IV. UNE SOCIÉTÉ EN TRANSITION

A. DES INÉGALITÉS SOCIALES CONSIDÉRABLES

Malgré l'importance des richesses naturelles que possède ce pays et la croissance des revenus enregistrée ces dernières années, la pauvreté touche une large part de la population. Le salaire moyen en Russie est de 200 euros par mois et il est souvent bien inférieur à cette somme en dehors de la capitale.

Les inégalités sociales existent. Ainsi, en 2000, l'écart de revenu entre les 10 % de Russes les plus riches et les 10 % les plus pauvres était égal à 14. Comme l'a souligné M. Yvan Materov, vice-ministre du développement économique et du commerce de la Fédération de Russie, cette dispersion des revenus n'est pas plus importante que celle constatée aux Etats-Unis. Pourtant, entre 25 et 35 % de la population vivrait en dessous du seuil de pauvreté.

Ce qui est plus frappant, en revanche, est la différence de niveau de vie entre une frange très aisée de la population communément appelée les « nouveaux Russes » qui a su profiter de la transition pour obtenir des responsabilités dans les secteurs porteurs et une écrasante majorité de Russes qui semble vivre encore d'expédients . C'est pour les premiers que se développent les magasins de luxe (mode, maroquinerie, parfumeries ...), les enseignes d'équipement pour la maison (cuisines, salles de bain...), principalement dans la capitale. Comme nous l'ont fait observer plusieurs interlocuteurs rencontrés lors du déplacement, l'argent en Russie se montre sans retenue, s'exhibant d'autant plus facilement que les différences sociales, qui existaient pourtant sous le régime soviétique (au profit de la nomenklatura et des apparatchiks) ont longtemps été dissimulées et niées.

Les catégories sociales qui connaissent les plus grandes difficultés sont celles qui étaient rémunérées par l'Etat et qui ont dû subir les conséquences de l'impécuniosité de ce dernier : militaires, fonctionnaires, enseignants, professionnels de la santé et chercheurs. Ceux-ci doivent le plus souvent cumuler plusieurs petits emplois à côté de leur activité principale pour survivre. Cependant, leur revenu tend à s'améliorer grâce à la récente réévaluation des traitements. Les retraités sont également dans une situation difficile en raison de la faiblesse des pensions. Si l'âge de la retraite est peu élevé en Russie (55 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes), la plupart des retraités sont contraints de garder un travail d'appoint pour conserver leur niveau de revenu.

Cependant, la crise économique de 1998 semble avoir plongé la majorité des russes dans des difficultés quotidiennes, les obligeant le plus souvent à recourir à la « débrouille » pour s'en sortir. A cet égard, il convient de noter l'apport substantiel que représente l'économie domestique . La culture du lopin de terre à la campagne ou à la périphérie des grandes villes assure, bien souvent, l'approvisionnement en produits frais des familles.

Si l'on ne peut encore parler de l'existence d'une classe moyenne en Russie, l'apparition de grands magasins occidentaux (Ikéa, grands magasins alimentaires..) à la périphérie des villes prouve néanmoins qu'elle est en voie de constitution, corollaire de l'émergence d'une société de consommation à laquelle le plus grand nombre aspire.

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