c) La contractualisation : source de clarification ou de confusions supplémentaires ?

La contractualisation est souvent mise en avant comme moyen d'assurer une plus grande complémentarité entre les initiatives des différentes collectivités territoriales.

Elle constitue assurément un bon moyen de favoriser l'émergence d'un véritable partenariat, chaque collectivité définissant librement l'objet de ses interventions et les financements correspondants, le cadre conventionnel assurant la complémentarité nécessaire.

Néanmoins, M. Gérard Marcou a rappelé, devant le groupe de travail, à la lumière de l'expérience européenne, que la contractualisation pouvait aussi être source de confusions supplémentaires.

Mme Martine Buron, après avoir rappelé que le groupe de travail du XIè plan avait suggéré la généralisation des procédures contractuelles, a néanmoins fait valoir que des dispositifs contractuels trop nombreux pouvaient être difficiles à gérer et à expliquer aux citoyens.

Le groupe de travail relève, par ailleurs, que le contrat a aussi été un moyen par lequel l'Etat a fait financer ses propres compétences par les collectivités locales sans pour autant leur reconnaître le moindre pouvoir de décision.

Dès lors, comme l'a suggéré le représentant du crédit local de France, ne faudrait-il pas opérer une distinction entre, d'une part, des compétences de l'Etat qui seraient recentrées et que celui-ci financerait seul et, d'autre part, les compétences des collectivités locales pour lesquelles celles-ci pourraient avoir recours au contrat ?

Le groupe de travail constate en toute hypothèse que la redéfinition des missions de l'Etat qu'il appelle de ses voeux et une mise en oeuvre plus affirmée du principe de subsidiarité -inhérent à l'idée de décentralisation- devrait favoriser une clarification des procédures contractuelles.

d) L'expérimentation

Plusieurs personnes auditionnées par le groupe de travail ont fait valoir l'intérêt de formules expérimentales.

Force est de constater que, dans un passé récent, de telles formules ont paru préparer utilement d'éventuelles réformes législatives.

En matière de dépendance des personnes âgées, sur l'initiative du Sénat, la loi du 25 juillet 1994 a ainsi prévu une expérimentation dans plusieurs départements volontaires.

Les résultats de ces expérimentations ont assurément apporté des informations très utiles avant la concrétisation d'une prestation spécifique dépendance dans la loi du 24 janvier 1997.

De même, la loi d'orientation du 4 février 1995 a prévu une phase d'expérimentation sur les modalités d'organisation et de financement des transports collectifs d'intérêt régional et les conditions dans lesquelles ces tâches seront attribuées aux régions.

Ces formules peuvent, il est vrai, se heurter à certains obstacles d'ordre constitutionnel. Néanmoins, de telles formules semblent pouvoir être envisagées dans de nouveaux domaines dès lors que ceux-ci soient bien délimités et que les conditions soient clairement précisées par le législateur auquel il revient -conformément à l'article 34 de la Constitution- de déterminer les principes fondamentaux de la libre administration des collectivités locales, de leurs compétences et de leurs ressources.

Ainsi, pour l'expérimentation en matière de transports collectifs d'intérêt régional, le législateur a pris soin de préciser, d'une part, qu'il s'agissait d'assurer la mise en oeuvre de la politique nationale d'aménagement et de développement du territoire et, d'autre part, que devrait être assuré le respect de l'égalité des charges imposées aux citoyens ainsi que l'égalité des aides apportées par l'Etat aux régions.

La loi d'orientation du 4 février 1995 (article 81), en autorisant une région adhérente de plusieurs ententes interrégionales, à définir par convention avec chacune d'elles les compétences qu'elles peuvent exercer sur tout ou partie de son territoire, a d'ores et déjà admis que l'exercice des compétences puisse avoir une " géométrie variable ". Les formules d'appel à compétences, décrites ci-dessus, aboutissent à un même résultat. Il s'agit, par ces formules, de ne pas appliquer systématiquement des solutions uniformes à des réalités locales par définition hétérogènes.

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