2. Maîtrise des dépenses et listes d'attente

Les travaux internationaux (et notamment les comparaisons de l'OCDE) font apparaître un niveau relativement modéré et une progression maîtrisée des dépenses de santé au Danemark.

Ainsi, selon les chiffres de l'OCDE, les dépenses de santé qui s'établissaient à 6,3 % du PIB en 1972, ont atteint 6,8 % en 1972 avant de revenir à 6,5 % en 1992. Les chiffres plus récents indiquent un taux de 6,4 % en 1996. Les chiffres équivalents pour la France sont de 6,2 % en 1972, 8,0 % en 1982 et 9,4 % en 1992 et, selon les mêmes conventions, 9,6 % en 1996.

Dépenses nationales de santé - % du PIB

 

1972

1982

1992

1995

1996

1972-1982 TCAM (%)

1982-1992 TCAM (%)

1992-1996 TCAM (%)

Allemagne

6.4

8.3

10.2

10.4

10.5

2.62

2.03

0.89

Autriche

5.4

8.0

7.5

7.9

7.9

4.08

-0.63

1.19

Belgique

4.3

7.3

8.1

8.0

7.9

5.39

0.97

-0.55

Danemark

6.3

6.8

6.6

6.4

6.4

0.78

-0.26

-0.91

Espagne

4.4

5.9

7.2

7.6

nd

2.99

2.02

nd

Finlande

6.0

6.8

9.3

7.7

7.5

1.30

3.18

-5.37

France

6.2

8.0

9.4

9.9

9.6

2.59

1.65

0.67

Grèce

3.2

3.6

4.5

5.8

5.9

1.21

2.07

7.25

Irlande

6.4

8.0

7.1

6.4

4.9

2.34

-1.24

-9.05

Italie

5.9

7.0

8.5

7.7

7.6

1.63

2.00

-2.82

Luxembourg

4.2

6.3

6.6

7.0

nd.

4.18

0.48

nd.

Pays-Bas

6.6

8.3

8.8

8.8

8.6

2.31

0.57

-0.67

Portugal

3.6

6.1

7.4

8.2

8.2

5.52

1.91

2.53

Royaume-Uni

4.7

5.8

6.9

6.9

6.9

2.14

1.84

-0.07

Suède

7.5

9.6

7.8

7.2

nd

2.53

-2.12

nd

(Source Eco Santé OCDE 1997)

a) Un réel effort de maîtrise des dépenses

La situation au Danemark est à cet égard atypique au sein des pays de l'OCDE : la part des dépenses de santé en pourcentage du PIB entre 1972 et 1996 est restée stable au Danemark (+ 0,1 point), elle a crû de 4,1 points en Allemagne, 3,7 points en France ou 2,2 points au Royaume-Uni dont le système de santé présente des caractéristiques proche du système danois.

Toutefois, cette évolution doit être assortie de trois observations.

· Cette performance doit être appréciée au regard du champ statistique retenu : toute une série d'activités, traitées par des services hospitaliers dans d'autres pays, sont du domaine social au Danemark.

Il en est ainsi principalement des dépenses en faveur des personnes âgées. Cet écart conduit le ministère de la santé à admettre que " les chiffres ne sont pas entièrement comparables ".

On peut estimer très grossièrement entre 1 et 1,5 point de PIB, les dépenses qui au Danemark correspondent au " bien-être social " et qui, dans les autres pays, relèvent des dépenses de santé.

En 1998, l'OCDE compte corriger l'hétérogénéité des comparaisons internationales dans ce domaine.

Mais, même ainsi majorées, les dépenses nationales de santé au Danemark restent par exemple nettement inférieures à celles de la France ou à l'Allemagne.

