Le jeudi 6 mars 2025, sous la présidence de Mme Catherine Dumas (Les Républicains – Paris), présidente, le groupe interparlementaire d’amitié France-Corée du Sud a reçu au Sénat M. Philippe Bertoux, ambassadeur de France en République de Corée.

Étaient également présents : M. Daniel Fargeot (Union centriste – Val-d’Oise), Mme Vivette Lopez (LR – Gard) et MM. Claude Raynal (Socialiste, Écologiste et Républicain – Haute-Garonne), Hervé Reynaud (LR – Loire), David Ros (SER – Essonne), Lucien Stanzione (SER – Vaucluse) et Olivier Jacquin (SER – Meurthe-et-Moselle). 

De gauche à droite : MM. David Ros, Hervé Reynaud, Lucien Stanzione, Mme Vivette Lopez, M. Philippe Bertoux, Mme Catherine Dumas, MM. Olivier Jacquin, Claude Raynal et Daniel Fargeot.

Se félicitant de cette première rencontre avec l’ambassadeur de France en République de Corée, Mme Catherine Dumas, présidente, a souligné la régularité des échanges du groupe d’amitié avec différents acteurs coréens, dont l’ambassadeur de Corée du Sud en France.

évoquant le dernier déplacement du groupe d’amitié en Corée du Sud en 2021, et annonçant qu’une mission était prévue en 2026 pour participer aux événements de célébration des 140 ans de relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud, elle a invité l’ambassadeur à partager avec les membres du groupe d’amitié son expérience de la Corée du Sud et de la relation franco-coréenne.

Après avoir remercié le groupe d’amitié de son invitation, Philippe Bertoux a souligné que les célébrations des 140 ans de relations diplomatiques franco-coréennes représentaient une excellente occasion pour développer la diplomatie parlementaire. Le Parlement coréen attend ainsi de recevoir une délégation de parlementaires français, et espère que le Président de la République, Emmanuel Macron, s’exprimera en son sein lors d’une possible visite d’État. L’ambassadeur a toutefois fait observer quelques nuances en cours de discussion concernant cet anniversaire : alors que la France souhaite célébrer tous les aspects de la relation franco-coréenne, la Corée du Sud considère cet événement comme principalement culturel.

M. Philippe Bertoux a ensuite abordé l’action de l’ambassade de France en Corée du Sud et la présence française dans le pays. Les échanges diplomatiques sont globalement en hausse depuis dix ans, ainsi que le nombre de Français en Corée (dont beaucoup d’étudiants) et par conséquent les activités du consulat dont le renforcement était attendu. Les échanges commerciaux sont légèrement excédentaires en 2024 en faveur de la France et le « made in France » trouve sa place aussi bien au sein du marché intérieur coréen qu’incorporé dans le « made in Korea » destiné à l’export. L’objectif est aujourd’hui d’augmenter la coopération dans les secteurs de l’innovation et de la tech. L’ambassade française est la première européenne en termes de communication, en ciblant les jeunes publics par une présence dynamique sur les réseaux sociaux. 

L’ambassadeur s’est ensuite attardé sur la situation politique intérieure de la Corée du Sud à la suite de la tentative du Président Yoon Suk-yeol de proclamer la loi martiale le 3 décembre 2024 et au processus de destitution enclenché en réponse par le Parlement. La Cour constitutionnelle se prononcera très prochainement sur la motion de destitution votée par le Parlement, aussi le pays se prépare-t-il à l’organisation de nouvelles élections jugées très probables par la majorité des commentateurs

L’ambassadeur et les sénateurs ont ensuite abordé la politique extérieure de la Corée du Sud. Le pays, fortement dépendant des États-Unis, notamment sur le plan militaire, s’inquiète des conséquences de l’élection du Président Trump, qui a annoncé durant sa campagne une hausse des taxes et une remise en question des modalités du soutien militaire. Jusqu’à présent et malgré l’implication de son voisin du Nord, la Corée du Sud a limité son soutien à l’Ukraine à une assistance humanitaire et à la reconstruction. Sa relation avec l’Europe est encore très concentrée sur une poignée de pays – dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et certains États d’Europe de l’Est comme la Pologne. Les relations avec le Japon ne sont pas consensuelles : le Président Yoon prône un renforcement des liens, tandis que l’opposition y est réticente, voire hostile. La Chine suscite une réaction contrastée, le parti au pouvoir l’accusant d’ingérence électorale, tandis que les démocrates encouragent un rapprochement

Les échanges ont également porté sur la Corée du Nord. Son rapprochement avec la Russie constitue un tournant marquant et pose la question des contreparties obtenues pour l’envoi de troupes sur le front ukrainien. L’ambassadeur a noté cependant que la Corée du Nord n’avait pas souhaité saisir l’opportunité qu’aurait pu lui procurer la situation d’instabilité en Corée du Sud. La question d’un rapprochement avec les Etats-Unis restait une possibilité, mais le contexte avait profondément changé depuis la séquence de Sommets en 2018-2019. Marginalement impliquée en Corée du Nord, l’Europe y déploie une présence diplomatique réduite depuis le COVID ; la présence française est elle-même liée à une éventuelle réouverture de l’ambassade d’Allemagne, laquelle héberge le bureau français de représentation, actuellement fermé.

La discussion s’est orientée pour conclure vers des sujets de société tels que la coopération universitaire franco-coréenne, l’endettement des ménages, la natalité et la sécurité locale en temps de crise institutionnelle.

Contact :

M. Maxime REVERSAT
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