Audition de M. François Boustani, cardiologue d’origine libanaise, chercheur-historien, auteur de l’ouvrage Liban, genèse d’une Nation singulière 

Le 15 Septembre 2020, le groupe interparlementaire d’amitié France-Liban, présidé par Mme Christine LAVARDE (Les Républicains – Hauts-de-Seine), a reçu M. François Boustani, cardiologue d’origine libanaise, auteur de l’ouvrage Liban, genèse d’une Nation singulière.  Étaient en outre présents MM. Jean-Pierre VIAL (les Républicains – Savoie), Joël GUERRIAU (Les Indépendant- République et Territoires – Loire-Atlantique), et Mme Anne-Marie BERTRAND (Les Républicains – Bouches-du-Rhône).

Dans son exposé liminaire, M. François Boustani a retracé la construction de l’identité libanaise, fruit d’une histoire riche et complexe.

L’avènement du Liban tel que nous le connaissons aujourd’hui est le résultat d’une succession de plusieurs recompositions territoriales, issues notamment des rivalités des grandes puissances européennes à l’issue de la Première Guerre mondiale et de l’effondrement de l’Empire Ottoman. Les frontières actuelles du Liban ont été définies lors de la proclamation par le général Gouraud de l’État du Grand Liban en 1920. Plus de deux décennies après l’indépendance libanaise (1943), le bilan de la guerre civile (1975-1990) s’établit à plus de 150 000 morts.

L’identité libanaise est également indissociable de la mosaïque de communautés religieuses qui la constituent : musulmans chiites et sunnites et chrétiens maronites principalement.

À l’issue de cet exposé, M. Jean-Pierre Vial a souligné l’originalité du système confessionnel libanais, qui se traduit au niveau politique par des règles institutionnelles contrevenant au modèle français « d’un homme, une voix ».

M. François Boustani a insisté sur l’importance de cette formule politique singulière, qui permet de préserver un équilibre entre les communautés religieuses.

M. Joël Guerriau a renchéri, soulignant que le Liban est le seul État du Moyen-Orient à disposer d’un président chrétien, ce qui est rendu possible par ce modèle institutionnel. Mais la corruption au sein du pouvoir politique constitue un véritable fléau.

M. François Boustani a conclu avec l’espérance que « demain ne sera pas comme hier, » en appelant notamment de ses vœux l’instauration du mariage civil, pour l’instant proscrit.

Audition du Conseil des Libanais de France (COLIF)

Puis, sous la présidence de Mme Christine LAVARDE  (Les Républicains – Hauts-de-Seine), le groupe d’amitié France-Liban a entendu M. Jérôme HAJJAR, président du COLIF, M. Rafic ABOU FADEL, vice-président, Mme Patricia KAAZAN, secrétaire générale, et le Pasteur Saïd OUJIBOU, membre d’honneur. Ont également participé à cette audition les sénateurs Jean-Pierre VIAL (Les Républicains – Savoie) et Joël GUERRIAU (Les Indépendants – République et Territoires – Loire Atlantique).

Après quelques mots introductifs, Mme Christine Lavarde, présidente, a rappelé que si le déplacement au Liban d’une délégation du groupe d’amitié prévu du 20 au 24 septembre avait dû être reporté du fait du contexte politique et sanitaire, il demeurait néanmoins d’actualité.

M. Jérôme Hajjar, président du COLIF, s’est réjoui de l’exceptionnelle qualité et de l’ancienneté des relations entre la France et le Liban, mettant en avant l’importance déterminante du rôle de la France dans le contexte critique actuel du pays, se félicitant du bon accueil réservé par les Libanais aux deux visites présidentielles françaises.

M. Rafic Abou Fadel, vice-président, a fait une description assez critique du paysage politique et géopolitique du Liban, appelant de ses vœux une intensification de la médiation française.

Mme Patricia Kaazan, secrétaire générale, a fait valoir l’urgence de réaliser un audit sur les besoins humanitaires du pays ainsi que la nécessité de sécuriser les modalités d’acheminement des aides auprès des populations les plus touchées.

Enfin, le Pasteur Saïd Oujibou s’est inquiété du sort des personnes les plus vulnérables souvent regroupées dans des logements précaires. Il a insisté sur la sous-estimation de leurs besoins matériels, notamment pour cuisiner, et demandé que les associations de proximité qui venaient en aide à ces personnes soient davantage soutenues financièrement.

À la suite de ces exposés, Mme Christine Lavarde, présidente, s’est interrogée sur les modalités d’un meilleur déploiement des aides en rappelant la nécessité  d’un soutien ciblé, en écho aux lignes dessinées dans la feuille de route du Président de la République Emmanuel Macron. Face à la « peinture sévère » de la réalité politique et économique du Liban, marquée par le clientélisme et la corruption, M. Joël Guerriau a fait valoir les bénéfices à tirer de l’aide d’experts français ou de la diaspora libanaise pour réformer en particulier le système bancaire. Suite aux propos de M. Jean-Pierre Vial sur les perspectives offertes par les prochaines élections, s’en est suivi un échange de vues sur les problématiques liées au confessionnalisme et à une éventuelle réforme électorale. A  été en particulier soulignée l’opportunité de la création d’un Sénat au Liban, l’existence d’une seconde chambre confessionnelle permettant dans la constitution libanaise de « laïciser » l’Assemblée Nationale.

Tous les intervenants ont partagé leur inquiétude quant à la forte aspiration des Libanais à quitter le pays pour la France et les États-Unis notamment. Ils ont également fait état de leur vive préoccupation concernant les difficultés que rencontrent les établissements de l’enseignement français au Liban, pays phare de la francophonie au Moyen-Orient.

La présidente du groupe d’amitié, Mme Christine Lavarde, a confirmé l’engagement résolu des sénateurs pour obtenir plus de financements auprès du gouvernement, en particulier pour les écoles catholiques, qui constituent une part non négligeable du réseau d’enseignement français au Liban.


Audition des représentants du COLIF

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