II. LE SECTEUR DES TRANSPORTS

A. LE RÉSEAU ROUTIER

1. Un réseau d'importance inégale et en mauvais état

Le réseau routier russe est assez étendu , puisqu'il compte 908.600 kilomètres de routes et chemins, dont 611.500 kilomètres possèdent un revêtement en dur. Ces quelques 611.000 kilomètres relèvent, pour l'essentiel, du réseau territorial (46.900 kilomètres de routes fédérales, 546.400 kilomètres de routes territoriales et 316.000 kilomètres de routes privées).

Cette taille relativement importante ne doit pourtant pas faire oublier les fortes variations de sa densité selon les régions . Ainsi, si cette densité atteint 184 kilomètres pour 1.000 kilomètres carrés dans la région centrale européenne, elle n'est plus que de 5,5 kilomètres pour 1.000 km² dans la région de l'Extrême-Orient. En outre, 28.000 villages, représentant une population de 15 millions d'habitants, ne sont desservis que par des pistes . Enfin, il convient de rappeler qu'une bonne partie du réseau routier est complètement impraticable pendant l'hiver. Les besoins en équipements routiers restent donc importants.

Par ailleurs, la qualité du réseau reste médiocre . De fait de l'absence d'autoroutes et de l'insuffisance des routes à deux fois deux voies, la circulation routière est dangereuse. En outre, selon des données officielles, un tiers du réseau exploité requiert des réparations importantes et urgentes. Il en est de même pour les ouvrages d'art, dont 5 % ont dû être fermés pour des raisons de sécurité, 40 % nécessitant de grosses réparations et 40 % des mesures d'entretien courant.

Enfin, la plupart des routes russes n'apparaissent pas conformes aux normes internationales applicables, qui imposent de pouvoir supporter un poids maximal sur essieu de 10 %, alors que les trois-quarts du réseau russe ont été construits pour un poids maximal de 6 tonnes.

2. L'essor du transport routier de marchandises

Alors même qu'il n'a jamais connu un développement important en Russie, en raison de la prédominance du fret ferroviaire, le transport routier marchandises enregistre aujourd'hui une certaine progression , après un net recul entre 1990 et 1998. Certes, sur le marché intérieur, il ne concerne encore que de courtes distances. En outre, son développement à l'international est entravé par la lourdeur des formalités douanières à accomplir aux frontières, y compris au sein de la CEI. Il convient, à cet égard, de souligner que seulement 25 % des échanges routiers avec la Russie sont assurés par des Russes.

Pourtant, le transport routier devrait connaître un développement dans les prochaines années , compte tenu de la progression du commerce avec l'Union européenne. En effet, 80 % des échanges de marchandises avec les pays européens transitent par la route. Il importe, à cet égard, de noter que les autorités fédérales russes ne semblent pas favorables à un développement excessif du transport routier. M. Sergueï Frank, ministre russe des transports, a indiqué aux membres de la délégation sénatoriale que la Russie était bien consciente de la volonté de l'Union européenne de désengorger les routes et se montrait soucieuse de faire prévaloir l'intermodalité . La place qu'occupe le secteur ferroviaire dans le système russe de transport est, de ce point de vue, un atout.

3. Une modernisation du réseau en marche

De nombreux projets ont été élaborés en vue de développer et de moderniser le réseau routier russe. En février 2001, le gouvernement fédéral a adopté un programme de modernisation du système de transports pour la période 2002-2010 , dont le sous-programme « routes » prévoit notamment la construction ou la réhabilitation complète de 10.000 kilomètres de routes fédérales, incluant la mise en deux fois deux voies de 3.700 kilomètres, l'entretien et la réparation de 46.000 kilomètres de routes fédérales et de 268.000 kilomètres de routes territoriales. Ce programme affiche également comme objectif la diminution de 10 à 15 % du nombre d'accidents.

Sa mise en oeuvre représente un besoin en financement estimé à 68 milliards de dollars.

Les priorités des autorités fédérales mettent l'accent sur la nécessité de réaliser les couloirs de transports transeuropéens . C'est à ce titre que la section Moscou-Nijni-Novgorod est aujourd'hui en cours de réhabilitation.

Des initiatives d'envergure sont, par ailleurs, prises par certaines autorités régionales. Il en est ainsi de l'oblast d'Irkoutsk et de la ville de Sourgout, qui financent la construction de ponts.

D'autres projets émanent du secteur énergétique, liés à la nécessité de construire des routes longeant les oléoducs.

Compte tenu de ses capacités financières limitées (les dépenses consacrées à la routes s'élèvent à 1,48 % du PIB sur l'année 2002-2003), la Russie fait largement appel aux organismes financiers internationaux pour le financement de ses infrastructures routières.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a ainsi récemment accordé deux prêts de 229 et de 290 millions de dollars en vue de la réalisation du périphérique de Saint-Pétersbourg et de la construction d'un tronçon manquant sur la route « Amour ». La Banque mondiale devrait, quant à elle, consentir en 2004 un prêt de 250 millions de dollars en vue de la réhabilitation des tronçons détériorés de la route fédérale « Don » (Moscou-Voronej-Rostov-sur-le-Don-Krasnodar-Novorossisk). Enfin, un prêt auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI) est actuellement en cours de négociation en vue de la modernisation du corridor transeuropéen entre Elbong (Pologne) et Kaliningrad, ainsi que de la construction de deux ponts.

La Russie s'intéresse également à l'instauration de péages routiers, visant à faire contribuer les usagers au financement des infrastructures de transports. Dans ce domaine, l'expérience française est une référence pour les Russes, comme l'a rappelé aux sénateurs M. Sergueï Frank, ministre des transports de la Fédération de Russie. Cependant, ce dernier a aussi considéré que la mise en place de péages n'était envisageable que lorsque la densité de circulation était suffisante, c'est à dire dans les régions centrales de la Russie.

Ainsi, un décret présidentiel de 1999 autorise les routes à péages. Par ailleurs, un projet de loi sur la mise en concession est en préparation. Plusieurs sections de routes à péages font déjà l'objet d'une exploitation. Quant aux projets, ils concernent notamment une nouvelle section autoroutière entre Moscou et Saint-Pétersbourg et une section de l'autoroute « Don ».

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