B. LE SECTEUR FERROVIAIRE

1. Un réseau dense au rôle stratégique

Le réseau ferroviaire russe s'étend sur 86.700 kilomètres , dont 62.000 kilomètres utilisables pour le transport de marchandises. La Russie occupe ainsi le premier rang du monde pour la longueur de son réseau électrifié.

Les chemins de fer occupent, dans ce pays, une place prépondérante dans le système des transports . Ils assurent 78 % du trafic de marchandises et 41 % du trafic de passagers, ce qui les place, dans ces deux catégories, au troisième rang mondial (derrière les Etats-Unis et la Chine dans le premier cas et derrière le Japon et l'Inde pour les passagers). A lui seul, le secteur ferroviaire assure 2 % du PIB russe.

Enfin, il convient de rappeler qu'historiquement, le train a joué un rôle majeur dans la maîtrise du territoire et dans son aménagement. Ainsi, le chemin de fer transsibérien est venu conforter le tracé d'une grande route jalonnée par les postes des pionniers envoyés à la conquête de la Sibérie.

2. Un secteur néanmoins fragilisé

Le secteur ferroviaire enregistre d'importants déficits financiers dans son activité de transports de voyageurs . Imputables à l'attribution de nombreux tarifs sociaux, ces déficits étaient traditionnellement compensés par la rentabilité de l'activité fret. Cependant, les autorités fédérales refusent désormais la pérennisation de cette compensation et ont décidé une réévaluation progressive des tarifs (+ 25 % en 2002), qui a pour effet de diminuer le nombre de clients et d'aggraver, au moins temporairement, les difficultés financières.

Par ailleurs, la réhabilitation du réseau est une nécessité . 900 kilomètres de voies ont ainsi été rénovés en 2001. Compte tenu des moyens limités, l'affectation des ressources disponibles se concentre surtout autour de Moscou, la première ligne concernée étant celle qui relie la capitale à Saint-Pétersbourg.

Cette réhabilitation s'accompagne d'un souci de modernisation . Ainsi a été engagée en 1999 l'informatisation des seize parties du réseaux qui n'étaient pas reliées entre elles, afin de permettre la délivrance de billets sur de longues distances. De même, les projets d'introduction de trains à grande vitesse se développent. Le premier est prévu pour la ligne Moscou-Saint-Pétersbourg. Des investissements sont également prévus sur la ligne transsibérienne et ses prolongements (Baïkal-Amour-Magistral). Une ligne vers la Corée devrait ainsi être construite, alors qu'est envisagée la construction d'un tunnel ferroviaire entre l'île de Sakhaline et le continent. Cependant, les projets sont freinés par le manque de financements.

Enfin, il convient d'ajouter la nécessité de renouveler le matériel roulant , le plus souvent vétuste. L'équivalent de 800 millions d'euros devrait être consacré à des achats. Des partenariats se nouent entre industriels russes et fournisseurs étrangers (Talgo, ADTranz...).

3. Une libéralisation en cours

Ce n'est que depuis peu qu'une évolution est envisagée pour le secteur ferroviaire. Compte tenu de son caractère stratégique pour les transports en Russie, un décret de 1993 en interdit même la privatisation. Les chemins de fers russes sont encore aujourd'hui dirigés par un ministère particulier .

Pourtant, les difficultés économiques du secteur et la nécessité d'attirer des investisseurs privés ont conduit à l'élaboration d'un programme de réforme dont le principe a été approuvé en 2001 et qui a été traduit dans un paquet de quatre lois adoptées au début de l'année 2003.

Ce schéma de réforme prévoit de manière progressive :

- la séparation des fonctions de régulation , confiées à l'Etat et des fonctions économiques , attribuées à une société publique, dénommée « Chemins de fer de Russie » (« RJD »), qui regroupe les 16 réseaux ferroviaires que compte le pays  ;

- la distinction, au sein des fonctions économiques, entre les différents types d'activités (transport de passagers, fret...) par la création de filiales ;

- à plus long terme, l'ouverture à la concurrence entre transporteurs . Il convient, à cet égard, de noter qu'une partie du transport ferroviaire de marchandises est déjà effectuée par des sociétés privées.

Dans le domaine du fret, est en outre programmé un rapprochement des tarifs internationaux et internes, par une réévaluation de ces derniers, ce qui inquiète le lobby des industriels, notamment de la métallurgie.

Ainsi, ce projet ne bouleverse pas fondamentalement l'architecture du secteur, un monopole succédant, pour l'heure, à un autre. En outre, l'option plus radicale d'une séparation entre l'infrastructure, qui aurait été maintenue dans le giron de l'Etat et le transport, n'a pas été retenue.

Il reste que cette réforme aura des conséquences sociales et budgétaires non négligeables , puisque le nombre d'employés du secteur serait réduit de 1,5 à 1 million, la charge financière de ces suppressions d'emplois (versement de compensations aux différents fonds pour l'emploi) incombant à l'Etat fédéral. Il n'y a cependant pas de réactions des syndicats de cheminots, qui sont peu influents en Russie.

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