B. LES EFFETS POSSIBLES DE LA CRISE SUR LA CROISSANCE POTENTIELLE

Cependant, le prolongement de la crise économique actuelle a suscité des interrogations quant à l'évolution du PIB potentiel . En cas de crise, trois scenarii sont envisageables :

- un scénario dit du « trou d'air », dans lequel le PIB potentiel et sa croissance ne sont pas durablement affectés par la crise et peuvent être rapidement restaurés. Dans ce cas, le PIB potentiel reste sur sa tendance antérieure dans la mesure où il est « rejoint » par le PIB réel : ce dernier est stimulé par un surcroît de demande qui résulte d'une baisse des prix imputable à une offre momentanément supérieure à la demande ;

- un scénario dans lequel le niveau du PIB potentiel est durablement affecté par la crise, sa croissance ne retrouvant que progressivement son niveau d'avant-crise ;

- un scénario dans lequel le PIB potentiel et sa croissance sont affectés à long terme.

Dans ces deux derniers scenarii, la baisse durable du PIB réel entraîne celle du PIB potentiel . En effet, la pérennisation d'une conjoncture atone se traduit par des faillites d'entreprises, un recul de l'investissement productif, voire une perte de l'employabilité des actifs en situation de chômage durable, qui tendent à réduire la production potentielle.

S'agissant de l'impact des crises sur la productivité globale des facteurs de production , celui-ci est plus ambigu. Les périodes de crise contraignent les entreprises à restructurer leurs activités, ainsi qu'à rechercher une meilleure efficacité - ce qui favorise la productivité. A l'inverse, elles conduisent à une chute des investissements, notamment dans la recherche et le développement (R&D), ce qui est susceptible de détériorer durablement la productivité.

Il faut noter que l'avis précité du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a souligné que la « crise économique et financière s'est traduite, selon le Gouvernement, par des pertes définitives de capacité productives de l'ordre de 5 points de PIB. Celles-ci s'expliqueraient notamment par des faillites d'entreprises, un ralentissement des investissements et de l'innovation, ainsi que par une perte de compétences liées à la hausse du chômage ».

Deux questions subsistent : la crise a-t-elle durablement réduit le niveau du PIB potentiel et sa croissance ? Et, si tel est le cas, dans quelle mesure ? Une réduction substantielle du niveau du PIB potentiel et de sa croissance aboutirait à réduire les capacités de « rebond » de l'économie française ; par ailleurs, elle modifierait la trajectoire de solde structurel qui constitue le nouveau fondement de la programmation des finances publiques.

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