IV. ENCORE PLUS TRIBUTAIRES DÉSORMAIS DE LA DOTATION DE L'ADEME, LES CRÉDITS DE PRÉVENTION DES POLLUTIONS ET DES RISQUES AUGMENTENT NÉANMOINS, À STRUCTURES CONSTANTES

A. LA PRÉPONDÉRANCE DES CRÉDITS DE L'ADEME

La dotation de l'ADEME (1834,10 MF) représente plus de 80 % (83,6) du total de l'agrégat 04 et mobilise plus de 90 % (94,2 %) de ses mesures nouvelles. Néanmoins, les crédits progressent, à structures constantes, de 9,6%.

Les trois principaux postes de dépenses concernent par ordre d'inportance les déchets, l'air et l'énergie.

1. La réorientation de la politique des déchets

Alors que le rendement des taxes sur les déchets perçues au profit de l'agence dépasse 1 milliard et demi de francs (1,33 milliard de francs pour les déchets ménagers et 0,165 milliard de francs pour les déchets industriels), les subventions d'investissement qu'elle doit accorder dans ce domaine n'atteindront que 811 millions de francs.

La différence sert, dans une large mesure, à financer les mesures nouvelles concernant l'énergie (voir plus loin)

La loi du 13 juillet 1992 relative aux déchets transposant en droit français une directive communautaire du 18 mars 1991 a prévu :

- à compter du 1er juillet 2002, la limitation du stockage aux seuls déchets ultimes et la valorisation de 75 % des emballages ménagers ;

- la création d'une taxe sur le stockage des déchets, déjà évoquée, qu'il est prévu d'intégrer dans la TGAP ;

- enfin, la mise en place de plans d'élimination des déchets.

Outre le fait que l'élaboration de ces plans a connu un retard important, il s'avère que leur contenu a :

- largement surestimé le recours à l'incinération

- sous estimé, en revanche, la mise en décharge

- insuffisamment privilégié les filières de recyclage et de compostage.

En conséquence, la politique gouvernementale en la matière a été réorientée vers des objectifs précisés par une circulaire du 28 avril 1998 qui tendent à

- la valorisation matière d'au moins la moitié des déchets collectés

- en conséquence, une stagnation globale à l'horizon 2005-2007 de la capacité d'incinération, par ailleurs modernisée, s'accompagnant d'une diminution des tonnages mis en décharge au profit d'un accroissement de la récupération de matériaux et du traitement biologique.

La réduction à la source et la valorisation sont encouragées par les mesures fiscales, déjà décrites, de la première partie de la loi de finances (augmentation de la taxe sur le stockage et TVA au taux réduit sur les opérations de collecte, de tri et de traitement...)

Par ailleurs, une réorganisation de la collective sélective est envisagée, notamment par une modification des barèmes d'Eco-emballages et Adelphe, afin que le "barème amont" versé par les conditionneurs incitent plus à la réduction des emballages et que le montant de l'aide versée aux collectivités locales ("barème aval") tienne compte du coût de la collecte sélective pour encourager cette filière.

Enfin, pour favoriser une meilleure mobilisation du Fonds de modernisation de la gestion des déchets (FMGD), le conseil d'administration de l'ADEME a adopté le 7 janvier 1998 de nouveaux taux d'aides qui favorisent notamment la valorisation, avec effet rétroactif au 1er janvier 1997. Désormais, les investissements de collecte séparative, de tri, de transfert ainsi que les déchetteries peuvent être aidés à hauteur de 50 % de leur montant, de même, le taux d'aide aux unités de compostage et de méthanisation des déchets organiques passent de 20 à 50 % si les déchets sont triés à la source.

A ces 811 millions de francs pour le financement d'opérations de recherche, de développement et de réalisation d'équipements de traitement des déchets ménagers et assimilés s'ajoutent 118,5 millions de francs pour le ramassage et l'élimination des huiles usagées.

2. La lutte contre la pollution atmosphérique

Au total, près de 400 millions de francs devraient être consacrés en 1999 à la lutte contre la pollution atmosphérique et à la mise en oeuvre de la loi sur l'air.

- Pour les réseaux de surveillance :

• 50 millions de francs d'aide au fonctionnement de leurs associations de gestion 13( * )

• 109,6 millions de francs pour leurs équipements (crédits ADEME).

- Pour la prévention et le traitement de la pollution :

• 159 millions de francs de subvention d'investissement de l'ADEME

- Pour des études et travaux divers :

• 60 millions de francs (chapitre 57-20- art.50)

- Enfin, pour la mise en place des outils de planification prévus par la loi :

• 11 millions de francs (plans régionaux pour la qualité de l'air, plans de protection de l'atmosphère, plans de déplacements urbains).

L' ADEME ne finance donc pas l'intégralité des mesures dans ce domaine.

Du fait de la durée des études préalables à l'implantation des capteurs et du temps nécessaire à la constitution, des associations compétentes, certaines agglomérations de plus de 100.000 habitants n'étaient pas surveillées à la date butoir du 1er janvier 1998 fixée par la loi, mais la plupart devraient l'être au 1er janvier 1999.

En revanche, le retard pris dans l'élaboration des plans de déplacements urbains, dont la loi impose la réalisation pour les agglomérations de plus de 100.000 habitants avant le 1er janvier 1999, semble plus préoccupant (aucune des 58 agglomérations concernées n'aura élaboré son plan à la fin de l'année 1998).

3. La relance des économies d'énergie et des énergies renouvelables

Il s'agit d'une des principales actions de ce budget qui lui consacre 333 millions de francs, dont 40 millions de francs au titre de la création de 100 emplois à l'ADEME et 293 millions de francs de subvention d'investissement inscrites au chapitre 67-30.

Les mesures correspondantes ont déjà été décrites en détail au chapitre premier.

On notera seulement que les 500 millions de francs (333 millions de francs au budget de l'environnement et 167 millions de francs à celui de l'industrie) équivalent, à peu de choses près, aux cessions d'actifs (534 MF) auxquelles le commissariat à l'énergie atomique est contraint de procéder pour financer ses dépenses de fonctionnement ou au solde de 460 millions de francs qui lui est nécessaire, compte tenu de l'insuffisance de la subvention qui lui est versée par l'Etat, pour financer ses investissements.

Or, aussi estimables que soient les énergies renouvelables, il est indéniable que l'avenir énergétique de la France dépend, dans une beaucoup plus large mesure, du nucléaire qui sans vouloir sous-estimer les difficultés liées à la maîtrise de ses techniques ou au stockage de ses déchets, présente des avantages indéniables (indépendance d'approvisionnement, absence de pollution de l'atmosphère).

Par ailleurs, la relance des économies d'énergies ne correspondent à aucune nécessité urgente dans le contexte économique actuel.

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