C. UNE RÉFLEXION A ENGAGER SUR LA SENSIBILISATION DES JEUNES

1. Des campagnes de prévention initiées par les pouvoirs publics

Les pouvoirs publics ont engagé depuis plusieurs années des efforts de communication en faveur de la prévention de la consommation excessive d'alcool. A l'origine, l'angle retenu est essentiellement celui de la prévention routière à travers de courts clips. Les actions se sont progressivement diversifiées, les accidents de la circulation à cause de l'alcool n'étant que la quatrième cause de mortalité liée à l'alcool, après les cancers, les maladies cardio-vasculaires et les maladies digestives.

Pour mener cette sensibilisation , des plaquettes sont ainsi éditées et distribuées par l'institut national de prévention et d'éducation à la santé (INPES), visant notamment à dissiper les idées reçues véhiculées à propos de l'alcool : l'alcool, c'est quoi ? Comment l'alcool agit sur l'organisme ? Quels sont les risques liés à l'alcool ? 25 ( * )

Ce souci pédagogique n'est pas sans utilité au regard de la large ignorance qui règne chez les principaux consommateurs d'alcool sur les causes d'une consommation excessive. Lors des États généraux de l'alcool menés à l'automne 2006, le constat dressé à partir d'un échantillon de personnes interrogées était parlant. « Seulement 1 personne sur 4 cite correctement le seuil de consommation à risque pour les hommes (3 verres d'alcool par jour), et une sur 3 celui des femmes (2 verres d'alcool par jour). Près de la moitié surestime ces seuils ou déclare ne pas les connaître. De même, les équivalences entre les différents alcools restent encore largement méconnues : 56 % pensent qu'un verre de whisky (2,5 cl) contient plus d'alcool qu'un demi de bière (25 cl). Seulement 29 % savent que les deux contiennent la même quantité d'alcool pur, à savoir 10 g. »

Cette communication institutionnelle a contribué à porter dans le débat public la question de la consommation d'alcool. Ces efforts sont d'ailleurs bien reçus par la population. Comme le relevait le rapport de synthèse des Etats généraux de l'alcool en 2006, « l'action des pouvoirs publics et des associations pour lutter contre les conséquences de l'abus d'alcool est perçue favorablement : pour une large majorité [des personnes interrogées], les campagnes d'information et les actions de prévention sont utiles pour faire réfléchir à sa consommation d'alcool (83 %) et pour inciter à changer de comportement face au produit (77 %) ».

En réponse à cette méconnaissance des effets d'un produit qui peut, pour certains jeunes, devenir de consommation courante, le site internet Alcool info service vise justement à permettre d'évaluer et suivre sa consommation 26 ( * ) . En outre, les jeunes peuvent librement et anonymement trouver des conseils auprès de deux lignes téléphoniques 27 ( * ) . Ces services pourront alors aider la personne à trouver un professionnel ou une structure de proximité pour elle-même ou un proche.

2. Une communication entre pairs à accentuer

La prévention passe par des actions multiples dont l'efficacité est mieux assurée par la proximité tant géographique que sociologique qui rapproche les émetteurs du message de prévention - les responsables d'associations étudiantes - et le public visé par la campagne de prévention. Autrement dit, un étudiant écoute plus facilement un conseil de prévention porté par l'un de ses pairs. En ce sens, la prévention entre pairs, outre qu'elle semble moins coûteuse, a une efficacité accrue par rapport à la communication institutionnelle (campagnes médiatiques, supports institutionnels, affiches, etc.).

Cette méthode de communication plus horizontale qu'institutionnelle a été reprise par les communes dans leur dispositif de prévention. Ainsi, comme le soulignait lors de son audition, M. Glenn Jegou, conseiller municipal délégué à la jeunesse de Rennes, la municipalité rennaise a mis en place, depuis quatre ans, un dispositif « Noz'ambule » consistant pour des étudiants à aller à la rencontre de jeunes consommant de l'alcool dans l'espace public, et ce, pour les sensibiliser au risque encouru. Cet échange peut se limiter à des conseils pratiques, tels que boire de l'eau après l'absorption d'alcool ; conseil de bon sens qui a parfois le mérite d'éviter des complications sanitaires. Ce dispositif « Noz'ambule », fondé sur la sensibilisation par des pairs (des étudiants à d'autres étudiants ou des lycéens) a d'ailleurs été repris par d'autres communes.

Ce mode de communication trouve toutefois ses limites pour la sensibilisation des collégiens et des lycéens qui forment un public moins réceptif à ces messages et plus difficile à atteindre. L'objectif est de lutter, de manière précoce, contre un discours valorisé sur l'alcool. Ce rôle de prévention incombe à la communauté éducative mais relève aussi des parents. Seule une action déterminée de l'ensemble de ces acteurs peut produire un renversement de la situation actuelle.


* 25 L'alcool, vous en savez quoi ?, publication de l'INPES consultable à l'adresse suivante : http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/detaildoc.asp?numfiche=1123 .

* 26 Le site est consultable à l'adresse suivante : http://www.alcoolinfoservice.fr/ .

* 27 Ce sont le 3224 pour Fil santé jeunes ou le 0 811 91 30 30 pour Écoute Alcool.

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