CHAPITRE III -

LA POSITION DE VOTRE COMMISSION

Votre commission se félicite que le Gouvernement ait pris en compte la nécessité d'élaborer un projet de loi d'orientation agricole. Le contexte international et communautaire, ainsi que la situation de notre agriculture française rendent en effet urgent la définition de nouvelles orientations dans ce secteur d'activité.

Néanmoins, votre commission souhaite " donner du souffle " à ce texte d'orientation agricole

I. UN TEXTE NECESSAIRE, MAIS TROIS CRITIQUES MAJEURES

A. DES CONSULTATIONS QUI N'ONT PAS DÉBOUCHÉ SUR UN PROJET SUFFISAMMENT AMBITIEUX

1. Une phase de consultations...

A l'instar des méthodes de travail mises en place par M. Philippe Vasseur, tant sur la loi d'orientation pour la pêche maritime et les cultures marines que pour le projet de loi d'orientation pour l'agriculture, la forêt et l'alimentation, le ministère de l'agriculture a engagé d'octobre 1997 à janvier 1998 une phase de consultations.

Le groupe de travail, créé à l'automne 1997, composé de représentants de l'ensemble des organisations professionnelles, des syndicats, d'associations de consommateurs ou du cadre de vie devait " être le lien d'un large débat entre toutes les parties prenantes pour élaborer un projet de loi qui, au-delà du secteur agricole et agro-alimentaire, s'adresse à l'ensemble de la société, a achevé ses travaux le 22 janvier 1998.

2. ...Qui n'a pas abouti à un projet assez global

Votre rapporteur a bien noté que le Gouvernement souhaite dissocier le secteur agricole du secteur forestier, un projet de loi d'orientation forestière devant être présenté au Parlement dans les mois à venir.

Néanmoins, votre commission constate :

- tout d'abord, que le projet de loi, initialement composé de 64 articles en regroupe près du double après l'examen du texte en séance publique à l'Assemblée nationale. Certes, le Gouvernement peut-il arguer qu'il laisse ainsi s'exprimer la volonté du législateur. Votre rapporteur est plus enclin à penser que le projet initial du Gouvernement s'est avéré nettement trop réducteur par rapport aux ambitions et aux objectifs annoncés ;

- de plus, de nombreux volets importants manquent au projet de loi ou s'avèrent très lacunaires. Ainsi, l'aspect économique de l'agriculture est évoqué sans pour autant être encouragé. D'ailleurs, l'absence et le refus du terme " entreprise " est révélateur de la démarche du Gouvernement. Or, si les dimensions territoriale, sociale et environnementale de l'agriculture sont essentielles, seule la naissance d'un véritable droit de l'entreprise agricole, pourra faire évoluer et changer les mentalités. Votre rapporteur regrette ainsi le silence de ce texte sur le statut des droits à produire, sur la création éventuelle d'un fonds agricole et sur le statut du bail rural 19( * ) . Cette démarche qui consiste à ignorer les difficultés tant que la situation n'est pas devenue insupportable aura des conséquences néfastes à court terme pour l'ensemble de notre secteur agricole.

En outre, le texte ne prévoit quasiment aucune disposition fiscale : or, comment peut-on orienter notre agriculture sans clarifier la fiscalité agricole ?

Enfin, le volet " qualité sanitaire " s'est avéré nettement insuffisant et confus, surtout après l'examen du texte par l'Assemblée nationale. En effet, d'une part, certaines dispositions, telles que l'instauration d'une IGP autonome, risque d'accentuer une complexité déjà fort importante en ce domaine et de ne pas apparaître pour le consommateur comme un véritable progrès qualitatif ; d'autre part, les mesures relatives à la biovigilance et aux produits antiparasitaires introduites, à la hâte, par l'Assemblée nationale se révèle non seulement d'une redoutable complexité mais aussi constituent un formidable danger qui pourrait à terme créer dans le meilleur des cas confusion dans l'esprit du public et dans le pire, fragiliser tout le système de protection sanitaire des denrées destinées à l'homme et à l'animal.

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