2. Le renforcement de l'influence russe dans l'espace ex-soviétique

La faiblesse des structures de la CEI n'est en rien un obstacle au renforcement de l'influence russe dans l'ancien espace soviétique. Celle-ci résulte en effet beaucoup plus de la politique pragmatique de Vladimir Poutine qu'au recours à des mécanismes d'intégration régionale.

Si la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan ou le Tadjikistan ont toujours entretenu des liens très étroits avec Moscou, d'autres pays où s'exprimait une volonté d'indépendance ont réorienté ou rééquilibré leur politique. La Russie en a retiré de nombreux avantages sur le plan de ses relations économiques avec ses voisins, en particulier en matière énergétique.

C'est particulièrement le cas de l' Ukraine , deuxième pays de la CEI par sa population (48 millions d'habitants), dont la volonté de rapprochement avec l'Union européenne et l'OTAN pouvait inquiéter Moscou. Cette perspective est aujourd'hui ralentie, compte tenu de la politique controversée du président Koutchma, contesté à l'intérieur et isolé au plan international. La Russie a en revanche mis cette conjoncture à profit pour opérer un rapprochement avec Kiev. Vladimir Poutine a proposé à Leonid Koutchma d'assurer la présidence de la CEI l'an passé. Surtout, un important accord bilatéral a été signé en octobre 2002 entre Gazprom et son homologue ukrainien pour la gestion en commun du gazoduc traversant l'Ukraine. Moscou a également obtenu un droit de regard sur l'oléoduc Odessa-Brody. Ces infrastructures représentent un enjeu stratégique pour la Russie, puisqu'elles conditionnent leurs exportations énergétiques.

Le succès communistes aux élections de 2001 en Moldavie a réorienté la politique de ce pays envers la Russie, bien qu'il n'ait pas accéléré le règlement du contentieux de la Transnistrie, l'évacuation des munitions russes situées dans les anciens dépôts de la 14 ème armée soviétique n'étant toujours pas achevée.

L' Ouzbékistan , qui s'était largement tourné vers les Etats-Unis lors de la guerre d'Afghanistan, a renforcé son partenariat avec la Russie dans le cadre de la lutte antiterroriste, à la suite des attentats perpétrés par des islamistes radicaux. L'Ouzbékistan a dès lors manifesté son soutien à la politique de Moscou dans le conflit tchétchène et a développé une coopération militaire avec la Russie et les partenaires de cette dernière au sein du traité de Tachkent. Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité, l'Ouzbékistan coopère également depuis 2001 avec la Russie, la Chine et les trois Etats d'Asie centrale frontaliers de cette dernière au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai.

Alors que la Russie a pour allié traditionnel l'Arménie, la Russie est parvenue à améliorer ses relations avec l' Azerbaïdjan . Dans le domaine énergétique, où s'exerçait une forte rivalité, notamment en raison du projet d'oléoduc Bakou-Ceyhan, soutenu par les Etats-Unis et reliant l'Azerbaïdjan et la Turquie, via la Géorgie, des accords ont pu être conclus par la compagnie russe Loukoil. Des coopérations ont également été conduites en matière militaire, avec une aide russe à la défense antiaérienne azérie et l'obtention par Moscou du maintien de sa station de surveillance radar de Gabalin, à laquelle elle attachait une grande importance.

Seule les relations avec la Géorgie demeurent réellement pour la Russie un motif de difficulté parmi ses différents partenaires de la CEI. La Russie a longtemps reproché à Tbilissi l'utilisation de son territoire, dans les gorges de Pankissi, comme base de repli pour les rebelles tchétchènes. Moscou soutenait en outre les autorités séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud et a accordé la citoyenneté russe à une majorité d'habitants de ces deux régions. Enfin, le calendrier d'évacuation des deux dernières bases militaires russes n'est toujours pas fixé.

On mesure encore mal l'incidence qu'aura le remplacement du président Chevarnadzé, dont les relations avec Moscou étaient très dégradées, par Mikhaïl Saakachvili, considéré comme proche des Etats-Unis. Le nouveau président a manifesté son attachement résolu à l'intégrité territoriale de la Géorgie tout en semblant vouloir adopter une attitude plus pragmatique envers la Russie. On a pu observer que cette dernière avait facilité, il y a quelques semaines, une solution pacifique en Adjarie. Mais les sources de tensions subsistent, rendant la situation assez volatile.

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