Mettre fin aux derniers privilèges fiscaux de la Poste

La première consisterait à continuer dans la voie de la suppression de la fiscalité dérogatoire dont la Poste bénéficie.

Le groupe de travail ne préconise pas de la soumettre à la taxe sur les institutions financières, dans la mesure où il préconise la suppression de celle-ci. Mais dans l'hypothèse où elle serait maintenue, la Poste pourrait y être assujettie au prorata de son activité financière.

En revanche, il paraîtrait justifié de mettre progressivement fin à l'abattement de 85 % des bases de taxe foncière et de taxe professionnelle , en particulier dans les zones urbaines prospères où il n'est guère justifié. En effet, bien que la commission de l'Union européenne n'ait pas jugé que cet avantage constitue une distorsion de concurrence dans la mesure où il tend à compenser une contrainte d'aménagement du territoire, il est difficile de justifier le maintien de cet avantage fiscal dès lors que le développement des services financiers a également pour but de permettre à la Poste de faire face à cette contrainte. Par conséquent, l'abattement pourrait être supprimé "en sifflet" sur dix ans, à l'exception des zones de revitalisation rurale et des zones urbaines sensibles. Une péréquation pourrait être opérée entre les zones à fort rendement de taxe professionnelle et les autres.

Cette progression vers une fiscalité de droit commun est cohérente avec ce que le groupe de travail propose par ailleurs, et va dans le sens généralement observé dans le système financier 116( * ) .

Faire de la Poste un établissement de place

La seconde, qui serait facilitée par la filialisation des services financiers consisterait à favoriser l'octroi de crédits pour compte de tiers par les bureaux de Poste. Il ne s'agirait pas d'autoriser la Poste à proposer les prêts auxquels elle n'a pas accès actuellement (elle n'a accès à aucun, à l'exception des prêts principaux et complémentaires à l'épargne-logement). Il s'agirait au contraire de la conduire à proposer, au profit des autres établissements de crédit et contre une commission commerciale, les prêts que ces établissements financeraient et géreraient (à l'instar de l'accord signé entre la Poste et le Crédit foncier pour l'avance à taux nul).

Bien entendu, la Poste agirait en tant qu'établissement de place, ne donnerait pas de préférence à tel ou tel établissement, la redevance commerciale étant fixée par les pouvoirs publics (comme pour le livret A ou les CCP).

De cette manière, les établissements de crédit qui estiment souffrir de la concurrence du réseau postal pourront la neutraliser dans l'intérêt général .

Cette solution aurait pu être étendue aux prestations de service déjà réalisées par les services financiers de la Poste. Mais le groupe de travail n'a pas jugé cette extension réaliste, dans la mesure où les bureaux auraient naturellement tendance à favoriser la vente des produits "maison", et ce même si ce partenariat existe déjà ponctuellement 117( * ) . Ce dossier pourrait néanmoins être rouvert à échéance, lorsque la filialisation aura produit ses effets.

En revanche, le groupe de travail considère qu'il ne faut pas étendre les activités de la Poste à de nouveaux services pour son propre compte.

A la suite de la filialisation, une éventuelle subvention occulte entre le courrier et les services financiers sera rendue plus difficile. La banalisation du livret A et la suppression progressive des avantages fiscaux dérogatoires supprimeront les distorsions de concurrence. En revanche, la vente de crédits pour compte de tiers et le maintien d'une activité soutenue pour les services financiers permettront de maintenir le réseau, en limitant au maximum le coût pour l'Etat.

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