2. Une « normalisation » politique incertaine

Sur le plan politique, Moscou a fait le choix d'une « tchétchénisation » du conflit , c'est à dire de transférer la gestion du conflit à un pouvoir local doté de ses propres forces de sécurité.

Les accords de Khassiavourt d'août 1996, consécutifs au premier conflit tchétchène avaient prévu un referendum avant la fin 2001. C'est finalement en mars 2003 qu'un referendum destiné à approuver la nouvelle Constitution tchétchène et consacrant le retour de la république dans le giron de la fédération, a lancé ce que le Kremlin présentait comme un plan de règlement du conflit. La deuxième étape fut l'élection le 5 octobre 2003, dans des conditions très critiquées, d'Akmed Kadyrov, un ancien indépendantiste islamiste rallié à Moscou et issu d'un des principaux clans familiaux tchétchènes. L'adoption d'un traité sur la répartition des compétences entre la République de Tchétchénie et le pouvoir fédéral, puis des élections législatives, devaient parachever ce plan.

L'objectif assigné au Président Kadyrov était de mettre en place les nouvelles institutions, d'amorcer la reconstruction économique et sociale et d'assurer la sécurité, notamment avec sa milice d'environ 5.000 hommes, redoutée pour ses nombreuses exactions. Les forces russes devaient progressivement être ramenées à 35.000 hommes, contre 80.000 actuellement.

À l'heure où la délégation se trouvait à Moscou, elle a retiré l'impression que le Kremlin était parvenu à réduire l'intensité du problème tchétchène, en ne lui donnant cependant qu'une apparence de solution politique.

L' assassinat d'Akmed Kadirov , le 9 mai dernier, tout comme l'attaque meurtrière lancée le 21 juin en Ingouchie, sont venus rappeler la fragilité de cette construction et font craindre un regain des tensions, avec un risque de contagion dans le Sud-Caucase.

Les autorités russes ont choisi d'organiser le 29 août prochain une nouvelle élection présidentielle en Tchétchénie à l'occasion de laquelle le ministre de l'intérieur, M. Alkhanov, briguera la succession de Kadyrov. Elles ne semblent pas pour l'instant résolues à replacer la région sous leur administration directe. Toutefois, la remise en cause de la « normalisation » tchétchène, la poursuite des actions armées et le risque d'une perte de contrôle de la milice présidentielle pourraient entretenir un climat instable contraignant Moscou à renoncer au processus de désengagement initialement envisagé, à renforcer ses effectifs dans la région et à s'impliquer de nouveau au plan politique.

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