Entretien avec M. Mohammed Reza Khatami15 ( * ),
secrétaire général du parti de la participation islamique

- Sur les difficultés de M. Khatami avec la justice, comme responsable d'un journal réformateur

La démocratie fait ses premiers pas, en Iran. Il y a des obstacles sur le chemin mais ils diminuent progressivement. Auparavant, les journaux étaient fermés sans jugement. Aujourd'hui, une loi existe. Bien que nous puissions protester contre certains jugements, il revient au pouvoir judiciaire de juger d'après la loi. Il y a eu des plaintes contre mon journal. Le tribunal de la presse travaille en présence d'un jury et nous n'avons aucun souci.

- Sur les réformes prioritaires et sur une éventuelle laïcisation du régime

La mission la plus simple de la démocratie, c'est de se soumettre à l'attente du peuple et l'art du métier politique consiste à connaître les attentes auxquelles nous sommes soumis. Le premier objectif a donc été l'organisation des élections libres qui ont permis au peuple de choisir.

Notre vision de la culture est que la vie des Iraniens est étroitement mêlée à la religion. Nous pensons que si un jour le peuple veut établir un gouvernement non religieux, personne ne pourra l'en empêcher.

Sur le plan économique, nous avons beaucoup de difficultés. Les structures actuelles de l'économie ne sont pas à la mesure d'un seul parti. L'axe principal de notre programme c'est la garantie de la sécurité de l'investissement, la garantie d'une concurrence forte et la liquidation des monopoles, en particulier étatiques. Le Parlement, en votant de bonnes lois, nous aidera à jeter des bases favorables.

- Sur l'éventualité du gouvernement laïc si le peuple le souhaite

C'est la loi de la nature, on ne peut rien empêcher par la force et nous sommes obligés d'accepter cette loi. Si on la refuse, on nous obligera, par la force, à l'accepter. Toutefois, la majorité du peuple iranien ne représente pas cette tendance et une participation de 70 % des électeurs prouve qu'ils acceptent le régime. En ce moment de fêtes religieuses, vous avez pu vous rendre compte, de près, de la culture et de la mentalité iraniennes.

- Sur l'assurance de bénéficier durablement du soutien des jeunes et des femmes

Le gros de notre électorat est composé de jeunes. Nous connaissons bien leurs sentiments. L'une des priorités de notre parti est de renforcer les institutions de la société civile, y compris les associations. Pendant la campagne électorale, elles nous ont permis de faire un travail de terrain grâce au dévouement de quelque 3000 jeunes qui se sont dépensés sans compter à Téhéran sur les lieux publics.

- Sur l'acceptation par la jeunesse du rôle des Bassidjis, des Pasdarans

Les Bassidjis sont eux-mêmes des jeunes. Ils sont 5 millions. Alors, s'ils étaient contre le régime, croyez-vous que nous aurions eu ces résultats électoraux ? Ils font partie de notre électorat. Ils ont émis les mêmes votes que dans les universités. Mais il y a de l'extrémisme partout. Notre objectif est d'éviter les affrontements.

- Sur l'organisation des partis et leurs liens avec le Gouvernement

Nous avons trois ou quatre partis au niveau national. Le reste, ce sont des associations ou des syndicats, qui ont une activité politique. Notre parti est très proche du Gouvernement, mais nous saurons formuler des réserves et des critiques sérieuses, notamment sur les questions économiques ou de politique étrangère.

- Sur les futurs grands axes de la politique extérieure

Dans ce domaine, nos opinions vont dans le sens de la politique décidée par le Président de la République. Nous sommes désireux de n'avoir de relations hostiles avec quiconque. Ce qui nous paraît important, c'est la préservation des intérêts nationaux et l'égalité des droits dans les relations internationales. Dans ce contexte, l'Union européenne occupe une place importante et nous attendons une nouvelle phase de ses relations avec l'Iran dans le domaine économique et politique.

S'agissant du processus de paix au Proche-Orient, nous ne devons pas nous ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays. Chaque peuple et chaque gouvernement est le mieux à même d'apprécier ses propres intérêts, mais nous nous réservons le droit de nous expliquer sur différents dossiers internationaux, y compris le Moyen-Orient.

* 15 Frère du Président de la République.

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