M. Bruno Chetaille, président-directeur général de Télédiffusion de France (TDF)

L'intervention de M. Noël me conforte dans mon analyse.

Prévoir le futur c'est d'abord analyser les tendances passées. Une telle analyse conduit à deux conclusions.

- Le marché de la télévision est un marché d'addition et non de substitution. Ne soyons pas malthusien.

- L'audiovisuel est un marché à cycles longs. Donnons-nous le temps de juger les réussites.

Concernant le premier constat, beaucoup ici se souviennent des débuts des années 1980 où l'on annonçait la mort de l'hertzien au bénéfice du câble, puis ceux des années 1990 où l'on prédisait la disparition du câble au profit du satellite.

Rien de tout cela ne s'est produit car ces supports sont en fait complémentaires. Leur complémentarité se lit aisément selon des critères variés tels le potentiel de couverture géographique, le nombre de chaînes possibles etc. Les éditeurs souhaitent maximiser leur exposition. Ils recherchent naturellement le meilleur moyen d'y parvenir en optimisant leur distribution sur les différents supports.

Concernant le deuxième constat, le cycle de l'innovation audiovisuelle se reproduit selon le même rituel et se déroule sur une période de quinze à vingt ans.

La première phase est celle du laboratoire et de la normalisation. Aujourd'hui elle concerne les techniques de mobilité et de coopération entre réseaux de diffusion et de télécommunication.

La deuxième est celle de l'expérimentation. La diffusion par ADSL en est à ce stade.

La troisième est celle du lancement opérationnel ; la TNT a atteint cette phase.

La quatrième phase est celle de la consolidation avec son lot de recomposition et d'ajustement. Le câble et le satellite en sont à ce niveau avec une redéfinition en cours du jeu des acteurs. Tout cela aboutit enfin à la maturité que connaît la diffusion analogique.

Je suis donc confiant dans le développement de la TNT qui poursuit notamment ce cycle.

Le cadre législatif et réglementaire existe même si on peut regretter sa complexité sur certains aspects.

Les problèmes techniques sont maîtrisés.

L'offre se définit progressivement. Une étape clé va être franchie avec la signature de conventions entre le CSA et les chaînes présélectionnées.

Le « relancement » de la TNT en Grande-Bretagne est encourageant. 30 000 décodeurs sont vendus en moyenne chaque semaine depuis novembre. Le lancement à Berlin est également un succès.

Ce qui nous manque le plus ne coûte rien. C'est, d'une part, la confirmation d'une date officielle de lancement permettant de focaliser les énergies, d'autre part la mise en place d'une structure pour organiser la coordination entre les acteurs.

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