B. AGIR ET PESER DE PLUS EN PLUS DANS LE CADRE DU SYSTÈME MULTILATÉRAL DE GESTION DES PRINCIPALES CRISES INTERNATIONALES

La Chine place au premier rang de ses priorités la reconnaissance de son intégrité nationale et de sa souveraineté. Ayant longtemps subi la domination des puissances étrangères sur son sol, qui s'est prolongée jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, elle est donc particulièrement sensible à la reconnaissance, par la communauté internationale, de son statut de puissance indépendante.

C'est aussi ce besoin de reconnaissance qui explique les demandes répétées de levée de l'embargo européen sur les armes à destination de la Chine. La levée de cet embargo n'aurait pas de facto de conséquence notable dans le domaine des ventes de matériel militaire. La contrainte de l'embargo n'est pas très forte, car ce dispositif n'interdit pas de vendre des armes non létales et autorise donc la vente de composites technologiques très performants. Toutefois, la Chine accorde une importance symbolique majeure à la levée de cet embargo qui la consacrerait comme puissance internationale responsable à part entière.

Cela explique enfin le souci de la Chine de s'affirmer comme une puissance globale et comme un interlocuteur incontournable. Sans rompre avec la ligne fixée par Deng Xiaoping à la fin des années 80, « cacher ses talents en attendant son heure », elle fait de plus en plus entendre sa voix pour promouvoir sa propre vision des relations internationales.

C'est dans ce souci de reconnaissance de son statut de puissance mondiale, de puissance responsable, que la Chine s'attache à s'impliquer activement dans la gestion des crises internationales, en particulier par son action mesurée et responsable au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Elle le démontre dans la gestion du nucléaire iranien ou du dossier nord-coréen, mais aussi par un engagement accru dans les opérations de maintien de la paix, en particulier en Afrique.

1. Une implication prudente dans la crise du nucléaire iranien

Selon les interlocuteurs de la délégation sénatoriale, la Chine préconise « sang-froid et attitude constructive », assortis de « persévérance et souplesse » dans la gestion d'un dossier où les efforts européens sont salués et encouragés. Il ne faudrait perdre « ni patience, ni confiance ». La Chine estime que l'Iran a le droit d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins exclusivement pacifiques dans le cadre de ses obligations découlant du TNP ; elle accorde la plus grande importance au « maintien de l'efficacité de l'outil international de non-prolifération ».

La déclaration finale de la 6 ème rencontre entre l'Asie et l'Europe (ASEM, septembre 2006) presse l'Iran d'appliquer la résolution 1696 du Conseil de sécurité qui lui intime l'arrêt des opérations d'enrichissement.

La politique chinoise à l'égard de l'Iran et son attitude au sein du Conseil de sécurité des Nations unies illustrent toutefois l'ambiguïté de cette stratégie : la Chine ne peut se désolidariser des positions prises jusqu'à présent par le Conseil de sécurité, mais il lui serait toutefois difficile de participer à des « sanctions » qui ne seraient pas strictement ciblées, compte tenu notamment de ses liens énergétiques avec l'Iran, qui représente à peu près 15 % de ses importations de pétrole.

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