En présence de :

- Flore LATOURNERIE, Conseillère auprès de l’Envoyé spécial du Président de la République, Ambassadrice pour les pôles et enjeux maritimes ;

- Agnès RAMPAL, Adjointe au maire de Nice et Vice-Présidente de la métropole Nice Côte d’Azur ;

- Théophile BONGARTS-LEBBE, Responsable du pôle Adaptation côtière à la Plateforme Océan et Climat (POC).

Ce webinaire, organisé par la Délégation pour les collectivités territoriales et la société civile (DCT-CIV) du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, avait pour objectif de revenir sur les attentes et réalisations de cette troisième conférence qui avait eu lieu à Nice, du 9 au 13 juin 2025, et qui faisait suite aux deux premières éditions, tenues respectivement à New York (2017) et Lisbonne (2022). M. Frédéric Cholet, Délégué pour les collectivités territoriales et la société civile, a d’abord salué la réussite de cet événement sans précédent et a annoncé le lancement prochain (au plus tard le 13 octobre) d’un appel à projet en matière d’environnement durable.

I. Intervention de Mme LATOURNERIE

- La réussite de l’UNOC3 s’inscrit dans la continuité des nombreux succès récents relatifs aux enjeux océaniques (notamment accord de l’OMC « Fish 1 » sur l’interdiction des subventions gouvernementales à la pêche illégale, entré en vigueur le 15 septembre 2025).

Chiffres-clefs de l’UNOC3

 

175 États membres des Nations Unies, 64 chefs d’État et de gouvernement, 28 responsables d’organisations onusiennes, intergouvernementales et internationales, 115 ministres, 12 000 délégués représentant plus de 90 % des zones économiques exclusives mondiales et près de 85 % du volume des ressources liées à l’Océan.

L’événement a rassemblé 1 200 participants, 350 représentants du monde entier et 50 représentants du milieu économique.

L’exposition « La Baleine » du 2 au 13 juin a réuni 130 000 visiteurs (100 000 attendus) sur quelque 10 000 m2 et 15 pavillons thématiques, avec une très importante représentation des collectivités territoriales, notamment marines.

Les engagements concrets pris par les décideurs politiques lors de la Conférence sont les suivants :

1-) Gouvernance : L’objectif des 60 ratifications nécessaires pour légiférer sur la haute mer (eaux internationales) via l’accord Biodiversity Beyond National Jurisdiction (BBNJ) a nettement été aidé par l’UNOC3 après deux ans d’attente (de 28 à 52 voix durant l’événement) et s’établit actuellement à 70 voix. Un accord entre les pays signataires entrera en vigueur le 17 janvier 2026. Ce traité régulera 50 % des océans, soit 64 % de la surface de la Terre. L’UNOC3 a été également un accélérateur pour l’accord « Fish 1 » de l’OMC permettant de contrôler les subventions publiques allant à la pêche illégale.

2-) Économie : Il s’agit d’un volet central tant le poids de l’économie bleue est important (5puissance mondiale si elle était un pays), mais peu en phase avec les enjeux environnementaux qui sont souvent contrariés par une recherche de profit déconnectée. L’objectif de cet événement était entre autres de les associer davantage et d’analyser les indicateurs de durabilité pour tendre vers une économie bleue durable et prospère. L’UNOC3 a réuni un grand nombre d’entreprises privées, notamment en provenance d’États insulaires dont l’économie repose essentiellement sur l’économie bleue.

8,7 milliards d’euros d’investissements seront engagés pour les cinq prochaines années par des philanthropes, des investisseurs privés et des banques publiques, en soutien à une économie bleue durable et régénératrice. La moitié de ces financements est issue d’acteurs réunis au sein de Philanthropists and Investors for the Ocean.

3-) Pollution : Bien que les négociations sur le traité sur la pollution plastique à Genève aient échoué, l’UNOC continue d’engager des discussions multilatérales et tente de repositionner les enjeux que pose la pollution à tous les niveaux (rivières, fleuves, mers, océans, etc.). 96 pays ont signé à Nice la déclaration Nice wake up call for an ambitious plastics treaty. Cette mobilisation massive demande l’adoption de mesures contraignantes effectives. Au niveau européen, le Pacte bleu européen devrait voir le jour pour une politique européenne commune sur les océans.

4-) Science : La volonté que la science soit au cœur de ces discussions et permette de guider les actions politiques a été communément exprimée. Le sommet scientifique en amont début juin avait réuni 2 000 scientifiques (un des trois événements spéciaux en amont de l’UNOC). Une mission d’exploration des fonds marins est notamment en prévision avec une utilisation de l’indicateur « starfish » pour contrôler l’état des océans de manière approfondie.

II. Intervention de Mme RAMPAL

- Mme RAMPAL a qualifié l’événement de « magnifique UNOC où la France a fait avancer grandement ses dossiers sur la haute mer ».

Elle a dressé un état des lieux rapide des événements spéciaux en amont de l’UNOC3, à savoir le One Ocean Congress de Nice (3-6 juin), le sommet scientifique évoqué plus haut, ainsi que le sommet sur la finance Blue Economy and Financial forum, tenu à Monaco.

