II. UN BUDGET POUR 1999 EN BAISSE

Le projet de budget de l'industrie pour 1999 s'élève à 15,282 milliards de francs contre 16,367 milliards dans la LFI pour 1998, ce qui représente une baisse de 6,6 %.

Toutefois, une telle baisse doit être appréciée au regard de deux modifications intervenues dans le périmètre de ce budget et sans lesquelles il aurait progressé de 1,1 %.

• En premier lieu, la réforme du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a pour conséquence le transfert, à hauteur de 1,562 milliard de francs, de la plus grande partie des crédits de personnel, de fonctionnement , d'informatique et d'équipements administratifs précédemment inscrits sur la section " industrie ", vers la nouvelle section " services communs et finances ". Ce regroupement de l'ensemble des dépenses de personnel et des moyens traduit la volonté gouvernementale d'assurer une gestion collective des personnels et des ressources.

• Par ailleurs, le budget de l'industrie pour 1999 intègre désormais les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH), auparavant comptabilisés dans un compte d'affectation spéciale (CAS). La budgétisation de ces crédits (280 millions de francs) se traduit par la clôture du compte d'affectation spéciale n° 902-12 et la création d'un nouvel article au sein du chapitre 62-92 (Actions dans les domaines de l'énergie et des matières premières).

Au total, les crédits inscrits au projet de budget de l'industrie ainsi " reformaté " sont en hausse de 1,56 % par rapport au budget pour 1998 auquel on aurait retranché les crédits de personnel et de fonctionnement et ajouté ceux du CAS " Fonds de soutien aux hydrocarbures ". Ils sont recensés dans le tableau ci-après :



Si toutefois, on procède de manière inverse en ajoutant au budget pour 1999 les crédits de fonctionnement transférés et en déduisant les crédits du FSH pour pouvoir comparer les budgets 1998 et 1999 à structure 1998 constante, les crédits de l'industrie pour 1999 s'élèvent à 16.564 millions de francs, soit une hausse de 1,1 % par rapport au budget pour 1998.

A. L'ABSORPTION DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT DU MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE PAR LE MINISTÈRE DES FINANCES

1. Les conséquences de la réforme du ministère de l'économie pour l'administration centrale du Secrétariat d'Etat à l'industrie

La réforme du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie annoncée en février dernier a été concrétisée au début du mois de novembre par la publication au journal officiel de 7 décrets et 14 arrêtés créant cinq nouvelles directions dont trois grandes directions transversales :

- la direction des affaires juridiques (DAJ) ;

- la direction des relations avec les publics et de la communication (DIRPCOM) ;

- la direction du personnel, de la modernisation et de l'administration (DPMA).

Ces trois directions sont destinées à renforcer l'unité et l'efficacité des services.

Par ailleurs, plusieurs directions opérationnelles sont réorganisées pour en simplifier le fonctionnement : la Direction générale des impôts intègre désormais le Service de la législation fiscale et la Direction générale de la comptabilité publique.

S'appuyant sur les conclusions du rapport commandé en été 1997 à Pierre Boisson et Jean-Claude Milleron sur " les missions, les méthodes de travail et l'organisation du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie ", M. Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a ainsi souhaité faire de ce grand ministère le " ministère de la production ".

a) Une dilution des moyens de fonctionnement au sein du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

La première conséquence de cette réforme pour le Secrétariat d'Etat à l'industrie est l' absorption de la plus grande partie de ses crédits de personnel, de fonctionnement, d'informatique et d'équipements administratifs par la nouvelle section " services communs et finances " du fascicule budgétaire du ministère de l'économie. Une telle absorption se traduit dans le " bleu " industrie par la suppression de tous les chapitres correspondant, à l'exclusion des chapitres relatifs à l'Autorité de régulation des télécommunications (ART). Cette dernière autorité étant une autorité administrative indépendante, le rattachement de ses crédits de fonctionnement à la section services communs et finances ne se justifie pas.

Seuls subsistent dans le titre III du " bleu " industrie les crédits de la 6 ème partie (subventions de fonctionnement à l'Agence nationale des fréquences, à l'enseignement supérieur des postes et télécommunications et aux écoles nationales supérieures des mines) et de la 7 ème partie (dépenses de fonctionnement de l'ART et dépenses et remboursements supportés par la France au titre de l'infrastructure pétrolière).

