c) L'attraction américaine

Les États-Unis ont exercé et continuent d'exercer une forte attraction sur les économies européennes. Un certain nombre de personnes entendues par la mission l'ont dit sous une forme ou sous une autre.

Ainsi, M. Marc-Antoine Autheman, directeur général de Crédit agricole Indosuez, a-t-il indiqué que, pour des raisons, semble-t-il conjoncturelles, les États-Unis sont devenus un gigantesque importateur de capitaux, comme en témoigne le mouvement d'exportation de capitaux de l'Europe et du reste du monde vers les États-Unis.

Toute la question est de savoir, selon lui, si nous sommes dans un cycle ou face à un phénomène de dégradation structurelle de la compétitivité de l'Europe par rapport à celle des États-Unis. Sur les 5 dernières années, l'écart de rendement du capital des 200 premières capitalisations mondiales, qui représentent près des ¾ de la capitalisation boursière mondiale, est de plus de 5 points entre les États-Unis et le reste du monde. Il y a donc bien un phénomène de supériorité de la rentabilité du capital aux États-Unis .

Une autre personne entendue par la mission, M. Jean-Paul Betbeze, directeur des études écocomiques et financières du Crédit Lyonnais, a souligné que, lorsque certaines économies voient leur produit intérieur brut augmenter d'environ 3 % par an, tandis que d'autres connaissent une croissance de l'ordre de 2 %, on comprend que les États-Unis qui « nous ont mis 1 point de croissance dans la vue », soient à l'origine d'un « appel d'air », pour les facteurs de production sous toutes leur formes, hommes, capitaux mais aussi brevets et innovations...

Enfin, M. Michel Didier, directeur du centre de recherche sur l'expansion de l'économie et le développement des entreprises (REXECODE) a évoqué le cas particulier des nouvelles technologies. « Au début des années 1990, ces nouvelles technologies représentaient 5 % du PIB en France et 6 % aux États-Unis. Aujourd'hui, leur part n'est que de 5,1 % du PIB en France (il faut dire que le prix de ces produits a baissé) contre 8,5 % aux États-Unis. On voit bien que l'écart s'est accru. S'il n'y a pas eu rattrapage mais au contraire divergence, c'est dans une certaine mesure, selon lui, parce qu'une partie des capacités créatives françaises s'est expatriée aux États-Unis. Ce n'est pas, à la base, un problème de fiscalité, mais plutôt le reflet de l'attractivité américaine, cet avantage du « premier arrivé » bénéficiant à plein des effets de réseau et d'échelle. »

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