Objectifs de dépenses par branche
(intitulé nouveau)

Dans le cadre des modifications qu'elle a souhaité apporter à la structure du projet de loi, l'Assemblée nationale a introduit un intitulé nouveau annonçant l'article 23 bis nouveau (cf. commentaire de l'article 16 ci-dessus).

Il reste que cet intitulé non constitué en section du projet de loi se trouve du fait placé sous la section 2 " Branche maladie ".

Aussi, votre commission propose-t-elle d'introduire la mention " Section 3 " avant l'intitulé nouveau.

Votre commission vous propose d'adopter cet amendement rédactionnel.

Art. 23 bis (nouveau)
Fixation des objectifs de dépenses par branche

Objet : Cet article détermine pour 1998 les objectifs de dépenses des régimes obligatoires de base de plus de 20.000 cotisants actifs ou retraités titulaires de droits propres conformément à l'article L.O. 113-3 I, 3° du code de la sécurité sociale

Cet article additionnel, inséré par l'Assemblée nationale, est le rétablissement de l'article 16 supprimé par elle.

I - Le dispositif proposé

Les dépenses concernent l'ensemble des régimes obligatoires de base comptant plus de 20.000 cotisants, actifs ou retraités titulaires de droits propres et sont ventilées par branche.

L'annexe C précise que ces dépenses correspondent aux opérations courantes des régimes, effectuées en métropole et dans le DOM. Elles recouvrent :

- les prestations sociales : il s'agit soit de prestations rendues obligatoires par la législation, soit de prestations extralégales (prestation d'action sanitaire et sociale), relevant de l'initiative de l'organisme gestionnaire ;

- les prestations de services sociaux , qui visent pour l'essentiel à abaisser le coût d'accès au système de soins de santé : il s'agit notamment de la prise en charge partielle des cotisations des praticiens et auxiliaires médicaux ;

- les frais de gestion engagés par les organismes de sécurité sociale ;

- les transferts entre régimes de protection sociale ;

- les frais financiers et les autres dépenses .

Par assimilation au régime général, quatre branches ont été retenues :

- la branche maladie-maternité-invaliditié-décès ;

- la branche accidents du travail ;

- la branche vieillesse ;

- la branche famille.

Les comptes de la sécurité sociale, traditionnellement présentés toutes branches confondues, ont été éclatés pour satisfaire à cette décomposition en branches. Les règles comptables des organismes de sécurité sociale fluctuant d'un régime à l'autre, un certain nombre de conventions ont dû être adoptées :

- les dépenses de la branche famille sont pour l'essentiel celles de la CNAF, qui retrace déjà dans ses comptes l'ensemble des prestations légales servies par les différents organismes, ainsi que les charges annexes supportées par les organismes du régime général. Y sont ajoutés les frais de gestion administrative et d'action sociale de régimes agricoles pour la partie correspondant aux cotisations complémentaires familiales, ainsi que ceux du régime minier ;

- la branche des accidents du travail rassemble, outre les dépenses des fonds déjà existants (CNAMTS, salariés agricoles, Mines, FCAT, FCATA, Fonds d'allocation temporaire d'invalidité des agents des collectivités locales) les dépenses effectuées directement par les régimes d'employeurs, en contrepartie de cotisations dites " fictives " ;

- la définition d'une branche maladie-maternité-invalidité-décès pose un problème particulier.

Le régime général et les régimes alignés sur celui-ci rattachent les risques invalidité et décès au risque maladie. Dans ces régimes, les prestations d'invalidité sont servies par la branche maladie jusqu'à ce que les bénéficiaires atteignent 60 ans. Les pensions de vieillesse se substituent ensuite à celles-ci. Il n'en vas pas de même des régimes spéciaux les plus importants, dans lesquels une pension d'invalidité peut continuer à être servie jusqu'au décès de l'intéressé. Le parti retenu a été de rattacher dans ce cas à la branche maladie les dépenses d'invalidité afférentes à des bénéficiaires de droits directs âgés de moins de soixante ans.

La branche vieillesse rassemble les prestations d'assurance vieillesse correspondant à des droits directs ou dérivés, les prestations d'assurance veuvage, et les prestations d'invalidité servies à des bénéficiaires de droits directs âgés de plus de soixante ans, ou des bénéficiaires de droits dérivés. Ces conventions sont identiques à celles utilisées pour déterminer les transferts de compensation entre régimes.

