FACE AUX ENJEUX DE L'ÉCONOMIE MULTIMÉDIA

Une économie émergente

Votre rapporteur le soulignait dans le rapport d'information sur les télécommunications qu'il a présenté en 1993 4( * ) : " Les phénoménaux développements des techniques de numérisation permettent, désormais, de transcrire, de manière identique, sous une forme informatique aisée à stocker et à traiter, tous les types d'informations quelle qu'en soit la présentation : message sonore, texte écrit, image fixe, image animée. Cette unification des techniques de gestion du signe entraîne un effacement des frontières existant entre les infrastructures, les supports et les métiers de secteurs économiques jusqu'alors séparés : les télécommunications, l'audiovisuel et l'informatique ".

Ces trois secteurs tendent aujourd'hui à se fondre dans un ensemble aux contours encore flous, désigné communément sous le terme multimédia.

Or, l'économie du multimédia est , de par le monde, en voie de constitution rapide. Les cinq dernières années ont été marquées par l'apparition accélérée d'une nébuleuse presque planétaire d'alliances, constituées par le jeu de fusions-absorptions ou de prises de participation, entre les divers pôles industriels concernés.

Il ressort ainsi d'une étude de la société Apredia, dont les résultats ont été publiés en novembre 1995, que, si 15 accords de ce type avaient été conclus en 1993, 56 l'avaient été en 1994 et 141 l'ont été sur les seuls huit premiers mois de 1995.

Le caractère international de ces rapprochements est très marqué. Sur la période 1993-1995, plus de la moitié des alliances (54 %) ont été nouées par au moins deux firmes de nationalité différente. Cette internationalisation reflète néanmoins une certaine spécialisation internationale : les logiciels, les microprocesseurs et les programmes pour les États-Unis, les matériels pour le Japon, les télécommunications pour l'Europe .

Il n'en demeure pas moins que les accords les plus remarquables ont pour coeur les États-Unis et que plus du tiers de ceux recensés (34 %) relève des seules firmes américaines.

On peut citer sans être exhaustif : Microsoft/Intel/General Instrument ; Microsoft/NBC ; Walt Disney/ABC ; Westinghouse/CBS ; AT&T/NTT/Sony/Apple ; Microsoft/TCI ; Viacom/Paramount ; US West/Time Warner ; Time Warner/TBS (CNN) ; Time Warner/TCI/Sega.

En revanche, les pactes entre firmes européennes seules et entre firmes japonaises sont relativement peu nombreux, respectivement 8 et 4 % du total. De même, on remarque que les entreprises américaines sont omniprésentes dans ces nouveaux consortiums. Elles sont impliquées dans 72 % d'entre eux, alors que les Japonais n'y participent que pour 20 % et les Européens pour 42 %.

S'agissant de notre pays, on peut simplement évoquer quelques partenariats : France Télécom/France Té lévision ; Canal Plus/CLT 5( * ) /Bertels-mann/Philips. On peut, de même, rappeler la prise de contrôle de Canal Plus par la Compagnie Générale des Eaux (2e opérateur de téléphonie mobile) et la Société générale, le lancement de Multivision par la Lyonnaise-Communication, France Télécom, la CLT et TF1, ainsi que le regroupement industriel entre le français Thomson, le japonais Toshiba et l'américain Time Warner pour le développement du CD-Rom de grande capacité (DVD).

En tout état de cause, ces alliances en série commencent à modeler la cartographie de l'économie mondiale du siècle prochain.

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