2. L'amiante en Nouvelle-Calédonie

Lors de son audition, le professeur Marcel Goldberg a indiqué avoir identifié en 1993 en Nouvelle-Calédonie un problème d'exposition environnementale à l'amiante.

« Il existe, au centre de la Nouvelle-Calédonie, une zone montagneuse. Il m'a été donné d'y relever des taux de mésothéliomes spectaculaires. Ils sont 500 fois supérieurs à ce que l'on constate habituellement » a-t-il indiqué.

Selon l'Institut Pasteur, 68 personnes, âgées de 31 à 81 ans sont mortes d'un mésothéliome en Nouvelle-Calédonie entre 1984 et 2002, soit un taux dix fois supérieur à celui de la métropole 114 ( * ) .

L'INSERM a diligenté une étude en 1994, selon laquelle l'origine de ces cancers est attribuée à une roche amiantifère, la trémolite, utilisée par les mélanésiens pour enduire leurs cases. Comme on le sait, la trémolite, dont l'enduit dérivé est appelé « Pö » en langage vernaculaire, est la forme la plus dangereuse d'amiante. Des taux de concentration de fibres d'amiante importants, parfois 400 fois supérieurs aux normes de santé publique, ont pu être observés dans les cases et sur les pistes.

En 2002, un plan d'éradication de la trémolite a été engagé 115 ( * ) , concernant plusieurs tribus mélanésiennes, 700 cases et environ un millier de personnes exposées.

En 2004, une nouvelle étude de l'Institut Pasteur, rédigée par Mme Francine Baumann, responsable du registre des cancers du sein de cet institut a contesté les conclusions de l'étude de l'INSERM.

« C'est à Houaïlou, un village de la côte est de 4 700 habitants, qu'on recense un tiers des victimes du mésothéliome, soit 20 morts entre 1984 et 2002. Un taux proportionnellement 250 fois supérieur à la moyenne mondiale alors qu'il n'y a qu'une soixantaine de cases enduites de Pö », souligne-t-elle.

André Fabre, ingénieur géologue, partage ces doutes et accuse notamment la serpentine 116 ( * ) , roche-mère du nickel, qui appartient à l'une des deux familles d'amiante à l'état naturel. En effet, une mine de nickel à proximité de Houaïlou est encore en activité. Néanmoins, d'après l'étude de l'INSERM, le personnel minier n'est pas, d'une manière générale, particulièrement touché par le mésothéliome.

Par ailleurs, d'autres roches trémolitiques sont présentes dans le nord de la Calédonie et le long de la chaîne centrale de montagnes.

Prenant en compte ces données controversées, le ministère de l'Outre-Mer vient d'affecter 15.000 euros au financement d'une expertise dans cette zone, confiée à des scientifiques de l'Institut Pasteur, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et du BRGM.

* 114 Sources : dépêche AFP du 25 mai 2005.

* 115 D'un montant de 17 millions d'euros, il prévoit la destruction des habitats à risque, la construction de nouveaux logements et une surveillance médicale.

* 116 La serpentine n'est présente que de manière occasionnelle sur les massifs de nickel et est cent fois moins nocive que la trémolite, d'après Bernard Robineau, géologue à l'IRD.

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