Cyber-débat avec Pierre Laffitte, Sénateur des Alpes-Maritimes
Bonjour à tous et bienvenue à tous et à toutes ! Pour ce deuxième jour des Cyberdébats de la République, en direct du Sénat, nous recevons Pierre Lafitte !
Olivier : Sophia Antipolis, ça date de quand ?
En août 1969, j'ai créé l'association. Les premiers achats de terrains et les travaux d'infrastructures ont eu lieu en 1969. En 1973 la première firme (une filiale de l'IFP et d'ARMINES.
Gérard : Bonjour M. Laffitte, qu'avez-vous fait pour que Sofia devienne une place incontournable dans la high tech européenne ?
Beaucoup de contacts. Un réseau de relations à Paris et internationaux. L'appui de la presse locale (Nice matin), beaucoup de ténacité, plusieurs tours du monde, de la conviction, de la chance !
Léonardo : combien de" jeunes pousses" sont présentes à Sofia et dans le reste du sud est de la France ?
Sans doute 500, dont au moins 200 start-up à bon potentiel. Le club Sophia start-up se réunit chaque lundi.
Julien : Qu'avez vous fait chez vous (dans votre circonscription) pour la fête de l'Internet ?
Plusieurs villes sont connectées Grasse : Nice, Vence, ST Paul et à Sophia Antipolis, nous avons une fête des plantes qui met en place un serveur sur les plantes méditerranéennes.
Gérard : Vous avez fait un rapport sur les réseaux Grands Débits, pensez-vous qu'on a beaucoup avancé depuis le rapport en matière de Hauts Débits ?
Pas assez, mais j'espère qu'avec l'ADSL de France Télécom et les boucles locales radio des différents opérateurs, nous aurons plus de facilités en attendant Skybridge.
Quand allez-vous faire un nouveau rapport sur ce sujet ?
Pour le moment, je fais un rapport sur la recherche coopérative européenne. Mais nous allons bientôt débattre au Sénat sur l'utilisation d'Internet dans l'administration des logiciels libres et une proposition de loi de Pierre Laffitte, René Tregouët et Guy Cabanel.
Freddy : Que pensez vous du Wap (wireless application protocol NDLR) ?
Je regrette que cette invention française par un X de la Silicon Valley n'ait pas été créée à Sophia Antipolis, car je pense que c'est un bon standard.
Gérard : Êtes vous le plus branché des sénateurs ? Quels autres sénateurs ont aussi cette passion pour le web ?
René Trégouët, Jean Faure et beaucoup d'autres, Jean-Marie Rausch. Et une vingtaine d'autres. Je ne suis pas sûr d'être le plus branché, le plus intéressé peut-être…
Gérard : Avez vous suivi la campagne américaine et que vous inspire-t-elle au niveau Hautes Technologies ?
Je ne suis pas convaincu que le vote électronique de l'Arizona soit une novation considérable. Ce qui me frappe beaucoup plus, c'est la créativité des start-up, en France en Europe et bien sûr dans la Silicon Valley, la région de Boston et au Canada.
Zebulon : Que pensez-vous des brevets logiciels ? Comment développer des logiciels libres si l'on risque de violer des brevets sans le savoir ?
C'est un problème pour lequel je n'ai pas de solutions. Je suis a priori réticent pour les brevets sur les logiciels qui sont des œuvres de l'esprit et doivent ressortir des droits d'auteur. Beaucoup de sociétés préfèrent, cela dit, la formule de la propriété industrielle, en particulier aux États-Unis.
Henri : quelle est votre opinion sur l'ADSL, est-ce que cette technologie est française comme je l'ai lu dans quelques journaux. Si oui , sommes-nous pionniers en la matière?
Nous étions pionniers, mais nous ne sommes pas le pays où l'ADSL est le plus répandu parce que les opérateurs n'ont pas considéré que le grand débit était la priorité.
Mathieu : la France va-t-elle combler son retard en matière de connectés grâce au haut débit?
Je pense que oui. Mais pas avant deux ans.
Mathieu :Pourquoi?
Parce que les décisions viennent d'être prise. Les attributions de boucle locale radio viennent d'être décidées. Il faut du temps pour mettre en place les infrastructures.
