C. DES PRIORITÉS AXÉES SUR L'ENVIRONNEMENT PROCHE

Dans les toutes premières années qui ont suivi la dislocation de l'Union soviétique, la Russie a défini ses relations avec « l'étranger proche » comme l'une des toutes premières priorités de sa politique étrangère.

Les relations avec les 11 autres pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI), créée en décembre 1991, sont complexes. Ces pays ne forment pas un ensemble homogène et la CEI elle-même constitue un cadre très lâche, « à géométrie variable » selon que l'on traite de sécurité ou d'économie. Si l'on a pu s'interroger, vers la fin de la décennie précédente, sur l'impact des forces centrifuges au sein de la CEI, compte tenu de l'attraction exercée sur certains pays par les relations avec l'ouest, la période récente marque incontestablement une remontée de l'influence russe dans tout l'ancien espace soviétique.

1. La Communauté des Etats indépendants (CEI) : une structure peu intégrée et à géométrie variable

Si dans l'esprit du public la CEI représente aujourd'hui une forme de reconstitution partielle de l'ancien espace soviétique, sa création et son évolution traduisent une réalité plus complexe. En effet, la désintégration de la structure fédérale soviétique, avec les encouragements de Boris Elstine qui dirigeait à l'époque la république de Russie, a été un élément fondamental de la chute du régime communiste. Aussi la CEI est elle apparue, après sa création en décembre 1991, comme une coquille vide, plusieurs Etats ne voulant en rien d'une intégration poussée qui aurait reproduit le schéma des relations avec Moscou appliqué des décennies durant.

Parmi les anciennes républiques soviétiques, les trois pays baltes ont dès le départ rompu les liens avec leurs anciens partenaires de l'URSS, se tournant vers l'Europe et l'OTAN. La Géorgie, elle aussi très déterminée dans sa volonté d'indépendance, n'a adhéré à la CEI qu'en 1993, alors qu'elle se trouvait confrontée dans plusieurs de ses régions à des tendances séparatistes.

La CEI compte aujourd'hui 12 pays répartis, outre la Russie, en trois sous-ensembles : les pays « occidentaux » que sont la Biélorussie, l'Ukraine et la Moldavie, les trois pays du Caucase - Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie - et les cinq Etats d'Asie centrale : Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizstan. La CEI forme un ensemble d'environ 280 millions d'habitants, dont un peu plus de la moitié dans la fédération de Russie. 16 millions de Russes résideraient dans les 11 autres pays membres de la CEI.

La CEI n'est en rien un ensemble politique intégré , comme peut l'être l'Union européenne.

Plusieurs sous-ensembles coexistent en son sein.

En matière de sécurité, un traité de sécurité collective , dit traité de Tachkent, a été signé en mai 1992 par 7 des 12 pays de la CEI : la Russie, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizstan, l'Arménie et la Biélorussie. En fin d'année 1993, l'Azerbaïdjan puis la Géorgie ont rejoint à leur tour le traité de Tachkent, dans le but semble-t-il d'obtenir l'aide russe pour maîtriser les conflits séparatistes du Haut-Karabakh d'une part, d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud d'autre part. Mais elles se retirent du traité en 1999, au moment de la crise du Kosovo, de même que l'Ouzbékistan. Les 6 Etats actuellement parties au traité de sécurité collective de la CEI ont décidé en mai 2001 de créer des forces collectives d'intervention rapide . La plus importante sera stationnée à Bichkek au Kirghizstan, avec une vocation d'intervention en Asie centrale. Les deux autres forces sont constituées par la Russie conjointement avec l'Arménie d'une part et la Biélorussie d'autre part.

Sur le plan économique, une Communauté des Etats intégrés a été créée en 1996 pour devenir en octobre 2000 la Communauté économique eurasiatique . Elle ne comporte que 5 des 12 Etats de la CEI : la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan. Elle consiste en une union douanière destinée à renforcer les échanges entre les 5 pays membres. Un autre accord, plus récent, lie la Russie à l'Ukraine, au Kazakhstan et au Belarus. Signé en février 2003, il prévoit la création entre les quatre pays, à terme, d'un espace économique commun.

Enfin, les relations entre la Biélorussie et la Russie constituent une exception. Les deux pays ont créé en 1996 une communauté devenue « union russo-biélorusse» en 1997. Cette déclaration de fusion dans un Etat unique est assez formelle et se traduit essentiellement par l'instauration par Moscou d'un protectorat militaire. L'intégration économique est en revanche peu poussée, compte tenu du maintien par Minsk de structures économiques héritées de l'Union soviétique. À la suite des changements politiques intervenus en Moldavie en 2001, les autorités de ce pays ont exprimé le souhait de rejoindre l'union russo-biélorusse.

La CEI est donc une organisation peu structurée, peu contraignante, à géométrie variable. En revanche, à travers les réunions périodiques et les sommets de chefs d'Etat, elle offre un cadre au règlement de certaines questions bilatérales tout en permettant à la Russie de faire valoir ses priorités.

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