b) Un préalable indispensable : promouvoir l'emploi des seniors

Vos rapporteurs considèrent que la France aurait tout intérêt à s'inspirer de l'exemple suédois pour sortir de l'impasse actuelle que représente une politique largement virtuelle de promotion de l'emploi des seniors . La comparaison entre les deux pays est en effet parlante : au-delà des nuances précédemment apportées 31 ( * ) , l'âge effectif de cessation d'activité des assurés sociaux suédois (plus de soixante-trois ans en moyenne, avec une tendance à augmenter depuis une dizaine d'années), intervient cinq ans plus tard qu'en France.

La Suède conduit, en effet, une politique spécifique visant à promouvoir l'emploi des seniors : le taux d'emploi des personnes âgées de cinquante-cinq à cinquante-neuf ans s'y établit à 77,8 % contre 49,3 % en France. Pour les personnes de soixante à soixante-cinq ans, l'écart atteint quarante points : 50,2 % en Suède contre 9,9 % en France. En dépit du grand nombre de personnes bénéficiant, semble-t-il abusivement pour certains d'entre elles, d'une pension d'invalidité, force est de constater que les dispositifs suédois de préretraites ont été supprimés et que l'âge minimum de départ en retraite a été fixé à soixante et un ans .

Tout n'est pas parfait pour autant. La représentante du syndicat des cols bleus (LO) a ainsi indiqué à vos rapporteurs que l'encouragement à la prolongation volontaire d'activité correspond à une demande spontanée des entreprises nettement plus importante dans le cas des « cols blancs » que des « cols bleus ». Néanmoins, il n'existe pas, comme en France, de tendance massive au départ en retraite précoce des assurés sociaux .

D'autres intervenants ont souligné, pour reprendre les termes d'Alain Lefebvre et de Dominique Meda 32 ( * ) , que les employeurs ont réalisé des efforts importants pour accompagner la politique des pouvoirs publics.

« Les Nordiques ne rechignent pas à travailler plus longtemps que les Français. La possibilité de vraiment adapter son temps de travail selon ses contraintes de cycle de vie et l'assurance que le travail sera « soutenable », c'est-à-dire que l'on n'arrivera pas totalement usé à cinquante ans, constitue très certainement une caractéristique majeure et une grande réussite du modèle nordique. »

Force est malheureusement de constater que la réalité française est bien différente.

Le choix fait en Suède de promouvoir un taux d'emploi aussi élevé que possible, notamment parmi la population des seniors, constitue une décision politique exigeante, mais hautement profitable sur le plan financier à moyen terme. Les finances sociales bénéficient ainsi de cotisations supplémentaires et, corrélativement, les dépenses sont moins importantes que prévu tandis que le marché du travail ne tend plus à exclure de toute perspective professionnelle les personnes âgées de plus de cinquante ans. A l'inverse, notre pays consacre des moyens considérables, évalués à 6 milliards d'euros par an par certains experts, pour financer une multitude de dispositifs de préretraite ou de cessation précoce d'activité plus ou moins déguisée. Il en résulte que le débat sur l'avenir de l'assurance vieillesse continue en France à buter sur une contradiction majeure : à quoi bon augmenter l'âge légal de la retraite si les salariés continuent dans les faits à arrêter de travailler en moyenne à cinquante-sept ans ?

En Suède, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux ont eu le courage de trancher le noeud gordien par une politique effective de promotion de l'emploi.

* 31 Cf. p. 18-19.

* 32 Cf. supra « Faut-il brûler le modèle social français ? » - Opus précité.

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