C. LE CONFLIT TCHÉTCHÈNE : UN ABCÈS TOUJOURS OUVERT

La délégation de la commission a bien évidemment abordé avec les personnalités qu'elle a rencontrées, tant au Parlement qu'au sein de l'exécutif, l'évolution de la situation en Tchétchénie, mais ces contacts étaient antérieurs de quelques jours à l'assassinat, au début du moi de mai, d'Akmed Kadyrov, le président élu en octobre 2003 avec le soutien de Moscou.

1. La vision des autorités russes : un combat contre le terrorisme international qui enregistre des progrès

Tous les parlementaires et responsables de l'exécutif avec lesquels la délégation a abordé le sujet ont d'emblée insisté sur les liens entre les groupes armés tchétchènes et le terrorisme international , particulièrement Al Qaïda, qui aurait contribué à leur financement et à la formation des combattants. Le rôle des combattants arabes, dirigés par Amir Kattab puis Abul al Walid, a été souligné à plusieurs reprises. L'action du gouvernement russe se place ainsi clairement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international, ce qui devrait impliquer, à ses yeux comme pour les parlementaires, un plus large soutien à sa cause en Europe.

Si des influences étrangères wahhabites ont effectivement joué un rôle majeur dans le développement de la rébellion armée, cette dernière ne peut certainement pas être résumée à la seule composante islamiste radicale, le nationalisme et ses facteurs historiques étant un élément fondamental du conflit.

S'agissant des violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité, les divers interlocuteurs de la délégation ne les ont pas niées, mais plutôt présentées comme une conséquence tout aussi regrettable qu'inévitable d'un conflit de ce type. Compte tenu de la multiplicité des forces de sécurité présentes sur place, qu'elles soient fédérales (forces du ministère de la défense, du ministère de l'intérieur et du FSB, l'ex-KGB) ou locales (police locale et milices d'Akmed Kadyrov), il est relativement facile d'attribuer à des « éléments incontrôlés » la responsabilité des enlèvements, meurtres ou exactions qui se poursuivent. Les responsables russes rencontrés ont aussi souligné que des procès ont été engagés et des condamnations déjà prononcées, dans certains cas où des infractions avaient pu être établies.

Les interlocuteurs de la délégation ont pour la plupart reconnu qu'un tel conflit ne pouvait se résoudre uniquement par la voie militaire, mais ils ont mis en exergue les progrès obtenus dans la lutte contre la guérilla . Celle-ci ne regrouperait plus qu'un millier de combattants - dix fois moins qu'il y a cinq ans- dispersés en différents groupes se déplaçant entre la Tchétchénie et les républiques voisines d'Ingouchie à l'ouest et du Daghestan à l'est. Réfugiés dans les montagnes durant l'hiver, ces groupes conserveraient la capacité de mener des actions ponctuelles. S'il paraît difficile d'éradiquer ces foyers de résistance, les autorités semblent convaincues qu'il n'y aura plus à faire face, comme par le passé, à des combats de haute intensité impliquant des moyens lourds.

Il est vrai que les opérations militaires russes de 1999-2000 se sont soldées par un succès, contraignant les forces rebelles à quitter Grozny et à rejoindre la clandestinité. Pour autant, la situation sécuritaire demeure très tendue, les combattants tchétchènes ayant radicalisé leur mode opératoire, avec la multiplication d'enlèvements, d'assassinats et d'attentats suicides prenant pour cible non seulement les forces russes, mais également tous ceux qui leur paraissent inféodés au gouvernement fédéral.

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