Evolution des dépenses

En milliards de francs

LFSS 1997

PLFSS 1998

Evolution en masse

Evolution en %

Maladie-maternité-invalidité-décès

662,1

678,3

+ 16,2

+ 2,4

Vieillesse-veuvage

726,7

754,3

+ 27,6

+ 3,8

Accidents du travail

54,7

50,8

- 3,9

- 0,8

Famille

241,7

246,8

+ 5,1

+ 2,1

Total des dépenses

1.685,2

1.730,2

+ 45,0

+ 2,7

II - Les modifications adoptées par l'Assemblée nationale

En première lecture, l'Assemblée nationale a majoré les objectifs de dépenses par branche de 1 milliard de francs.

L'objectif de dépenses de la branche maladie-maternité-invalidité-vieillesse a été majoré de 200 millions de francs en raison de la revalorisation à compter du septième mois du taux et du maximum des indemnités journalières d'assurance maladie. Cette revalorisation, qui affecte également l'ONDAM, vise à compenser l'alourdissement du taux de la CSG décidé par l'article 3 du projet de loi.

L'objectif de dépenses de la branche vieillesse veuvage est majoré de 700 millions de francs pour tenir compte de la majoration des retraites agricoles décidée par l'Assemblée nationale, lors de la discussion du budget annexe des prestations agricoles dans le cadre du projet de loi de finances pour 1998.

Enfin, l'objectif de dépenses de la branche famille est majoré de 100 millions de francs pour tenir compte de la modification apportée par l'Assemblée nationale à l'article 20 (diminution et mise sous condition de ressources de l'AGED).

II - La position de votre commission

L'évolution des dépenses est longuement analysée dans les tomes I (Équilibres financiers généraux et assurance maladie), II (Famille) et III (Assurance vieillesse) du présent rapport auquel vous renvoie votre rapporteur.

Votre commission vous propose à cet article d'une part de tenir compte du rejet, qu'elle vous a proposé, des articles 29 (mise sous condition de ressources des allocations familiales) et 20 (diminution de l'allocation de garde d'enfants à domicile), soit une augmentation des dépenses de la branche famille de 4,7 milliards de francs.

Conformément aux orientations qu'elle a arrêtées (cf. tome I - 1ère partie IV), elle vous propose d'autre part de ramener la progression de l'ONDAM dans des proportions comparables à celles fixées pour 1997 (cf. commentaire ci-après de l'article 23 ter nouveau) et d'autre part que soit engagé un programme d'économie de gestion au sein des caisses de sécurité sociale et annoncée une clarification des relations financières entre celles-ci et l'Etat.

Il est en effet indispensable que soient confirmés des objectifs ambitieux en matière d' économies de gestion au sein des caisses de sécurité sociale dans le cadre d'une clarification des missions et des tâches qui leur sont confiées.

Les frais de gestion des régimes obligatoires de sécurité sociale (compris dans les objectifs de dépenses par branche) envisagés pour 1998 s'élèvent à près de 63 milliards de francs, en progression de 2,3 % par rapport à l'an dernier.

Dans le cadre du plan de redressement des comptes de la sécurité sociale de novembre 1995, une réduction des dépenses de gestion de 1,5 milliard de francs a été demandée aux caisses de sécurité sociale pour 1996 et 2 milliards de francs en 1997.

Ce programme d'économie n'a que partiellement porté ses fruits puisque les dépenses de gestion administrative du seul régime général (près de 80 % du total) ont encore progressé de 2,20 % (+ 995 millions de francs) en 1996 et de 2 % (+ 936 millions de francs) en 1997.

La progression affichée pour 1998 traduit de surcroît une inflexion fâcheuse : + 2,7 % (+ 1,159 milliard de francs).

Il est proposé, dès lors que le Parlement est appelé à se prononcer sur les objectifs de dépenses dans le cadre du présent article, de rétablir cette préoccupation d'économie de gestion, en ramenant d'une part la progression des dépenses administratives à hauteur de la hausse des prix prévisionnelle pour l'année prochaine (soit un écrêtement des dépenses de 600 millions de francs) et en proposant un programme d'économies de 800 millions de francs.

Cet abattement sur les dépenses administratives des branches est opéré au prorata de ces dépenses, soit 1 milliards de francs pour la branche maladie-maternité-invalidité-décès, 250 millions de francs pour la branche assurance-vieillesse-veuvage et 150 millions de francs pour la branche famille.

Votre commission tient à souligner que le niveau des dépenses de gestion administrative des caisses n'est pas en lui-même exorbitant. Ainsi, pour le régime général, les dépenses de gestion administrative de la CNAMTS représenteraient, selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, 27 milliards de francs, pour un volume de dépenses total de 570 milliards de francs, soit 4,7 % de son budget.

