2. Réduire le nombre de jeunes sortant sans « bagage » de formation initiale : un « enjeu d'intérêt national »

a) Un impératif préalable : garantir la maîtrise des savoirs de base

La maîtrise des savoirs « fondamentaux », en premier lieu celle de la langue, constitue la condition première de l'accès à la qualification.

Cette mission prioritaire de l'Ecole a été réaffirmée par la loi du 23 avril 2005 75 ( * ) , par laquelle la nation s'engage à ce que chaque élève acquiert, à l'issue de la scolarité obligatoire, un « socle commun de connaissances et de compétences ». Défini comme un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être, ce « socle » constitue ce qu'il est indispensable de maîtriser pour réussir son parcours de formation, son insertion sociale et professionnelle.

Or, comme l'a souligné M. Jean-François Veysset, vice-président de la CGPME, certains individus « sont tellement éloignés du socle des connaissances (...) qu'il est difficile de leur apprendre les premiers rudiments d'une professionnalisation, même à faible qualification » .

En effet, les études du ministère de l'éducation nationale tendent à montrer une forte corrélation entre, d'une part, les 15 % d'élèves entrant au collège avec de graves difficultés dans la maîtrise de la lecture et des savoirs de base, d'autre part, la cohorte d'élèves sortant sans qualification du système scolaire.

Les tests réalisés auprès des jeunes de dix-sept ans lors des journées d'appel et de préparation à la défense (JAPD) révèlent que 21,3 % d'entre eux ne sont pas considérés comme des « lecteurs efficaces » (24 % des garçons et 18,5 % des filles). Parmi eux, près de 7 % ont de très graves difficultés et 4,6 % (5,9 % des garçons) sont en situation d'illettrisme, c'est-à-dire dans une position de fragilité qui constitue un facteur majeur d'exclusion sociale et professionnelle.

Les chiffres de l'illettrisme

L'illettrisme est l'absence de maîtrise des compétences de base suffisantes pour faire face de manière autonome à des situations courantes.

Selon les données transmises par la présidente de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), Mme Marie-Thérèse Geffroy, 3,1 millions de personnes, soit 9 % de la population de dix-huit à soixante-cinq ans ayant été scolarisée en France, sont en situation d'illettrisme (59 % sont des hommes et la moitié a plus de quarante-cinq ans).

Si 57 % des personnes concernées sont en situation de travail , ce phénomène concerne 26 % des bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI) .

La lutte contre l'illettrisme fait partie intégrante de la formation tout au long de la vie. Des initiatives sont menées par les différents acteurs de la formation professionnelle : l'État, les collectivités territoriales, dans le cadre des plans régionaux de lutte contre l'illettrisme, mais également les entreprises et les branches professionnelles, qui financent, via leurs organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), des actions de maîtrise des savoirs de base.

Ainsi, douze accords de branche font référence à la maîtrise des savoirs de base et quinze organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), avec le concours du fonds unique de péréquation (FUP), ont déployé 14 millions d'euros pour la lutte contre l'illettrisme.

Une partie du programme d'insertion et de lutte contre l'illettrisme (IRILL) mis en place par le ministère de l'emploi est consacrée à la lutte contre l'illettrisme dans les entreprises. Les actions à venir seront centrées sur le salarié qui pourra bénéficier du droit individuel à la formation (DIF) et d'un accompagnement à la validation des acquis de l'expérience (VAE).

L'ANLCI a signé des accords-cadres avec les AGEFOS-PME de douze régions, et mène des actions de sensibilisation auprès des décideurs, en diffusant 30 000 plaquettes d'information « La formation de base, l'atout gagnant de votre entreprise ». Elle participe enfin à la valorisation des bonnes pratiques en organisant dans ving-quatre régions, avec l'appui du Forum social européen, le Forum permanent des pratiques.

M. Gérard Larcher a évoqué, lors de son audition devant la mission, une expérimentation intéressante, engagée dans trois régions : les jeunes repérés en difficulté de maîtrise de la langue lors des JAPD, qui ne savent souvent pas vers qui s'orienter, sont mis en relation avec la Mission locale .

Il semblerait pertinent d'envisager de généraliser une telle initiative, même si la priorité, à l'avenir, est de faire en sorte qu'aucun élève ne quitte l'école primaire sans une solide maîtrise du langage et des savoirs « fondamentaux ».

* 75 Loi n° 2005-380 du 23 avril 2005 d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page