Au total, ce transfert porte sur 6.063 emplois et 1.532,6 millions de francs.

En conséquence de ce transfert, l'ensemble des emplois budgétaires, y compris ceux du secrétariat d'Etat à l'industrie (mais à l'exception de ceux de l'ART) sont regroupés dans le projet de loi de finances pour 1999, au sein de la section " services communs et financiers ".

Les intentions du gouvernement à travers ce transfert n'apparaissent pas claires : d'un côté, il déclare souhaiter assurer, par un tel regroupement des moyens, une gestion collective plus efficace des personnels et des ressources et réaliser des économies d'échelle, mais lorsque le montant des économies budgétaires attendues lui est demandé, il répond que sa volonté est de concrétiser " l'unicité du ministère ", et non de réaliser des économies.

Si la réforme orchestrée a pour objet de mieux gérer les personnels et les ressources dans une perspective de réduction de la dépense publique, il convient de s'en féliciter.

Toutefois, votre rapporteur considère qu' une telle dilution des crédits de fonctionnement du ministère de l'industrie au sein du grand ministère de l'économie et des finances traduit un manque de considération du gouvernement pour la politique industrielle de la France . Quelle autorité peut, en effet, avoir un ministre de l'industrie sur son administration quand il est privé de la gestion de son personnel ?

En tout état de cause, la fusion de tous les crédits de personnels et de fonctionnement dans un seul fascicule budgétaire rend très opaque la gestion de ces crédits et très difficile le contrôle du Parlement.

b) Une modification des structures administratives

La seconde conséquence de la réforme est la fusion de la Direction générale des stratégies industrielles (DGSI) et de la Direction des postes et télécommunications (DPT) dans une nouvelle Direction générale de l'industrie, des technologies de l'information et des postes (DGITIP).

Cette nouvelle direction est chargée par le décret n° 98-979 du 2 novembre 1998 de proposer et de mettre en oeuvre " les actions propres à créer un environnement favorable au développement de l'industrie en France, à développer la compétitivité industrielle du territoire français et à accroître la compétitivité internationale des entreprises industrielles et du secteur des postes et des télécommunications ". Elle propose également toute mesure concourant au développement de la recherche et de l'innovation et est responsable de la politique de normalisation. Enfin, elle concourt à la promotion du développement durable.

Cette nouvelle direction comprend six services :

• le service des industries manufacturières est chargé de suivre l'ensemble des industries de production ;

• le service des technologies et de la société de l'information est issu de la fusion entre le services des industries de communication et de services et le service des télécommunications ; un tel regroupement vise à tirer parti de synergies entre la direction générale des stratégies industrielles et la DPT ;

• le service des postes et des personnels des postes et télécommunications répond au souci d'avoir un très grand service chargé, d'une part des questions postales et, d'autre part, des questions relatives aux personnels et aux activités sociales de La Poste et de France Télécom ; il exerce la tutelle sur La Poste ;

• le service de l'environnement économique, international et de l'emploi résulte de la fusion entre le service des affaires économiques et internationales et le service du développement de l'emploi industriel. Il répond au souci d'utiliser les outils nationaux, communautaires et internationaux dans une logique de création d'emplois ;

• le service de l'innovation et de la qualité est chargé de favoriser le développement de la recherche industrielle et est responsable de la promotion de la qualité dans les entreprises, de la certification et de la politique de normalisation ;

• le service des études et des statistiques industrielles.

Par ailleurs, une direction des matières premières et des hydrocarbures est créée au sein de la Direction générale de l'énergie et des matières premières (DGEMP). Elle regroupe la direction des hydrocarbures et du service des matières premières et du sous-sol. Une telle fusion vise à tirer parti d'une culture commune marquée par les géosciences et la connaissance du sous-sol et de préoccupations analogues en matière de géopolitique et de sécurité d'approvisionnement. La nouvelle direction assurera la tutelle de l'Institut français du pétrole, du BRGM, d'EMC et de la SLN-Eramet.

Au total, le Secrétariat d'Etat à l'industrie ne coiffe plus que 4 directions contre 7 auparavant.

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