Loïc Hervé, P. Luc Pareydt, le président Dominique de Legge, Franck Menonville et Pierre Cuypers
(de gauche à droite)

Présents :

Mme Catherine Belrhiti (Les Républicains – Moselle), Mme Annick Billon (Les Républicains – Vendée), Mme Corinne Bourcier (Les Indépendants – Maine-et-Loire), M. Christian Cambon (Les Républicains – Val-de-Marne), M. Emmanuel Capus (Les Indépendants – Maine-et-Loire), M. Pierre Cuypers (Les Républicains - Seine-et-Marne), M. Roger Karoutchi (Les Républicains – Hauts-de-Seine), président du groupe d’amitié France-Israël, M. Loïc Hervé (Union Centriste – Haute-Savoie), M. Daniel Laurent (Les Républicains – Charente-Maritime), M. Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine), M. Franck Menonville (Union Centriste – Meuse), Mme Marie Mercier (Les Républicains – Saône-et-Loire) et M. Pierre-Jean Rochette (Les Républicaines – Loire).

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M. Dominique de Legge, président, a tout d’abord rappelé le parcours du P. Luc Pareydt, membre de la Société de Jésus et pendant plus de 10 ans conseiller aux affaires religieuses auprès du consul général de France à Jérusalem. Puis, il a souligné l’actualité de cette rencontre marquée d’une part par la guerre depuis le 7 octobre 2023 mais aussi par le 60e anniversaire de la déclaration Nostra Aetate du concile Vatican II qui a révolutionné la vision des relations entre le catholicisme et le judaïsme. Il a ensuite remercié de sa présence et invité M. Roger Karoutchi, Président du groupe France-Israël, à donner son éclairage.

M. Roger Karoutchi a rappelé que les relations entre le Vatican et Israël n’avait pas toujours été facile, le Saint-Siège ayant attendu 45 ans pour reconnaître l’État d’Israël. Aujourd’hui cependant les relations sont normalisées même si des difficultés patrimoniales peuvent surgir mais aucunement des menaces contre la liberté religieuse même si des agressions isolées du fait d’ultras sont à déplorer. Les chrétiens jouissent en Israël de conditions de vie bien meilleures que dans le reste du Proche et Moyen-Orient.

Le P. Luc Pareydt a rappelé le rôle singulier du consulat général à Jérusalem qui a les dimensions d’une ambassade avec près de 140 collaborateurs. La présence d’un conseiller religieux est tout aussi atypique mais s’explique par la mission unique et historique du poste à l’égard des communautés chrétiennes notamment quant à la protection de leur patrimoine garanti par des traités datant de l’époque ottomane.

Il a ensuite appelé à prendre conscience que le conflit risquait de basculer dans un conflit religieux alors qu’au préalable c’était une opposition territoriale et nationale. Il a aussi invité la France à s’engager pour la paix au regard de son histoire qui a toujours des implications bien vivantes à travers les écoles, les hôpitaux, les centres sociaux ou les accueils pour pèlerins. 22 % des enfants palestiniens sont scolarisés dans des écoles protégées par la France, à 90 % musulmans dont ceux des dirigeants du Hamas. A titre de comparaison, les chrétiens représentent moins de 2 % de la population. Ils étaient 10 à 15 % en 1948.

La diplomatie vaticane bénéficie elle-aussi de ce maillage fin au plus près de la population. Il y a notamment la Custodie de Terre Sainte animée par les frères mineurs (Franciscains) et qui a d’importantes activités sociales. En revanche, si les deux États se sont reconnus en 1993, les négociations restent ouvertes sur les sujets financiers et patrimoniaux relativement aux institutions chrétiennes qui sont justement les outils de cette influence hors norme.

M. Pierre Cuypers, Mmes Annick Billon et Catherine Belrhiti et M. Franck Menonville ont demandé au P. Pareydt d’approfondir son propos sur le caractère, selon lui, non religieux jusqu’à récemment du conflit. Le Président Karoutchi a, quant à lui, corroboré cette analyse donnant les exemples du pas qui avait été franchi par les accords d’Abraham. Mais les vidéos du 7 octobre montrant la volonté de tuer des juifs et leur caractère antisémite ont provoqué un basculement de l’opinion israélienne conduisant beaucoup à penser que la paix, dans ces conditions, était impossible. C’était d’ailleurs l’objectif des terroristes que d’interdire la paix et d’empêcher tout rapprochement avec l’Arabie-Saoudite.

Le P. Luc Pareydt a expliqué combien été différent le fondamentalisme religieux des ultraorthodoxes de Jérusalem, dont certains ne reconnaissent pas l’État d’Israël, et celui des implantations dans les territoires occupés. Le religieux se trouve ainsi embarqué dans le conflit parfois volontairement mais bien souvent involontairement. À Gaza, le Hamas a pris en otage une population globalement peu pratiquante. Il y a moins de 1 000 chrétiens dans la bande de Gaza mais 1 500 élèves dans l’école. Le religieux peut donc aussi jouer un rôle dans la coexistence pacifique et l’éveil des consciences.

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•    M. Matthieu MEISSONNIER
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