IV. LA VILLE DE VERSAILLES : UNE DÉMARCHE « ZÉRO-PHYTO »

La ville de Versailles, qui compte 87 530 habitants, a été l'une des premières collectivités à opter pour une démarche « Zéro phyto », en cessant d'utiliser les produits phytosanitaires pour la gestion de ses espaces verts dès 2003.

Votre rapporteur a souhaité rappeler cette expérience pionnière, dont les moyens modiques et les résultats probants sont riches d'enseignements, dans la perspective de l'entrée en vigueur au 1 er janvier 2017 de l'interdiction du recours aux produits phytosanitaires.

A. LES OBJECTIFS

Avec 1 275 hectares d'espaces verts et de forêts sur une superficie globale de 2 370 hectares, la ville de Versailles a hérité d'un patrimoine naturel exceptionnel, depuis la création et l'aménagement des jardins de Versailles par André Le Nôtre au XVII e siècle.

L'adoption de solutions alternatives aux produits phytosanitaires, pour la gestion des espaces verts communaux a répondu à quatre objectifs. Il s'est agi, tout d'abord, de limiter l'exposition du personnel municipal et des riverains aux produits phytosanitaires. L'enjeu a également été d'éviter la pollution des sols et de préserver les ressources en eau. C'est aussi la volonté de favoriser la biodiversité qui a conforté la ville dans sa décision de cesser de recourir aux pesticides. Enfin, l'image de marque de Versailles, réputée pour ses jardins, a confirmé le choix de la ville en faveur d'une gestion naturelle de ses espaces verts.

B. LES ACTIONS

1. Le déploiement de techniques alternatives

Depuis 2003, la ville de Versailles a cessé de recourir aux produits phytosanitaires, de manière progressive, quoique rapide. C'est ainsi que la ville a abandonné ces produits, d'abord dans les espaces verts, de 2003 à 2007, puis sur les 240 kilomètres de trottoirs et les 120 kilomètres de voies publiques en 2006, les 4 cimetières en 2009, et le terrain de sport en 2013. Depuis, il n'a plus été fait usage de traitement chimique (herbicide, fongicide, acaricide, insecticide, engrais) sur le domaine de la ville

Afin de remplacer ces techniques, désormais abandonnées, la ville de Versailles a mobilisé trois leviers d'action :

- d'une part, elle a opté pour des solutions de désherbage respectueuses de l'environnement ;

- d'autre part, elle a engagé une réflexion fine dans la sélection des essences, en favorisant notamment la plantation dans les massifs de plantes vivaces, qui nécessitent moins de temps d'entretien ;

- enfin, le choix a été fait de maintenir la végétation spontanée sur certains lieux, en veillant toutefois à ce que sa place demeure acceptée par la population.

2. La formation du personnel

Ce changement de pratiques a nécessité de conduire des actions de formation auprès des agents communaux, des directeurs techniques et des élus locaux. La démarche « Zéro phyto » a notamment été l'occasion de développer les connaissances et les compétences des personnels, dont les tâches ont été enrichies et valorisées : le savoir et le savoir-faire horticoles ont été redécouverts. Elle a, en outre, permis de promouvoir un travail plus transversal entre les services (espaces verts, entretien, voirie, urbanisme), et d'engager une réflexion en amont destinée à concevoir des espaces publics nécessitant peu d'entretien. Pour faire face aux périodes de forte activité, au printemps (avril à juin) et à l'automne (septembre et octobre), les économies induites par l'abandon des produits phytosanitaires ont été utilisées pour l'emploi de personnes en insertion professionnelle.

De manière plus originale, la ville de Versailles a souhaité diversifier les missions de ses agents communaux en leur proposant de participer à des actions scientifiques et pédagogiques. En partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), dix agents concourent à des programmes de sciences participatives destinés à inventorier la faune (« Propage ») et la flore (« Florilèges »). En outre, trois agents interviennent dans les établissements scolaires, où ils contribuent à l'éducation des élèves à l'environnement.

Votre rapporteur observe que la formation des agents communaux et des élus locaux est un facteur de succès dans le remplacement des produits phytosanitaires par des techniques alternatives, et appelle les collectivités à se saisir des offres existantes.

3. L'information de la population

Outre la formation du personnel, la démarche « zéro phyto » a aussi été portée par des actions de communication auprès de la population. Des documents explicatifs ont ainsi été distribués aux riverains. Dans le prolongement de cette démarche, la ville de Versailles a souhaité sensibiliser davantage la population à la biodiversité à travers des installations pédagogiques, telles que les ruchers, ou des opérations évènementielles, comme le festival « Esprit jardin ».

Votre rapporteur rappelle que l'information de la population est un préalable indispensable pour la réussite de la gestion naturelle des espaces verts en lieu et place de leur traitement chimique, et invite les collectivités à ne pas négliger ce levier d'action.

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