Line : le combat des providers gratuits poussera-t-il les providers "historiques" vers la gratuité?
Je pense que de toute façon pour le moment, il faut que quelqu'un paye. Les providers historiques diminueront peut-être leurs prix. Mais ce n'est pas moi qui décide.
Klein : Vous avez un rapport avec l'ART, cette institution est-elle si fantoche qu'on le prétend ?
L'ART n'est pas du tout fantoche à mon avis. Elle fait bien son métier, mais a des pouvoirs qui ne sont pas étendus, comme toutes les institutions analogues dans le monde.
Jill : le modèle de développement français est-il comparable à ceux des voisins européens?
Il n'est pas radicalement différent. Nous avons probablement des avantages, notamment grâce à la pratique massive du minitel par la population française. La dérégulation et l'activité des divers opérateurs conduiront la France à rejoindre la place qui lui revient en télématique : une des toutes premières.
Derby : le législateur doit il "mettre son nez" dans la nouvelle économie ou doit il "laisser faire" ?
Je pense qu'il doit laisser faire, mais favoriser le développement des start-up, notamment sur le plan de la fiscalité des business angels et des investisseurs ainsi que celle des stock-options.
Genievre : croyez-vous, à l'instar de beaucoup, qu'il y a une bulle spéculative sur les jeunes pousses, et le cas échéant qu'elle risque de crever?
Des adaptations sont probables, mais globalement le phénomène Internet se développe et se développera. Je pense qu'il se pérennisera.
Louis de Banly : Le Net est-il un moyen pour la France de redorer son blason ?
Je ne suis pas d'accord avec l'expression redorer son blason. En tous cas, je ne suis pas le seul de cet avis. Newsweek titrait sur la nouvelle révolution française.
Hervé : votre rôle en tant que Sénateur n'est-il pas d'ouvrir de plus en plus de perspectives pour les jeunes entrepreneurs?
Oui, je m'y emploie. Nous avons créé un club pour aider de jeunes entreprises. Le Sénat a développé l'an dernier et cette année une mise en contact des jeunes entreprises avec les investisseurs. Je crée un réseau international qui relie des clubs de start-up, nous allons faire venir un charter d'entreprises françaises dans la Silicon Valley. Je suis convaincu que beaucoup de Sénateurs en Savoie, Rhône-Alpes, Bretagne, font un travail considérable. Mais c'est aussi le rôle du Gouvernement de comprendre que la nouvelle économie est le seul moyen de créer des emplois et une dynamique. C'est aussi une nécessité culturelle et sociale, sans oublier l'appui aux pays en développement.
Carry : pensez-vous que le câble a un avenir en matière de réseau de fournisseur Internet?
Certainement oui, en conjonction avec d'autres moyens, notamment comme tête de réseau de l'Internet satellitaire, comme backbone à grand débit.
Carry : ADSL et câble ne sont-ils pas des projets concurrentiels dans la main d'un même opérateur en la personne de France Telecom?
Je ne pense pas que tous les câblo-opérateurs soient dans la main de France Télécom, et je ne pense pas que ADSL soit la seule solution pour le grand débit car la boucle locale radio donne le même avantage bien qu'asymétrique lui aussi.
M. le Sénateur Laffite, merci, le mot de la fin.
Les cyberdébats du Sénat constituent une initiative intéressante et il faudrait les organiser de façons systématiques. Les réseaux sont en effet un peu perturbés pour la fête de l'Internet. Nous avons, au Sénat, pris des initiatives de démocratie directe lors d'examen de projets gouvernementaux permettant de recueillir des avis très larges. Il y a un chantier considérable, notamment quand les liaisons avec les collectivités seront assurés dans le cadre de la proposition de loi que j'ai mentionnée. Ceci devrait être confirmé par les internautes eux-mêmes qui sont les meilleurs juges de l'intérêt de ces débats. Merci à tous. La qualité des questions était au rendez-vous.
Canalchat : Merci au Sénateur Monsieur Pierre Laffite, merci au Sénat et à ses membres qui ont participé à cette opération dans le cadre de la fête de l'Internet 2000.