C. COMMENT DÈS LORS PRENDRE EN COMPTE LE BRÉSIL QUI SE POSE EN INTERVENANT MONDIAL MAJEUR

1. La « diplomatie de l'éthanol »

Sous ce vocable, se cache la priorité donnée à la promotion de l'éthanol dans sa politique étrangère.

Le but du Brésil est, en effet, de faire accéder l'éthanol au statut de « commodity », c'est-à-dire une matière première cotée sur le marché international. A cette fin, il a lancé une politique volontariste à l'échelle internationale illustrée par les nombreux accords multilatéraux signés dans le domaine (au nombre de 38 depuis juin 2005). Le plus emblématique est bien sûr l'accord conclu avec les Etats-Unis en mars 2007 , autour de trois axes principaux : la coopération bilatérale en recherche et développement, l'encouragement de la production et de la consommation de biocarburants dans les pays tiers et la contribution à l'émergence d'un marché international grâce à l'établissement de normes standardisées.

Le Brésil justifie la promotion de l'éthanol par des « considérations altruistes » telles que la préservation de l'environnement (par la réduction des émissions de CO²) et l'aide au développement des pays pauvres qui subissent de plein fouet la hausse du prix des carburants fossiles et seront les premiers touchés par l'épuisement des réserves, faute d'énergies de substitution.

Cette pratique habile est donc l'un des principaux facteurs de constitution et de renforcement d'un axe « Sud-Sud ».

2. Le Brésil veut un libre accès aux marchés occidentaux au nom de la liberté du commerce

Mais derrière ces « considérations altruistes », le Brésil détient tout de même un avantage comparatif considérable dans la production d'éthanol.

C'est la raison pour laquelle il oeuvre pour la libéralisation du marché des biocarburants et la baisse des droits d'entrée sur les marchés des Etats tiers. Ainsi, les dirigeants brésiliens rencontrés ont tous fait part de leur volonté de voir supprimés les droits de douane et protections tarifaires aux portes de l'Europe afin de pouvoir « écouler » sur le marché européen leur carburant vert. Le cas échéant, il fait peu de doute que l'éthanol brésilien s'imposerait face aux agro carburants européens.

En effet, selon nos collègues de la commission des affaires économiques qui se sont rendus au Brésil du 11 au 17 septembre 2007 pour étudier ce « géant vert » 10 ( * ) , la production d'un mètre cube d'alcool s'élèverait à 365 euros en Europe contre 290 euros au Brésil, frais de transport vers l'Europe inclus. Seul un droit de douane très élevé, de l'ordre de 190 euros par mètre cube, semble donc pouvoir expliquer l'actuelle compétitivité de l'éthanol européen.

* 10 Cf. rapport n° 189 (2007-2008) précité.

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