2. Un rôle de premier plan dans la crise nord-coréenne

La Chine joue une carte essentielle en qualité de principal acteur régional autour d'une question d'ampleur internationale : la politique nucléaire suivie par la Corée du Nord.

Depuis 1976, ce pays a conduit des programmes balistiques fondés sur la technologie des missiles Scud et a, depuis 1990, entrepris de coopérer avec l'Iran, le Pakistan et, dans une moindre mesure, la Syrie. Ces programmes ont abouti à l'apparition d'un nouveau missile dans l'arsenal nord-coréen, d'une portée de 2 500 à 3 000 km.

La politique de la Chine à l'égard de ce problème a évolué. En 1993, les dirigeants chinois souhaitaient explicitement éviter toute ingérence dans les « affaires intérieures » d'un autre Etat. Mais, dix ans plus tard, ils optaient, sur pression américaine, mais aussi par opportunisme régional, pour une stratégie nouvelle et plus exposée, en choisissant d'être les artisans du dialogue entre Washington et Pyongyang et de favoriser le cadre des réunions à six 4 ( * ) . La participation de la Chine à ces négociations se veut un gage de sa responsabilité internationale. Pékin, grâce à ses liens privilégiés avec le régime de Pyongyang joue un rôle central de médiateur dans les tentatives de règlement de la crise nucléaire nord coréenne, comme l'atteste la visite du Président Hu Jintao en République populaire de Chine, en octobre 2005, et la visite du président nord-coréen Kim Jong-Il en Chine en janvier 2006.

La déclaration conjointe du Groupe des Six du 19 septembre 2005 avait constitué un succès diplomatique pour la Chine : la Corée du Nord s'y engageait à renoncer à ses armes et programmes nucléaires existants et à rejoindre le traité de non-prolifération ainsi que le régime de garantie de l'AIEA. Ce texte contenait également des assurances de sécurité de la part des autorités américaines et des perspectives de coopération dans le domaine économique et énergétique.

Ainsi, la diplomatie chinoise, à l'origine du texte de la Déclaration conjointe, avait réussi à y faire figurer les « lignes rouges » des Etats-Unis comme celles de la Corée du Nord.

Toutefois, la Corée du Nord a annoncé qu'elle conditionnait la reprise des discussions à l'abandon des sanctions américaines prises à l'encontre des sociétés nord-coréennes, accusées de contrefaçon monétaire, de blanchiment d'argent et inscrites sur la liste des entités visées par l'executive order du 28 juin 2005 sur la répression du financement de la prolifération des armes de destruction massive.

La Chine n'a pas pu faire évoluer cette position lors de la visite de Kim Jong-Il à Pékin début 2006, consciente de ce que la reprise de pourparlers à Six se heurte à la méfiance réciproque profonde entre Washington et PyongYang, qui ne saurait se dissiper rapidement. Toutefois, elle reste patiente et déterminée, jugeant que le dialogue à Six constitue le seul cadre possible pour faire progresser durablement le dossier.

La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité le plus proche de PyongYang, a condamné sans équivoque l'essai nucléaire du 9 octobre 2006 et la résolution 1718 du Conseil, en date du 14 octobre 2006, a imposé à PyongYang un embargo sur les matériels liés à la technologie nucléaire ou à celle des missiles, ainsi que sur les armes et matériels connexes. A la fin du mois d'octobre 2006, la Corée du Nord a finalement proposé de reprendre les négociations à six, traduisant malgré tout la forte influence de la Chine sur son turbulent voisin qu'elle n'avait pu empêcher d'effectuer cet essai et qu'elle a ressenti comme un échec et un affront.

* 4 Le dialogue à six réunit les deux Corées, les Etats-Unis, le Japon, la Russie et la Chine.

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