- Le maire de Nice a annoncé la création, soutenue par les Nations Unies, d’une coalition réunissant des villes, des États et des régions insulaires en voie de développement.

- Le sommet de Nice s’est révélé décisif pour la prise en considération des premières conséquences de ce relèvement du trait de côte. Cette coalition créée par la Ville de Nice est présidée par le maire de Nice, Christian ESTROSI.

- Le GIEC prévoit la montée d’un mètre du niveau des eaux et, face à la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, le besoin d’investissements massifs et coordonnés se fait de plus en plus urgent.

- L’accent a été porté sur le besoin de technologies spatiales pour renforcer la surveillance (systèmes d’alerte précoces) ; la première mesure concrète s’articulera autour de l’Agence spatiale européenne (ESA) et son appel à projet pour la résilience côtière dont les financements pourraient s’établir entre 50 000 et 3 millions d’euros en fonction des projets. Le taux de financement des projets par l’ESA s’établira entre 50 % et 80 % des montants totaux.

- La création de l’organisation intergouvernementale Mercator International Center for the Ocean, soutenue par 12 États européens, a été actée lors de l’UNOC3. Son objectif est de concevoir et d’exploiter des dispositifs numériques océaniques à l’échelle mondiale, englobant la physique marine, la biogéochimie et la dynamique des écosystèmes.

- Le lancement par le CNES d’outils satellitaires au service des territoires répond partiellement au besoin de connecter tous les acteurs entre eux pour une réponse efficiente aux enjeux maritimes (données spatiales, données numériques).

- Décidé par la Commission européenne, le nouveau financement européen « Horizon Europe » allouera une enveloppe de 45 millions d’euros, qui sera répartie égalitairement (15 millions d’euros pour chacun) entre les villes, régions et petites îles. Ces 45 millions s’inscrivent dans le cadre de l’appel à projet spécifique « Horizon Nice 2025 03 », dont le budget total atteint 120 millions d’euros.

- La création d’un fonds spécifique porté par le Global Centre for Climate Mobility de 15 000 à 100 000 dollars sur des projets rapides et concrets a été actée. Ce fonds bénéficiera directement aux populations les plus menacées.

- La DCT-CIV lance un appel à projet d’un million d’euros à destination prioritaire des territoires d’outre-mer.

- Le Global Centre for Climate Change disposera d’un secrétariat général à New York et d’un secrétariat opérationnel à Nice.

- Enfin, l’idée d’un projet très ambitieux autour d’une université de la mer se confirme, dans l’objectif de former les municipalités et acteurs locaux afin de structurer la recherche maritime. 140 universités marines du monde entier se sont notamment réunies pour la première fois lors de l’UNOC3, afin d’initier l’International Marine Universities Network.

Les défis et enjeuxà Malgré l’urgence absolue, la communauté internationale n’alloue toujours pas de moyens financiers et techniques à la hauteur des besoins. Il est nécessaire de renforcer la coopération multilatérale pour l’accès à des données fiables et aux financements nécessaires, et pour élaborer une réponse coordonnée aux enjeux globaux.

Les perspectivesà La coalition continue d’élargir son réseau (350 nouvelles collectivités ont adhéré à la suite de l’UNOC3). Le lancement d’alertes précoces est indispensable, tout comme porter la voie des collectivités territoriales dans les plus hautes instances internationales. Le Maroc a proposé sa candidature pour accueillir le prochain sommet en 2026, qui portera sur l’adaptation côtière. Cette coalition représente un vrai outil pour transformer ces engagements en actions tangibles.

III. Intervention de M. BONGARTS-LEBBE

- M. BONGARTS-LEBBE a présenté succinctement la plateforme associative « Océan climat » qui contribue à la coalition et regroupe des acteurs divers pour porter un plaidoyer dans les COP (CNRS, universités, etc.).

- Il a regretté une absence de prise en compte et d’anticipation réelle des futurs changements environnementaux par les villes côtières. La prise en compte des rapports scientifique et des besoins et menaces par ces villes côtières n’a pas été efficiente et n’a donc pas permis l’adaptation de la communauté internationale aux nouveaux enjeux. Le problème demeure l’absence d’organe à l’échelle mondiale parlant d’une seule voix aux décideurs politiques.

Les acteurs sollicitésà Les comités de pilotage des groupes de travail et finances (AFD, UNESCO, commissions océaniques intergouvernementales, agences spatiales, CNES, réseaux de collectivités tels que le Fonds mondial pour le développement des villes), ainsi que les réseaux d’élus comme Cités et Gouvernements locaux unis, la Commission européenne et l’OCDE.

Les thématiques abordéesà La question de l’assurabilité des infrastructures qui seront construites en bord de mer ou encore de la gouvernance pour laquelle la France est pionnière (notamment en région Occitanie) a été abordée, de mêle que l’ingénierie et la justice sociale. L’adaptation aux transformations pourrait en effet bénéficier à certains, mais pénaliser d’autres. Aussi la Plateforme Océan Climat (POC) travaille-t-elle à élaborer un vrai projet de société.