En outre, ce que l'on qualifie de " gestion administrative " doit de plus en plus devenir une " gestion du risque " : or, si la gestion du risque a un coût, elle a aussi pour effet de générer des économies.

Cependant, au même titre que les administrations publiques et les entreprises privées, la sécurité sociale doit maîtriser ses coûts et il est de la responsabilité du Parlement de l'y inciter.

Cette incitation doit être de long terme et anticiper les évolutions à venir.

Ainsi, votre commission, dans ce souci, souhaiterait que, par redéploiement, le Gouvernement accepte de consacrer une enveloppe qui pourrait être de trois cents millions de francs au fonds d'orientation et de modernisation de la médecine libérale (FORMEL) en vue de favoriser le départ ou la réorientation des médecins libéraux qui le souhaitent.

En effet, avec l'accord des caisses et des syndicats médicaux signataires de la convention le FORMEL a mis en oeuvre un dispositif temporaire d'incitation au départ anticipé (dit " ADR "), ouvert aux médecins âgés de 56 à 60 ans et complétant le dispositif antérieur, ouvert à ceux de plus de 60 ans.

Ce dispositif est un succès. Il concernait déjà plus de 1.000 nouveaux médecins et l'objectif de 5.000 médecins au 1er janvier 2000 (date d'extinction du dispositif) semble en passe d'être atteint.

Mais ce dispositif a un coût. En 1997, il a été financé grâce à la " cotisation exceptionnelle 1996 " et aux réserves disponibles en début d'exercice (100 millions de francs). Ces deux sources de financement sont aujourd'hui éteintes.

Sauf à augmenter massivement les cotisations des médecins, les mesures prévues par l'ordonnance pour traiter la question de la démographie médicale resteront sans effet, au détriment de l'assurance maladie.

Le Gouvernement a prévu la création d'un fonds de modernisation des hôpitaux doté de 300 millions de francs, mais n'a pas pris les mesures nécessaires pour financer les dispositifs existants en faveur de la médecine libérale.

En outre, votre commission vous propose d'amorcer la nécessaire clarification des relations financières entre la branche famille et l'Etat.

Compte tenu de la situation financière relativement saine qui était la sienne par le passé, la CNAF a été amenée à prendre en charge pour le compte de l'Etat la gestion et le contrôle de certaines prestations. Ces frais de gestion sont compensés par l'Etat, s'agissant de certaines d'entre elles seulement et seulement partiellement.

Ainsi, la gestion du revenu minimum d'insertion ne donne lieu à aucune participation de l'Etat.

Cette prestation qui représente un coût total de 25 milliards de francs (prévision 1998) est perçue par plus d'un million de personnes alors que les prévisions établies au moment de la création du RMI évaluaient ce nombre à 300.000 environ ; elle est de surcroît particulièrement complexe à gérer : l'annexe b (p. 133, jointe au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998) précise que la CNAF doit effectuer un " contrôle systématique pour le RMI à raison de 15 % des allocations chaque année et de 1 % de l'effectif global chaque mois ".

Il est proposé d'amorcer pour 1998 une clarification des relations de l'Etat avec la branche famille dont l'ensemble des charges indues peut être évalué à plus de 4 milliards de francs.

Il est en effet paradoxal que la gestion et le contrôle du RMI soient financés par la branche famille et que le budget de l'Etat, qui s'élève à près de 1.600 milliards de francs dont 574 milliards de francs au titre des seuls moyens des services civils, soit dans l'impossibilité d'assurer cette charge par redéploiement de ses moyens.

Ce redéploiement devrait être grandement facilité par les économies substantielles pour le budget général qu'entraîne la suppression proposée du basculement de la CSG : l'Etat n'aura pas à compenser les conséquences de cette mesure sur le pouvoir d'achat des fonctionnaires (taxation à la CSG des primes exonérées de cotisation).

Votre commission propose en conséquence un abattement sur les dépenses de la branche famille à hauteur des frais de gestion du RMI ( - 1 milliard de francs ).

Au total, les dépenses de la branche maladie-maternité-invalidité-décès sont réduites de 4,5 milliards de francs (ONDAM compris), les dépenses de la branche vieillesse-veuvage de 0,3 milliard de francs (compte tenu des arrondis) et les dépenses de la branche famille majorées par contraction de 3,6 millions de francs.

Au total, les objectifs de dépenses s'établissent à 1.730 milliards, en diminution de 1,2 milliard de francs par rapport au projet de loi transmis par l'Assemblée nationale en dépit du maintien proposé par votre commission de l'universalité des allocations familiales.

Votre commission vous propose d'adopter cet article ainsi amendé.

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