Le centre pour personnes âgées de la municipalité de Ballerup

L'action en faveur des personnes âgées qui relève au plan national du ministère des affaires sociales et donc la responsabilité et le financement incombent sur le plan local aux municipalités, est marquée par le souci de favoriser le maintien à domicile grâce à un important dispositif d'aide et de soin doublé de la mise en place de " centres de jour ". Les maisons médicalisées (nursing homes) hébergent les personnes les plus âgées ou dépendantes et comportent parfois en leur sein des unités spécialisées (sheltered units) réservées aux personnes démentes séniles.

Ainsi, la délégation a-t-elle effectué un déplacement dans la municipalité de Ballerup. Cette municipalité proche de Copenhague, dont la population s'élève à 45.000 habitants (soit sensiblement plus que la moyenne des municipalités danoises qui est de l'ordre de 18.000 habitants), dont 4.500 personnes âgées de plus de 66 ans, consacrent 54 % de son budget au " bien-être social " ; sur les 4.400 personnes employées par la mairie, 61 % sont affectés à ce secteur.

La délégation a pu ainsi visiter un centre géré par la municipalité, pour personnes âgées ou handicapées, comportant quatorze appartements dont cinq appartements de deux pièces et un de trois pièces, une unité de soins (thérapie et physiothérapie) et un café ouvert à l'ensemble des habitants âgés ou malades de la commune.

L'hébergement des personnes âgées est une obligation qui pèse sur les municipalités. Si une municipalité ne peut recueillir, dans des conditions adaptées, les personnes âgées de plus de 67 ans à l'issue d'une hospitalisation, elle doit indemniser le comté en conséquence (900 KD par jour).



·  Cette maîtrise de l'évolution des dépenses totales de santé s'est traduite partiellement par une part accrue de la prise en charge par les malades eux-mêmes .

L'évolution au Danemark telle qu'elle apparaît dans les comparaisons européennes est à rebours de celle observée dans les autres pays de l'Union européenne.

Dépenses publiques de santé - % des dépenses totales de santé

 

1972

1982

1992

1995

1996

Allemagne

76.0

78.8

78.9

78.4

78.3

Autriche

63.3

67.7

75.1

75.6

74.9

Belgique

86.4

85.9

88.9

87.8

87.7

Danemark

86.2

85.4

83.6

82.7

79.4

Espagne

67.8

79.4

78.8

78.2

76.3

Finlande

73.5

80.0

79.6

74.7

74.5

France

75.6

79.0

74.6

80.6

80.7

Grèce

58.4

91.3

76.1

75.8

82.9

Irlande

75.5

81.8

77.8

80.8

123.8

Islande

82.9

89.1

85.1

84.2

83.5

Italie

89.1

78.7

76.3

69.6

69.9

Luxembourg

nd.

93.0

92.8

92.8

nd.

Pays-Bas

70.4

76.0

77.7

77.1

77.0

Norvège

95.3

87.6

85.1

82.8

82.5

Portugal

60.0

56.2

59.6

60.5

59.8

Royaume-Uni

87.8

87.6

84.5

84.3

84.3

Suède

86.6

91.6

85.4

81.6

80.2

(Source Eco Santé OCDE 1997)

Les chiffres publiés par le ministère de la santé danois confirment cette évolution.

En millions de KD

Dépenses publiques de santé (1)

Dépenses totales de santé (2)

(1)/(2)
en %

1980

40.931

48.086

85,1

1985

41.449

49.057

84,5

1990

42.434

51.589

82,2

1995

46.111

56.282

81,9

Les dépenses de santé restant à la charge des malades recouvrent essentiellement les dépenses de médicaments et les frais de dentiste et de physiothérapie.

Ainsi, de 1980 à 1995, les dépenses totales de santé ont progressé de 17 %, les dépenses publiques de 12,6 % et les dépenses à la charge des malades de 42 %.

·  Enfin, la maîtrise des dépenses publiques de santé dans le domaine hospitalier se traduit par un certain sous-investissement et l'apparition de listes d'attente ( voir ci-dessous ) : selon la Présidente de la commission de la santé du Parlement danois rencontrée par la délégation, " les listes d'attente sont le prix de la maîtrise des coûts ".

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