Le 16 janvier 1958, Marcelle Devaud prit la parole en séance publique lors de la discussion du projet de loi sur les institutions de l’Algérie pour défendre son amendement tendant à garantir à la femme musulmane les mêmes droits qu’à l’homme :
" C’est avec une certaine gravité, mes chers collègues, que j’aborde la défense de cet amendement et je vous demande de vouloir bien m’écouter sans que les sourires furtifs qui errent habituellement sur vos lèvres lorsqu’on parle du droit des femmes s’y dessinent aujourd’hui...
...Nous sommes à une époque où le mouvement du monde, invisiblement emporte les peuples vers une nouvelle promotion et cela très souvent par le femme, qui est levain des peuples. N’a-t-on pas dit que la nation vaut ce que vaut la femme ? (Mouvements divers au centre et à droite.)
Ne souriez pas, mes chers collègues ! Si ce n’est pas par égard pour moi, que ce soit par respect pour votre mère. (Applaudissements sur les bancs supérieurs du centre et sur divers bancs)
M. le Président. Personne ne rit, madame.
Mme Marcelle Devaud. Il est trop facile de plaisanter gaillardement sur ce sujet. N’oubliez pas que la jeunesse est essentiellement formée par la femme et que c’est la jeunesse d’aujourd’hui qui fera la France et le monde de demain. (Nouveaux applaudissements.) "
Gilberte Pierre-Brossolette se souvient : " Le débat sur l’attribution du droit de vote aux femmes fut amorcé après la première guerre... Pendant des années le Sénat a fait de l’obstruction. Ah oui, les sénateurs ont été en dessous de tout ! Si vous saviez les arguments ! Les références aux prostituées et aux bordels, les sous-entendus scabreux. "
S’exprimant sur la parité, elle déclare : " Le sexe ne devrait pas être un critère dans la composition d’une liste. Il y a quantité de femmes intelligentes et quantité d’idiotes ! En aucun cas la femme,, être humain pensant, ne doit être traitée comme une marchandise. " (Propos recueillis par Annick Cojean, Le Monde du 9 mars 2001)
Jacqueline Thome-Patenotre : Nous vivons une époque de transition qui nous achemine vers une répartition de plus en plus normale et équitable des droits des femmes et des hommes dans tous les domaines. Les femmes étant devenues des citoyennes " à part entière ", elles doivent comprendre que l’exercice des droits implique l’acceptation des devoirs. Dès lors, rien de ce qui touche à tous les problèmes qui se rattachent à ces droits ne peut leur être étranger.
" La femme moderne se doit donc de ne pas se cantonner dans des préoccupations traditionnellement féminines, mais s’intéresser autant que son époux à tous les problèmes d’ordre économique, social, politique, par exemple. C’est à la femme de démontrer que, grâce aux possibilités qui lui sont offertes, elle saura jouer un rôle éminent. " (Conférence " Pour ou contre le féminisme " le 9 février 1959 à Bruxelles).