II. LES CONCLUSIONS DE CETTE MISSION D'INFORMATION

A. LE DÉFICIT STRUCTUREL DES MAISONS DE RETRAITE

La situation financière de l'ONAC est délicate. Certes, le déficit d'exploitation apparu deux années consécutives en 1996 et 1997 a disparu en 1998. Toutefois, cette amélioration a été en partie obtenue en renonçant à certains investissements. L'équilibre budgétaire reste donc précaire, en raison du déficit structurel d'exploitation des maisons de retraite de l'ONAC.

Les causes de ce déficit sont anciennes. L'accueil des anciens combattants âgés a toujours été considéré par l'ONAC comme une forme d'action sociale individuelle. En conséquence, la recherche de l'équilibre financier n'était pas la priorité d'autant que la relative aisance de l'ONAC permettait de prendre en charge le déficit des maisons de retraite.

Toutefois, ces dernières ont été peu à peu confrontées à un alourdissement des coûts de fonctionnement lié au vieillissement des pensionnaires. Or, lorsque la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales a institué les sections de cure médicale financées par la sécurité sociale, l'ONAC, afin de préserver son indépendance, n'a pas demandé d'agrément auprès de la sécurité sociale.

Cette politique a eu deux effets pervers. D'abord, elle a pénalisé les ressortissants dépendants qui doivent prendre en charge le surcoût lié à leur dépendance. Ensuite, elle a conduit le conseil d'administration de l'ONAC à fixer un prix de journée sans relation avec la réalité des coûts. Le déficit des établissements s'est donc aggravé tandis que les investissements nécessaires pour l'entretien et la rénovation des bâtiments des maisons de retraite n'étaient pas réalisés.

L'adoption de la loi du 24 janvier 1997 instaurant une prestation sociale dépendance oblige l'ONAC à intégrer les dispositifs de droit commun. En effet, cette loi prévoit que pour continuer à accueillir des personnes âgées dépendantes, les établissements devront avoir signé des conventions tripartites établissements/assurance maladie/conseils généraux. Au préalable, les maisons de retraite doivent remplir des conditions en matière de personnel de soins, de sécurité et d'habilité.

Or, en 1994 le coût de la rénovation en profondeur des maisons de retraite de l'ONAC avait été évalué à 360 millions de francs. Faute de disposer des crédits suffisants, l'ONAC doit concentrer ses efforts financiers sur les maisons de retraite les plus rentables. Ainsi, depuis 1998, cinq maisons ont été fermées et des décisions doivent rapidement intervenir sur l'avenir de cinq autres établissements.

B. LE PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ DES ÉCOLES DE RÉÉDUCATION PROFESSIONNELLE

En ce qui concerne les écoles de rééducation professionnelle de l'ONAC, à l'exception de celle de Béziers, leur gestion est équilibrée même si elle peut faire apparaître un déséquilibre temporaire en raison du décalage dans le versement de la participation financière des DDASS.

En revanche, se pose la question de la légitimité du maintien de ces écoles parmi les activités de l'ONAC alors que ses ressortissants ne représentent que 1,06 % des effectifs, contre 88,6 % pour les stagiaires travailleurs handicapés. C'est la raison pour laquelle il est indispensable que les écoles de rééducation professionnelle soient associées à la reconversion des militaires de carrière. Une convention cadre a déjà été signée entre le ministère de la défense et l'ONAC dans ce sens. Il faut maintenant qu'elle se concrétise par l'augmentation du nombre des militaires accueilli dans les écoles de rééducation professionnelle. Les écoles, mais également l'administration centrale de l'ONAC doivent donc se rapprocher des services chargés de la reconversion au ministère de la défense afin de se faire connaître auprès des militaires.

C. UNE MODERNISATION DE LA GESTION INDISPENSABLE

L'ONAC doit impérativement moderniser sa gestion. Alors que ses missions sont diverses et font intervenir de nombreux intervenants, son budget est peu transparent et ne permet pas de distinguer les actions du service central, de celles des services déconcentrés, des écoles de rééducation ou des maisons de retraite. L'ONAC doit donc créer des services ayant une comptabilité distincte de la comptabilité générale. Cette organisation aura l'intérêt de dégager un résultat propre pour chaque service.

Par ailleurs, l'administration centrale ne dispose d'aucune information pertinente sur l'exécution du budget. L'ONAC ne dispose pas d'élément chiffré sur le rendement de ses services. Il est donc urgent de développer un véritable contrôle interne de gestion qui autorise un suivi précis des dépenses et permette d'analyser le coût des missions accomplies et l'efficacité des différents services.

L'ONAC doit améliorer sa politique d'investissement en effectuant un recensement exhaustif de son parc immobilier, des besoins rencontrés, et en établissant une programmation précise et pluriannuelle des travaux à réaliser.

Ces réformes structurelles ne pourront être réalisées sans une politique active de formation du personnel de l'ONAC. Ainsi, la fonction de directeur de maison de retraite a fortement évolué et exige de nos jours des qualifications en matière de gestion et de ressources humaines qui font souvent défaut au personnel de l'ONAC. D'une manière générale, il serait nécessaire d'accentuer le repyramidage des emplois afin de renforcer la qualification du personnel.

D. LA NÉCESSITÉ D'ANTICIPER L'AVENIR À LONG TERME

L'avenir à court terme de l'ONAC est assuré puisque les associations d'anciens combattants ont obtenu un renforcement de ses missions et de ses moyens financiers en contrepartie de l'intégration du secrétariat d'Etat au ministère de la défense. Toutefois, l'ONAC ne pourra pas échapper à une réflexion à plus long terme.

En effet, la diminution prévisible du volume de son activité à partir de 2002 liée à la baisse du nombre des ressortissants aura inévitablement des conséquences sur son organisation.

Votre rapporteur a proposé quelques pistes de réflexion comme le renforcement de la coopération entre les directions locales d'action sociale du ministère de la défense et les services départementaux de l'ONAC, ou encore le regroupement dans un même local des délégués militaires départementaux et des services départementaux de l'ONAC. Ces mutations doivent être préparées en collaboration avec les ministères de tutelle de l'ONAC et les associations d'anciens combattants.

En effet, c'est en anticipant ces évolutions inéluctables aue l'ONAC assurera la pérennité de son action et effectuera une entrée réussie dans le XXIème siècle

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