ANNEXE I -
LES PRINCIPAUX ENTRETIENS DE VOTRE DÉLÉGATION10 ( * )

Entretien avec M. Kharrazi,
Ministre des affaires étrangères

- Sur la situation politique en Iran

En vingt ans, depuis l'établissement de la démocratie islamique, 22 élections se sont déroulées qui démontrent l'institutionnalisation de cette démocratie.

Nous ne pouvons que regretter les différents événements qui ont empêché de reconstruire notre pays et de favoriser le développement social : une guerre de huit années, qui nous a été imposée, suivie d'une décision d'embargo. Sans ces obstacles, nous aurions pu progresser dans le domaine économique et social. Malheureusement, la France a soutenu l'Irak et ceci reste dans nos mémoires. Cette guerre fut une grande leçon, démontrant que l'indépendance nécessite des efforts et la résistance de tout un peuple. Nous voulons, dans le respect des valeur culturelles et islamiques, mettre en place un modèle de démocratie islamique. Si nous développons une société civile et si nous améliorons la démocratie dans la société, c'est parce que le peuple le veut et non pas pour plaire au monde extérieur. Tout ce que nous voulons faire, nous le ferons dans le cadre de la démocratie islamique.

- Sur le procès des 13 juifs de Chiraz

En France comme en Iran, il y a une séparation des pouvoirs. Le pouvoir judiciaire est donc indépendant. Ce souci de justice s'applique aux juifs et aux musulmans et le Président Khatami veille au respect strict des règles.

Le pouvoir judiciaire a assuré que les accusés auraient tous les droits : celui de choisir un avocat, de voir leur famille et de bénéficier d'une liberté sous caution pour certains d'entre eux. Certaines réactions ont été perçues comme une ingérence, qui n'est pas acceptable pour nous et qui risque même de compliquer le dossier. Nous vous demandons de laisser travailler la justice et d'empêcher que ne se développent des propagandes négatives sur la question.

- Sur les relations France-Iran

Sur le plan économique, des étapes importantes dans notre relation ont été franchies. Un bonne relation suppose un bon équilibre dans tous les domaines, sans quoi elle ne peut pas être durable. Quelques problèmes persistent dans notre relation bilatérale, notamment celui des terroristes du mouvement des moudjahidines du peuple (MKO), qui résident sur le territoire français.

Par ailleurs, malgré un meilleur respect des droits de l'homme en Iran, la France continue toujours, dans le cadre de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, à Genève, de signer une résolution défavorable à notre pays. En France même, les droits de l'homme ne sont pas totalement respectés. Ainsi, les jeunes femmes musulmanes ne peuvent pas porter le voile dans les écoles.

- Sur le processus de paix au Proche-Orient

L'Iran est favorable à la paix et à l'intégrité de la région, mais qui empêche la paix ? Les Palestiniens sont bafoués par l'agression d'Israël et le problème durera tant que ces derniers ne pourront pas rentrer chez eux, qu'Israël continuera de construire des colonies et occupera Jérusalem. Il est possible que, sous la pression, les Palestiniens acceptent bientôt la paix, mais il ne doit pas s'agir de n'importe quelle paix. Le processus actuellement en cours ne permet pas de garantir les droits dans la région mais l'Iran n'a pas l'intention de l'entraver. Il se borne à ne pas le soutenir.

- Les relations avec les Etats-Unis

Quelques signes positifs sont perceptibles, qu'il s'agit de transformer en une atmosphère véritablement convenable. Les Etats-Unis doivent comprendre que les Iraniens ne supportent aucune tyrannie. Ils cherchent une relation à égalité avec tous les pays sur la base du respect mutuel et de la non-ingérence. La France peut influencer les Etats-Unis dans ce domaine.

- Les relations avec l'Afghanistan et le Pakistan

Le Président Khatami a envoyé des émissaires en Asie centrale, au Pakistan, en Arabie saoudite et a contacté les protagonistes du pouvoir afghan. Le Pakistan peut jouer un rôle clé pour régler la crise en Afghanistan, mais on ne décèle pour le moment aucune modification dans le comportement pakistanais. Le gouvernement français pourrait user de son influence sur le Pakistan pour convaincre les Talibans de négocier avec leurs adversaires. La crise pourrait alors être réglée.

S'agissant du tracé de l'oléoduc sur le territoire iranien, nous sommes désireux que les compagnies françaises interviennent dans ce sens. Ce n'est pas la Russie qui fait obstacle mais les Etats-Unis qui s'opposent à toute évolution.

* 10 La rédaction des propos, en style direct, a pour but de rendre leur lecture plus aisée et ne constitue pas un verbatim. Il convient, en outre, de prendre en compte les aléas de l'interprétation.

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