,1 (+ 2,9 %)

II - La position de votre commission

Cet objectif ne peut être retenu par votre commission, pour plusieurs raisons développées dans le tome I du présent rapport (II.B.3.) :


- la croissance retrouvée ne saurait, à elle seule, justifier une progression des dépenses ;

- le Gouvernement, pour fixer l'ONDAM 1998, s'est contenté d'appliquer à l'ONDAM 1997 le taux tendanciel d'évolution des dépenses et renonce à maîtriser leur progression ;

- les nécessaires ajustements en faveur des professionnels de santé en cas de respect de l'objectif pouvait être réalisée avec un taux de progression plus faible ;

- cet objectif ne s'accompagne pas de mesures tendant à assurer l'opposabilité de dépenses non pourvues de mécanismes de régulation, estimées par la Cour des Comptes à 10 % de l'ONDAM (secteur médico-social, prescriptions effectuées par d'autres praticiens que les médecins libéraux notamment) ;

- la répartition annoncée par le Gouvernement n'impose pas un effort de même ampleur à tous les professionnels de santé ;

- le taux retenu pour la progression des dépenses hospitalières cautionne le gel des restructurations en 1998, dans l'attente des nouveaux SROS.

Aussi, votre commission vous propose de réduire cet objectif de 3,3 milliards de francs.

Cette réduction permettra de contenir sa progression dans des limites compatibles avec la maîtrise des dépenses et le juste soin délivré aux assurés sociaux. Elle vient en complément du mécanisme de régulation des dépenses proposé pour le secteur médico-social et les autres dépenses non encadrées (voir article additionnel après l'article 23) et permettra de fixer le taux de progression des dépenses hospitalières à un niveau qui ne soit pas désincitatif pour les indispensables restructurations du tissu hospitalier.

Une seconde réduction de 200 millions de francs est proposée en conséquence de la suppression du basculement des cotisations sur la CSG, et donc des mesures adoptées en conséquence pour les indemnités journalières. Le montant total de la réduction de l'ONDAM est donc de 3,5 milliards de francs.

Votre commission vous propose d'adopter cet article ainsi amendé. Elle souhaite, conformément à son vote sur le projet de loi de financement pour 1997, que le Gouvernement provisionne, au sein de l'ONDAM, une réserve de 200 millions de francs pour financer des dépenses résultant d'événements ou de décisions non prévisibles susceptibles d'intervenir au cours de l'année 1998.

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