AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 comportait 36 articles dans le texte initial déposé par le Gouvernement. En première lecture, l'Assemblée nationale a introduit 12 articles additionnels tandis que le Gouvernement décidait de retirer l'article 26 du projet instituant une contribution exceptionnelle pour les entreprises pharmaceutiques.

Le Sénat a été ainsi saisi en première lecture d'un texte comportant 47 articles.

Lors de l'examen du projet de loi les 12, 16 et 17 novembre 1998, il a adopté 15 articles conformes, il a modifié 32 articles, dont 9 ont été supprimés, et a introduit 4 articles additionnels nouveaux.

Ces modifications importantes au texte adopté par l'Assemblée nationale ont traduit le souci du Sénat et de la commission des Affaires sociales :

- d'utiliser, dans le domaine de l'assurance maladie, les moyens disponibles à une adaptation de l'offre de soins de mettre en place un mécanisme de régulation des dépenses de santé simple, médicalisé, individualisé et efficace et de maintenir une véritable politique conventionnelle du médicament ;

- d'appeler à un projet cohérent et complet sur les retraites arrêtant l'ensemble des mesures structurelles nécessaires pour conforter les retraites par répartition à l'horizon des années 2005, mais incluant également les mesures permettant de faire cesser les déficits d'aujourd'hui, de clarifier la situation des régimes spéciaux, de définir enfin un véritable régime de retraite des fonctionnaires de l'Etat ;

- de traiter équitablement les familles, la situation excédentaire de la branche famille ne justifiant aucunement de nouvelles économies venant après les mesures d'une exceptionnelle gravité mises en oeuvre l'an dernier et, en premier lieu, la mise sous condition de ressources des allocations familiales abandonnée certes en 1999 mais au prix d'une aggravation des prélèvements fiscaux par le plafonnement du quotient familial ;

- d'affirmer la nécessaire clarification des relations financières entre l'Etat et la sécurité sociale, relations marquées actuellement par l'importance des charges indues -en gestion et en trésorerie- pesant notamment sur la branche famille et la remise en cause systématique par le Gouvernement du principe affirmé par la loi du 25 juillet 1994 d'une compensation intégrale des exonérations de charges sociales décidée par l'Etat.

La discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 a été l'occasion pour le Sénat de souligner la fragilité de l'équilibre financier présenté par le Gouvernement. Cet équilibre, de l'épaisseur d'un trait, repose en effet sur l'hypothèse d'une croissance forte des recettes -le volontarisme dans l'affichage de perspectives économiques optimistes 1( * ) ayant été préféré à la simple volonté de maîtrise des dépenses- et ne traduit pas l'assainissement de l'ensemble des branches de la sécurité sociale.

Ce débat a permis également de constater que le projet de loi était inabouti dans ces analyses, le Gouvernement renvoyant au premier semestre de l'année prochaine, après donc l'adoption de la loi de financement de la sécurité sociale pour cet exercice, un ensemble de réformes indispensables et urgentes : mesures structurelles dans le domaine des retraites, y compris la mise en place trop longtemps différée d'un mécanisme d'épargne retraite, institution d'une couverture maladie universelle ou réforme de l'assiette des cotisations sociales à la charge des employeurs.

Réunie le jeudi 19 novembre 1998, la commission mixte paritaire n'est pas parvenue à adopter un texte commun sur les dispositions restant en discussion en dépit du souhait de votre rapporteur d'aborder un certain nombre d'articles sur lesquels un accord apparaissait possible et souhaitable.

Lors de l'examen en nouvelle lecture le 26 novembre, l'Assemblée nationale a adopté 3 articles dans le texte du Sénat ( article 5 bis supprimant le prélèvement opéré par les services fiscaux sur certaines contributions perçues au profit des organismes de sécurité sociale, article 9 relatif à la taxation des boissons dites " premix " et article 11 ter relatif à la situation des collaborateurs occasionnels des services publics au regard des régimes de sécurité sociale).

A l'initiative de sa commission des Affaires culturelles, familiales et sociales mais aussi, contre l'avis de cette dernière et à la demande expresse du Gouvernement, l'Assemblée nationale est revenue à son texte de première lecture sur 15 articles et a supprimé 3 des 4 articles additionnels introduits par le Sénat (article 3 quater exonérant de charges sociales au titre de leurs salariés affiliés au régime agricole les associations d'aide à domicile, article 12 A réaffirmant la compensation intégrale des exonérations de charges consenties dans le cadre de l'incitation à la réduction du temps de travail et article 13 bis maintenant à 10 et 15 ans les majorations pour âge des allocations familiales ).

L'Assemblée nationale a en outre souhaité modifier le texte, adopté par elle en première lecture de 15 articles du projet de loi, s'inspirant parfois des orientations retenues par le Sénat (articles 24 et 25 du projet de loi) .

S'agissant de l'article 21 instituant des lettres-clés flottantes et des reversements à la charge des médecins libéraux, l'Assemblée nationale n'a modifié son texte de première lecture que pour satisfaire des préoccupations d'ordre cosmétique.

Enfin, à l'initiative du Gouvernement et, en dépit de la jurisprudence récente et explicite du Conseil constitutionnel ( cf. décision n° 98-402 DC du 25 juin 1998 ), l'Assemblée nationale a introduit un article additionnel 31 bis (nouveau) comportant un dispositif important de cessation anticipée d'activité ouvert aux salariés et anciens salariés des établissements de manufacture de l'amiante ou atteints d'une des maladies professionnelles liées à l'amiante.

Votre commission des Affaires sociales vous propose en nouvelle lecture de prendre acte des modifications adoptées par l'Assemblée nationale qui vont dans le sens des préoccupations exprimées par la Haute Assemblée et, pour le reste, de rétablir le texte adopté par elle en première lecture, ouvrant ainsi à l'Assemblée nationale, lors de la procédure du " dernier mot ", la possibilité d'un nouveau pas vers les positions du Sénat.

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